Euro 2016 : Est-ce une bonne idée de confier notre défense à ce grand fou d’Adil Rami?
FOOTBALL•Le défenseur sévillan n’a pas toujours brillé sous le maillot tricolore…Julien Laloye
Il y a au moins un domaine dans lequel on y gagne avec Adil Rami en lieu et place de Raphaël Varane. Les conférences de presse. La classe du Madrilène nous manquera certainement sur le terrain, mais qu’est-ce qu’on va kiffer poser des questions à l’ancien lillois, dont on n’a jamais su s’il est tout à fait conscient de son pouvoir de nuisance quand on le parque dans la même pièce qu’un journaliste.
Pas plus tard que la semaine dernière, le défenseur sévillan s’était ému de son sort sur RMC en s’en prenant ouvertement Deschamps de l’avoir oublié. Cela n’a pas refroidi le sélectionneur, un peu en désespoir de cause, il faut dire. Après Rami, c’était sans doute le tour de Jean-René, 57 ans, bon pied bon œil le dimanche matin en district. Le Basque a quand même pris le temps de recadrer Rami les yeux dans les yeux.
« Oui, j’ai eu une discussion avec lui. Il y a qu’une chose qui me gêne, c’est qu’il ait pu dire que j’ai pu lui conseiller d’aller à Séville plutôt qu’à Lyon, c’est faux et il le sait très bien. Après, qu’il ait eu une impression, un sentiment… il s’est trompé parce qu’il est là. C’est vrai que ça fait trois ans qu’il n’était pas venu, mais ce n’était pas sa meilleure période en terme physique, plutôt le contraire même parce qu’il se portait bien (rires). Là, il est affûté, il réalise une très belle saison. Et puis il a quand même une expérience internationale ». Qui se résume surtout à un Euro 2012 moyennement convaincant, c’est un euphémisme. Si le Lillois s’était à peu près tenu dans un vestiaire où il fallait en faire beaucoup pour faire pire que la génération 87, sa compétition s’était terminée par une humiliation de Pedro qu’un petit malin a eu l’idée de remixer en boucle sur youtube.
En plus d’être un ambianceur de vestiaire capable de piquer la tenue de la mascotte pour fêter le titre des Nordistes en 2011, Rami a en effet le vilain défaut d’être un ambianceur de terrain. A lui les remontées de balle chevaleresques et suicidaires, les relances osées et suicidaires, les retournés acrobatiques et suicidaires. Pour résumer, avec le Sévillan, on n’est jamais à l’abri d’une déconnexion foudroyante, comme ce double petit pont infligé par un joueur de Cadiz en Coupe d’Espagne à son époque valencienne. On a retrouvé le gars, un certain Diego Martinez Macarro, aujourd’hui paumé en D3. Enjoy
« « C’était la Coupe du Roi, j’avais eu la chance de commencer les deux matchs. Franchement, je ne savais pas qui c’était avant le match, je n’ai pas fait attention. Après bon je suis un petit dribbleur et j’ai l’habitude de tenter, sur ce coup-là, ça a pas mal fonctionné. Depuis, je suis connu en Espagne pour avoir mis deux petits ponts à Rami. J’ai eu peur qu’il veuille se venger sur le ballon d’après. J’ai reçu une passe dos au but et je me suis dit « merde, il va me mettre un taquet ». Et en fait pas du tout, il a été super professionnel. Après, ce n’était pas n’importe qui non plus. On sentait que c’était le taulier de la défense de Valence. C’est lui qui relançait tous les ballons. Il tentait même quelques dribbles sur les attaquants.. Est-ce qu’il mérite sa sélection ? Ben oui, c’était il y a longtemps quand même ce petit pont. J’ai suivi sa carrière, il a bien progressé dans la conduite de balle il me semble ». »
Cela ne s’est pas toujours vu à Milan, où Rami est allé constater de lui-même le long déclin de la Série A, parfois sur le banc, parfois arrière-droit. Mais c’était « quand il était dans le trou », assure Deschamps, qui ne l’avait plus convoqué depuis l’été 2013. Cela faisait pourtant longtemps qu’Adil attendait une nouvelle chance. Dans l’Equipe, il avait promis de débarquer « comme une boule de bowling dans un jeu de quille » si on le rappelait un jour. Cela veut dire ce que ça veut dire, non ?