De notre envoyé spécial à Rio,

Au début, on s’est demandé ce qu’il passait par la tête de Mahiedine Mekhissi-Benabbad. A peine franchie la ligne de la finale olympique du 3.000 m steeple, le coureur français lève trois doigts, alors qu’il vient de boucler la course assez nettement en quatrième position. Et rapidement, on a compris que le Français comptait porter réclamation contre le Kényan Ezequiel Kemboy, troisième de la course, et tenter de gratter le bronze.

« Je pense que je suis troisième, affirme Mekhissi, déjà médaillé d’argent à Pékin et Londres. En milieu de course, il a coupé le virage après la rivière. Il a fait du chemin en moins, ça n’est pas du 3.000 m steeple. Dans ma tête, je l’ai alors éliminé. J’attends de voir ce que la réclamation va donner mais le règlement, c’est le règlement. »

Les deux hommes sont pourtant proches. A l’arrivée du 3.000 m steeple des JO 2012, Kemboy était tombé dans les bras de son dauphin qui l’avait ensuite affectueusement porté sur plusieurs mètres. Blessé au tendon d’Achille et forfait pour les Mondiaux 2015, le Français avait encouragé le Kényan sur Twitter.

« Même si c’est mon ami, c’est mon adversaire en course, poursuit Mekhissi-Benabbad. Qu’on soit d’accord, je préfère gagner les médailles sur le terrain. Mais aux Mondiaux 2011, je devais faire vice-champion du monde mais Kipruto m’avait gêné sans être disqualifié. Et en 2014, tout le monde sait très bien ce qu’il s’est passé (il avait perdu son titre de champion d’Europe pour avoir retiré son maillot peu avant la ligne). »

Le voilà maintenant suspendu au résultat de son appel. Lui et son éventuelle troisième médaille olympique.