JO 2016: «Il y a trois ans, j'étais nulle part», le boxeur en argent Sofiane Oumiha se raconte
JEUX OLYMPIQUES•Battu en finale par un Brésilien porté par une salle entière, le Français annonce qu’il « reviendra plus fort »…Propos recueillis par Romain Baheux
De notre envoyé spécial à Rio,
Sofiane Oumiha n’avait pas qu’un adversaire mardi. Pour sa première finale olympique, le Français de 21 ans s’est retrouvé avec le rugueux boxeur brésilien Robson Conceiçao et une salle entière dévouée à s’époumoner pour son champion. Logiquement en argent chez les -60 kg, le jeune homme est venu se raconter après le combat le plus intense de sa carrière. Semblable au mec sympa et gentil qui a touché les téléspectateurs.
Comment avez-vous pris cette ambiance hostile ?
Je rigolais avant de monter sur le ring. Quand j’y repense, je viens de nulle part. Il y a trois ans, j’étais chez moi et je rêvais d’être ici. Là, j’y suis et c’était fort. J’ai essayé de profiter au maximum. Avoir tout le public contre moi, c’était une force en plus. Aujourd’hui, je perds mais ça n’est pas grave. Je reviendrai plus fort.
La foule, c’était quand même une pression supplémentaire ?
Non, je m’étais entraîné pour. Je ne veux pas paraître prétentieux, mais ça fait trois-quatre ans que l’on travaille dur avec toute l’équipe. Si j’étais là, ça n’était pas par hasard.
Vous avez quand même été ovationné à la fin…
C’était beau. C’est ça la boxe pour moi. On se chamaille, on est adversaires et au final, on se serre la main.
Alors, vous étiez où il y a trois ans ? C’était où nulle part ?
C’était mon quartier, la Reynerie à Toulouse. Je faisais mes footings dans le quartier, on me voyait courir un peu partout. Mes amis fidèles me disaient « Sofiane, lâche pas ». Je n’ai pas lâché et aujourd’hui, je suis là. J’essaie de ne pas imaginer comment j’aurais fini sans la boxe. Ce soir, je pense que mes amis étaient devant leur télévision. Je les remercie, je suis fier de les avoir rassemblés pendant un instant.
Brahim Asloum est venu vous parler après le combat. Que vous a-t-il dit ?
Il m’a dit qu’il était fier et que je n’avais pas à rougir de ma défaite. Il a ajouté que j’étais jeune et que j’avais le temps. Lui succéder, ça aurait été un rêve. Je n’y suis pas arrivé, mais quelqu’un de l’équipe va le faire dans ces JO. C’est sûr.