De notre envoyé spécial à Rio,

Là, tout de suite, on déteste Anthony Ervin. D’abord parce qu’il a privé Florent Manaudou de la médaille d’or sur 50 mètres nage libre vendredi, mais aussi parce qu’il a prouvé qu’on pouvait encore être champion olympique de natation à 35 ans. C’est-à-dire l’âge qu’aura son pote Michael Phelps dans quatre ans, aux JO de Tokyo. Non pas qu’on commence un peu à en avoir marre de bouffer du Phelps dans tous les sens depuis 2004, mais plutôt que vu ce qu’il met aux Français à chaque fois (cf. la finale du 4x100 mètres), on se dit que ce serait pas plus mal qu’il s’en tienne à ses plans de retraite.

Et a priori, c’est le cas. L’homme aux 23 médailles d’or a sauté du plot de départ pour la dernière fois samedi soir, à Rio. « Terminer de cette façon, c’est spécial parce que maintenant je vais pouvoir commencer un nouveau chapitre de ma vie », assurait-il après sa victoire sur le 4x100 4 nages. « C’est fini. Je ne vais pas faire quatre ans de plus. Je m’en tiens à ma parole. ». Mais permets-nous quand même de ne pas la prendre trop au sérieux. Il y a quatre ans, tu nous avais déjà fait le coup. « J’ai terminé ma carrière de la manière dont je le voulais, expliquait-il alors. Je vieillis et je trouve que c’est de plus en plus dur de récupérer. »

Lochte « convaincu qu’il sera là »

Ouais, c’est ça. Deux ans d’ennui (et une arrestation pour conduite en état d’ivresse) plus tard, Phelps réintègre l’équipe américaine. Juste ce qu’il faut pour se remettre au niveau et tout fracasser à Rio, là où d’autres n’ont jamais su revenir après une longue pause. Le « kid de Baltimore » a du mal à vivre sans la natation et peut retrouver son niveau en un clin d’œil. Alors pourquoi pas imaginer le même genre de scénario d’ici Tokyo ?

« Je peux vous garantir qu’il sera là. J’en suis convaincu. Alors Michael, je te donne rendez-vous à Tokyo » a ainsi balancé Ryan Lochte sur NBC. Pour info, Ryan Lochte a partagé la chambre de Phelps durant les quatre derniers Jeux Olympiques, autant dire qu’il connaît un peu l’asticot. La mère de Phelps elle-même a avoué qu’elle trouverait ça « génial » qu’il revienne en 2020.

Le seul à penser le contraire, c’est son coach Bob Bowman. « Je ne pense pas que ça arrivera, tempère le gourou. Il se sent trop bien actuellement, il n’en a pas besoin »

Pas plus qu’il en avait besoin avant Rio, mais il est revenu quand même. Et l’on peut imaginer qu’à l’instar du DTN de judo pour convaincre Teddy Riner de rester jusqu’à Paris 2024, sa fédération peut lui préparer un programme aux petits oignons jusqu’à Tokyo sans trop le bousculer. Histoire qu’il participe à ses cinquièmes Jeux, au moins pour la symbolique. Et le pire, c’est qu’il serait foutu d’en repartir avec une demi-huitaine de médailles d’or.