On y est. Cela fait deux ans, depuisla fin du Mondial brésilien, que la France du foot a l’Euro 2016 en tête. Un championnat d’Europe à domicile, où les Bleus se doivent de réussir. Deux ans rythmés par des matchs amicaux - « même-s’il-n’y-a-jamais-de-matchs-sans-enjeux-quand-on-porte-le-maillot-de-l’équipe-de-France » -, des victoires (10, dont des sympas contre l’Allemagne, l’Espagne ou le Portugal), des défaites (4, dont une vilaine en Albanie), des joueurs qui se blessent, qui changent de clubs, qui sont embourbés dans des histoires extra-sportives, qui sont marqués par une Marseillaise inoubliable à Wembley.

Bref, deux ans de la vie tout sauf ordinaire de footballeurs pro qui nous amènent à ces matchs face aux Pays-Bas vendredi et à la Russie mardi, dernières étapes avant de savoir qui aura le privilège de le jouer, cet Euro. Evidemment, leur intérêt est immense.

« C’est le dernier rassemblement avant la compétition, il y a un peu plus d’effervescence, d’attente de la part des joueurs », dit le sélectionneur. Et pas que de leur part, Didier. Car si ces deux années ont permis l’éclosion de jeunes pousses prometteuses, les interrogations sont peut-être plus nombreuses qu’avant la Coupe du monde.

Qui avec Varane dans l’axe ?

Mamadou Sakho a longtemps eu la préférence de Deschamps, mais les choses ont changé. Entre blessures et matchs moyens, l’ancien Parisien s’est transformé en intermittent du spectacle à Liverpool, même si ça va mieux depuis que Klopp est arrivé. Pendant ce temps-là, Laurent Koscielny est devenu l’un des meilleurs défenseurs de Premier League. Le numéro 1, même, pour deux anciens qui s’y connaissent pas trop mal en foot anglais : Titi Henry et Rio Ferdinand.

Aucun des deux n’est sélectionneur des Bleus, certes. Mais Koscielny a été titularisé cinq fois lors de l’année écoulée. Si c’est encore le cas face aux Pays-Bas, on est prêt à parier gros qu’il le sera aussi le 10 juin pour le match d’ouverture contre la Roumanie.

Le plan B sans Benzema, c’est quoi ?

On saura le 15 avril s’il faudra l’activer ou pas. Mais ce n’est pas à Deschamps, aka l’homme le plus prévoyant de la planète, que l’on va apprendre qu’il vaudrait mieux en avoir un sous le coude. Et puis, ça peut servir pendant l’Euro en cas de pépin. Gignac postule si une place se libère dans la liste, pour le terrain Giroud est là. Titulaire face à l’Allemagne et au Danemark fin 2015, le Gunner avait montré une belle complicité avec Martial et Griezmann et inscrit trois buts, dont deux sur des offrandes du Mancunien. Problème, il n’arrive plus à se souvenir où se trouvent les buts adverses depuis début 2016…

D’autres options sont également possibles. Martial et Griezmann peuvent évoluer en pointe, libérant une place sur les côtés où les prétendants ont poussé comme des champignons. Coman, Payet, Ben Arfa, Dembélé (??), Deschamps a du choix. Mais peu de temps pour les tester. « Ceux qui sont là et auront du temps de jeu, il faut qu’ils en profitent, ils ont tout à gagner. Je veux avoir anticipé et avoir en toutes circonstances un plan B, voire C. » Ah, on se disait aussi.

Diarra, pas trop cramé ?

Que serait devenu l’OM sans Lass Diarra cette saison ? On sait, ce n’est pas avec ce genre de question qu’on fera avancer la France, mais on peut quand même dire que si Labrune ne l’avait pas convaincu de venir se relancer à Marseille, la zone de relégation serait bien plus proche qu’elle ne l’est déjà pour son équipe. Même avec Steve Yachine Mandanda.

Epatant pour son retour en France après une saison entière sans jouer, l’homme qui a marché tout seul sur la triplette Matuidi-Verratti-Motta marque un poil le pas en cette deuxième partie de saison. Il a joué 28 matchs cette saison, ce n’est pas le total le plus imposant des Bleus mais c’est déjà plus qu’entre juillet 2013 et juillet 2015. L’équipe de France aura besoin de lui frais et dispo en juin. Et s’il pouvait donner quelques garanties dès maintenant, on est preneur.

Un arrière droit fiable ? Non, personne ?

Honnêtement, si on était DD, on hésiterait beaucoup sur notre choix en attaque. Au poste d’arrière droit aussi… mais pour la raison inverse. Là, c’est le désert. Ce n’est pas parce que Sagna est titulaire à City qu’il s’est acheté un impact offensif. Debuchy, lassé du banc à Arsenal, est venu tenter une relance plat du pied sécurité chez les flamboyants Bordelais. Blessé depuis un mois, son pari n’est vraiment pas gagné. Du coup le bon Christophe Jallet est là. Parce que… parce que… parce que derrière lui c’est Corchia et que c’est non. Et puis c’est à peu près tout. Allez, puisqu’il le faut, on est presque prêt à s’enflammer à chaque foulée de Bacary dans le camp adverse.

Une place pour Payet ?

Pour le joueur de West Ham, comme pour Ben Arfa par exemple, il y a le terrain et il y a le reste. C’est sur ces deux aspects qu’il va devoir trouver sa place. Non pas que Payet soit un mauvais bougre, mais Deschamps attache beaucoup d’importance à l’investissement, au fameux « respect du collectif », que l’on soit titulaire ou pas. Certains ont plus de mal à faire semblant que d’autres… Etre enfin à la hauteur de ses performances en club et faire tourner les serviettes lors des dîners à Clairefontaine, voilà la mission de Payet sur ces deux matchs. L’une est quand même plus facile à remplir que l’autre. Ça tombe bien, c’est celle qui compte le plus.

Valbuena, pas qu’une histoire hors-terrain ?

Oublié volontairement par le sélectionneur en novembre pour le protéger, Valbuena n’est toujours pas revenu. La faute à une blessure, cette fois. Problème, sa saison avec Lyon est moyenne et l’OL se porte bien mieux depuis qu’il est à l’infirmerie. Hasard ou coïncidence, peu importe, le fait est que le milieu va devoir cravacher pour retrouver sa place dans le onze lyonnais. S’il n’y parvient pas, on voit mal comment son ancien coach à l’OM pourrait l’inclure dans LA liste du 12 mai, malgré toute l’estime qu’il lui porte pour services rendus à la nation. Surtout si ceux qui jouent vendredi et mardi sautent sur l’occasion.

Digne, c’est mieux que Kurzawa ?

Ce n’est pas qu’on n’aime pas Lucas Digne, mais on a moins eu l’occasion de le voir à l’œuvre que Kurzawa cette saison. « Vous peut-être, mais pas moi », répondrait DD. Il n’empêche, le second s’est montré très à son aise lorsque Blanc a fait appel à lui avec le PSG. Quatre buts et deux passes en 15 matchs, pas mal pour un latéral. Sans compter la - bonne - impression générale laissée à chaque fois. Bon, 38 rencontres dont 8 de Ligue des champions (le bilan de Digne à la Roma), c’est bien aussi, il faut avouer. Prime à l’expérience, donc, pour le moment, pour titiller le bon Pat Evra sur la gauche de la défense.

« Lucas a retrouvé le plaisir de jouer régulièrement, ce qui n’était pas le cas au PSG. Il a retrouvé de la confiance, le rythme, dit de lui Deschamps. Sur l’aspect défensif, en étant en Italie, il ne peut que progresser. C’est un bon choix sportif pour lui, il joue dans une équipe qui joue dans le haut du tableau, ça ajoute des atouts de son côté. » Ce genre de frappe aussi.