France-Russie: N'Golo Kanté les a tous bluffés
FOOTBALL•Le milieu de terrain de Leicester a fait des débuts tonitruands chez les Bleus...Au Stade de France, Nicolas Camus
Il y a des soirées qui marquent une vie. Le 29 mars 2016 est de celles-là pour N’Golo Kanté. Première titularisation avec l’équipe de France (après être entré à la mi-temps aux Pays-Bas), premier but sur son premier tir, le jour où il fête ses 25 ans… Ouais, elle était vraiment pas mal cette petite virée au Stade de France pour le milieu de terrain de Leicester.
Son bonheur à la fin de la rencontre faisait plaisir à voir. Une joie touchante, d’une simplicité qui crève les yeux. « Je ne pouvais pas penser que ça se passerait aussi bien, souffle-t-il devant les médias. On me l’a souhaité [de marquer pour son anniversaire] mais de là à ce que ça arrive… » C’est pourtant bien ce qu’il a fait, comme Dimitri Payet, qui a fêté ses 29 ans comme il se devait, lui aussi.
Mais réduire la performance de Kanté à ce but serait beaucoup trop réducteur. Associé à Pogba juste devant la sentinelle Diarra, il a harcelé, ratissé, relancé, encore et encore. « Il a été sans complexe, ce n’est jamais évident pour une première titularisation, loue Deschamps. Il est dans la continuité de ce qu’il fait avec son club et ce soir [mardi] c’était le niveau international. »
Lui-même doit se pincer pour y croire. N’Golo Kanté, c’est l’histoire d’un joueur qui jouait encore en PH (7e division, en Ligue régionale) en 2010. Passé par Boulogne-sur-Mer, révélé à Caen, il a explosé cette saison avec Leicester, improbable leader de Premier League à sept journées de la fin.
Chez les Bleus, Kanté s’est fait tout petit. Logique, quand on fait 1,69m, mais de toute façon c’est sa manière d’être. « C’est un petit bonhomme toujours souriant. Le groupe a tout fait pour le mettre dans les meilleures conditions », apprécie le sélectionneur. « On est un groupe où il y a une bonne ambiance, de la cohésion, donc ce n’est pas trop difficile de s’intégrer, explique Varane. Ensuite c’est lui, par sa qualité de jeu et son caractère posé, à l’écoute, qui a fait le reste. C’est magnifique ce qui lui arrive ! »
« Il est tout tranquille, mais il en récupère des ballons ! C’est incroyable », ajoute Gignac. Ça y est, le petit N’Golo est adopté. Il n’y a qu’à voir la joie des Bleus après son but pour s’en rendre compte. « Ils m’ont dit "tu t’es fait ton cadeau d’anniversaire tout seul, c’est bien !", raconte-t-il. C’est un super groupe. »
Parti comme ça, l’ancien Caennais peut voir grand pour la fin de saison. Avec son club, déjà, et puis au sein des Bleus, où il a déboulé au meilleur moment. Quand on lui demande s’il pense qu’il a une chance d’être sur la liste, le 12 mai prochain, il répond d’une petite voix : « Je ne suis sûr de rien. Je suis content de mon stage, de ce que j’ai fait. L’Euro, c’est autre chose. Il y a encore du temps, on verra bien ».
« Côtoyer des grands joueurs, ça encourage à faire mieux, toujours »
Il est vrai que réussir ses débuts en équipe de France n’est pas une garantie. Les deux derniers joueurs à avoir marqué pour leur première titularisation, c’étaient Capoue et Jallet en 2012. Mais quelque chose nous dit qu’il y a une place pour lui.
« Côtoyer des grands joueurs, apprendre, c’est une belle expérience. Ça encourage à faire mieux, toujours, retient-il de ces dix jours. J’apprends encore. Il faut que je travaille encore pour arriver à leur niveau. » Ça tombe bien, on connaît un prof tout indiqué pour donner des cours particuliers.