JO 2016: Vous vous emmerdez devant le rugby à 15? Alors vous adorerez le 7
RUGBY•Si le tournoi féminin vous a mis en bouche, celui des hommes débute mardi…B.V.
De notre envoyé spécial,
C’était quand même une putain d’idée de génie. Ramener le rugby aux JO via sa version à 7, c’était le meilleur moyen de donner un intérêt à cette épreuve. Hors des calendriers de malade du XV, hyper télégénique, sur un format de trois jours et joué en grande partie par des semi-pros, la compet’entre parfaitement dans les critères olympiques. Mais surtout, SURTOUT, le 7 gomme tous les défauts qui rendent le 15 chiant comme la mort aux yeux de certains. On vous explique pourquoi alors que le tournoi masculin commence mardi, au lendemain de la victoire des australiennes.
A 15, « on voit jamais un essai »
Vous trouvez que le jeu à 15 est trop fermé ? Vous en avez marre des phases finales de Top14 sans le moindre essai ? Le 7 est fait pour vous. « Ceux qui ne connaissent rien au rugby ou n’aiment pas le 15 vont se régaler devant le 7, confirme Sofiane Guitoune, réserviste aux JO et présent à la Coupe avec la bande à Saint-André en novembre dernier. C’est deux fois plus spectaculaire. Le temps de jeu est moins long (deux mi-temps de 7 minutes) mais c’est hyper intense et il y a plus d’espace, comme le terrain est aussi grand. En 14 minutes tu peux mettre 42 points alors qu’à 15 en 80 minutes c’est assez rare que tu y arrives. » La technique est hyper importance, le ballon ne s’arrête jamais, il y a plus d’essai : c’est joussif.
A 15, « on passe des heures dans les mêlées »
Alors qu’à 7, on ne les pousse même pas. « Il y en a quelques unes mais c’est très très rares qu’elles soient disputées, explique Guitoune. Si tu pousses, le talonneur n’a pas le temps de se sortir pour défendre. ». D’une manière plus globale, c’est la conquête qui est largement simplifiée. Et surtout, « elle a toujours pour but de donner sur des lancements de jeu ».
A 15, « on y comprend rien avec les règles »
Il n’y a pas de sport au monde qui ne soit régi par autant de règles que le rugby. Que l’on soit néophyte ou experts, les coups de sifflets des arbitres sont parfois dans les zones de rucks ou de mêlées sont parfois incompréhensible. L’absence de mêlées contribue à clarifier ça, quand aux zones de rucks, ils sont forcément moins fournies en corps amassés les uns sur les autres et donc plus lisibles. Regarder du 7, c’est même plutôt un bon entraînement pour bien comprendre ce secteur de jeu.
A 15, « y a que du jeu au pied »
« C’est du ping-pong rugby ». « On a trop rendu le ballon au pied ». « Il s’est débarrassé du ballon ». Avouez que celle-là, vous les avez souvent entendues. Là où le 15 est un jeu d’occupation territoriale où le pied est utile allé jouer chez l’adversaire, le 7 en est un de possession. « On m’a toujours dit que si tu joues au pied, c’est pour marquer un essai derrière, explique l’ailier Pierre-Gilles Lakafia. Avoir la balle est trop important pour la rendre comme ça. »
A 15, « ça se joue toujours entre les quatre mêmes équipes »
Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud, Angleterre, éventuellement la France quand ça veut sourire… Le renouvellement des élites n’est pas exactement le fort du rugby, qui souffre d’un vrai problème d’universalisation. Le 7 beaucoup moins : si les grandes nations sont évidemment présentes, on retrouve le Canada sur le podium chez les femmes et les Fidji ou à degré moindre le Kenya parmi les favoris chez les hommes.
A 15, « c’est que des barraques qui font des tout droits »
Le 7 joue beaucoup plus sur la vitesse que sur la puissance. « La grande différence, c’est la répétition des sprints et d’un effort maximal, explique Guitoune. A 15, tu dois faire un sprint toutes les 5 minutes. A 7, c’est toutes les 30 secondes. Faut vite repartir, enchaîner, coller au ballon. Je fais 5 kilomètres par entraînement d’une heure. C’est ce que je fais en 3 ou 4 entraînement à 15. » Du coup, depuis le début de la préparation, il a perdu 5 kilos.
« La différence, c’est que tout le monde va vite, très très vite. Contrairement au 15, où le 5 de devant est un peu plus lent. Tu ne peux pas te dire je vais jouer sur lui parce qu’il va moins vite que les autres. » A 7, on joue plutôt l’évitement que le rentre dedans. Et quand on est planqué, le jeu vit quand même. « Jouer les passes après contact sont plus faciles, poursuit le nouvel ailier du Stade Toulousain. Les défenses très ouvertes, tu joues souvent des 1 contre 1 donc il y a rarement de plaquage à deux. Du coup tu peux libérer les bras et t’amuser avec le ballon. »
A 15, « c’est les pénalités qui décident de tout »
Si c’est le dernier argument qui doit vous convaincre : les pénalités ne sont quasi jamais tapées en direction des poteaux. On joue toujours à la main ou vers la touche. A 7, c’est tout pour marquer l’essai. Quant au transformations, elles sont prises en drop. Rien que pour ça, ça vaut le coup de regarder.