JO 2016: L’argent en 4x100m nage libre, faut-il en rire ou en pleurer?
NATATION•« Elle a forcément un goût amer »…B.V.
De notre envoyé spécial à Rio,
Peut-être analyserait-on cette finale d’une manière différente si les athlètes français ne s’étaient pas vautrés lamentablement tout le week-end. Parce qu’au bout d’une nuit de natation et d’un 4x100 mètres terriblement excitant, c’est avant tout le soulagement qui l’emporte. Celui d’avoir enfin débloqué grâce à la deuxième place des relayeurs le compteur de médaille d’une délégation française proche du suicide collectif.
Ok, c’est cool, on a eu trop de mauvaises nouvelles depuis deux jours pour ne pas profiter un peu d’une médaille. Mais perdre le 4x100 mètres, bon sang, ça fait mal. D’abord parce que c’était une vraie chance d’or pour l’équipe de France, mais aussi et surtout et parce que c’est le titre le plus prestigieux de la natation et qu’il n’est plus en notre possession, nous qui étions pourtant invaincus dans l’exercice depuis quatre ans.
« On était venu pour gagner »
Il n’y a qu’à voir les visages fermés des Manaudou, Gilot ou Metella sur le podium pour saisir l’ambiguïté de la médaille. Battus d’une demi-seconde par les Américains sans qu’il y ait vraiment match, les Français ont fait une bonne course, loin devant les favoris Australiens. « On a pas à rougir, on va plus vite que l’été dernier pour être champion du monde, philosophe le capitaine Fabien Gilot, qui a d’ailleurs annoncé à demi-mots sa retraite internationale. Maintenant on est tombé sur une équipe américaine qui a été très forte. On les a battus à chaque fois depuis quatre ans et maintenant c’est à eux de nous battre. On s’est pas planté, ils ont juste été plus forts. »
Resté prostré plusieurs minutes au bord de la piscine après la course, Gilot avoue malgré tout avoir un « goût amer ». « On était venu pour gagner. On a perdu souvent à pas grand-chose, on a gagné en 2012 à pas grand-chose… là on a perdu à pas grand-chose. » Florent Manaudou en pense sûrement pas moins, mais on ne l’entendra pas, le sprinteur ayant zappé les médias en zone mixte avec une tête d’enterrement. Aucun français n’a d’ailleurs participé à la conférence de presse - obligatoire - post podium.
Bref, soirée un peu bizarre. Enfin au moins jusqu’à ce que Jérémy Stravius arrive devant les micros. « Les visages fermés ? C’était des sourires cachés, je les connais, assure-t-il. Il n’y a pas de coupable dans l’histoire. On fait une belle course, on peut être fier. Il y a de belles défaites et celle-là en est une. »
Sauf que quand on est autant habitué à gagner, c’est plus difficile à avaler.