JEUX OLYMPIQUESPourquoi les supporters brésiliens remuent-ils ainsi les tribunes des JO?

JO 2016: Ils sifflent, insultent et hurlent, mais pourquoi les supporters brésiliens retournent-ils les tribunes?

JEUX OLYMPIQUESIls s’emportent, hurlent, et perturbent les adversaires…
Des supporters brésiliens aux JO de Rio le 11 août 2016.
Des supporters brésiliens aux JO de Rio le 11 août 2016. - Roberto SCHMIDT / afp
Romain Baheux

Romain Baheux

De notre envoyé spécial à Rio,

« Ce public n’est pas fair-play et ne te respecte pas. J’ai ressenti sa méchanceté. S’ils viennent pour s’en prendre à l’adversaire, ils peuvent rester devant leur télé. » Traumatisé, Renaud Lavillenie. Pourri par le public brésilien lors des dernières tentatives de son concours, le perchiste a mis une partie de la perte de son titre olympique sur le comportement du public carioca. Qui le lui a rendu en pourrissant sa remise de médaille mardi soir.

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Si la résonance médiatique du cas du Français a mis en lumière le phénomène, il n’est pas apparu lundi. Depuis le début des Jeux, plusieurs adversaires des Brésiliens ont eu les oreilles qui bourdonnent. En escrime, le quart de finale de la Française Lauren Rembi a été perturbé par des sifflets, tandis que l’opposant du Français naturalisé brésilien Ghislain Perrier a eu droit à des « tu vas mourir, tu vas mourir ».

« C’était fatigant ce chauvinisme. À chaque service qu’on rate ça crie, explique le tennisman David Goffin à La Libre Belgique. Ça ne m’étonnerait pas que les coachs soient sortis du stade avec une migraine. » Et pour tout vous dire, on s’attend à un sommet du genre lors du quart des Experts contre la Seleção mercredi (15h).

Alors, on conclut que les Brésiliens sont mal élevés ? Comme Renaud Lavillenie, on pense que « s’ils voulaient cracher sur leurs adversaires, ils n’auraient pas dû organiser les JO » ? Ben non. « En réalité, c’est que l’on découvre énormément de sports dans ces Jeux, explique Braitner Moreira, journaliste au Correio Braziliense. Ma mère a découvert la semaine dernière qu’on pouvait donner des médailles pour faire du canoë-kayak. Notre culture, c’est le foot et le volley. Les gens ne connaissent que ça ? Ils agissent comme chaque week-end au stade. »

Et que je viens avec mon maillot de foot au beach-volley.
Et que je viens avec mon maillot de foot au beach-volley. - SIPANY/SIPA

Le parc olympique est ainsi parcouru chaque jour par des centaines et des centaines de Brésiliens munis du maillot de leur équipe fétiche. Comme si vous alliez mater le lancer du marteau avec votre survet de l’OM pour vous chauffer. Ça ne fait pas très culture olympique, mais il fallait s’y attendre en venant ici « En tant que tel, je n’ai rien contre les Français, les Américains ou qui que ce soit, raconte Marcos, venu avec son maillot de Botafogo. Je ne vois même pas pourquoi vous me demandez ça d’ailleurs. C’est juste qu’on tente de déstabiliser l’adversaire par tous les moyens, même si les fouilles à l’entrée nous empêchent certaines choses. Après une fois que la compétition est finie, on s’en fout. »

A la boxe, l’ovation après les sifflets

Pour preuve : hué à son entrée sur le ring où il défiait le Brésilien Robson Conceiçao en finale des -60 kg, Sofiane Oumiha a eu droit à une très jolie ovation lors de la remise de sa médaille d’argent. « Avoir tout le monde contre moi, c’était une force en plus, sourit le jeune boxeur. Leur hommage, c’est à l’image de mon sport : on se chamaille, on est adversaires et au final, on se serre la main. » A quelques mètres de là, les drapeaux d’une dizaine de clubs de foot brésiliens traînent encore dans la salle. On est prêt à parier qu’on va les revoir rapidement au bord d’un terrain de handball.