France-Italie: Bluffeur, chasseur, protecteur, (un peu) dictateur, on vous présente Guy Novès
RUGBY•Le nouveau sélectionneur des Bleus est un homme de caractère…Julien Laloye avec Romain Baheux
Bientôt, on ne parlera plus de lui que pour en dire du mal, à moins que le rugby français n’arrive à sortir d’un coup du puits de médiocrité dans lequel il est tombé depuis quatre ans. Mais pour l’instant, la seule star de ce tournoi des Vi Nations qui s’annonce, c’est Guy Novès. 20 Minutes a appelé Philippe Rougé-Thomas, l’un de ses plus fidèles compagnons de route des années toulousaines, pour mieux cerner le personnage.
Rugby - Guy Noves - La Fureur de Vivre
Guy Novès le chasseur
Moyennement friand des obligations attenantes à son nouveau poste, Guy Novès avait pris l’Eurostar en traînant des pieds pour assister à la présentation officielle du tournoi à Londres à la fin janvier. Son visage s’est éclairé quand il a pu causer chasse avec Vern Cotter, son homologue écossais. « Il adore ça, chasser le perdreau, le gibier. Il est inépuisable, il continue encore de courir alors que les chiens peuvent être fatigués. Son ancien chien, il l’adorait, il en était très proche », confie Rougé-Thomas.
A Toulouse, entre deux entraînements, il lui arrivait même d’aller débusquer le lapin prêt des Sept Deniers avec sa carabine. « Je chassais avant et parfois même après les matches sur le terrain du Stade toulousain. Une fois, je me suis retrouvé les mains en l’air avec des pétards sur la tête : c’était la BAC ». Depuis qu’il est sélectionneur, Novès a dû décliner une sortie avec les copains en Sologne. Ce qui ne l’empêche pas d’être passé maître dans l’art de tirer à vue. Fabien Galthié peut témoigner.
Novès le bluffeur
Dans ce sport de gens bien élevés où l’on donne sa composition deux jours avant le match en toute transparence, le sélectionneur des Bleus détonne un peu. Lui bluffait déjà quand il était prof de sport au collège du Bois de la Barthe, à Pibrac. L’anecdote est à découvrir dans l’excellent portrait du magazine Tampon dédié à Novès. Gabernet, un copain, l’accuse gentiment d’avoir triché sur quelques licences pour remporter un match contre le collège rival. Guitou continue à nier: « Au début, on a rigolé, mais à la fin ça a commencé à m’énerver ».
« On dit "Coucou" a Luke Mc Alister ! #legrandbluffavecunechaussurenoire — Wilfried Templier (@WilTemplier) 5 Avril 2014 »
La suite a prouvé que l’entraîneur le plus titré du rugby français aimait bien jouer avec la règle. Elissalde annoncé forfait pour la finale contre Clermont en 2009 ? Il est titulaire le samedi. Pareil avec McAlister en 2012 face à Toulon. « C’est un chasseur donc il sait ruser pour attraper sa proie, lui tendre des pièges pour arriver à ses fins, rigole Rougé-Thomas. Le mieux, c’est qu’au bout d’un moment il disait la vérité et les mecs ne le croyaient plus et s’adaptaient à l’inverse. Alors qu’il comptait vraiment faire ça ! »
Novès le protecteur
Il n’a jamais eu à s’habituer aux défaites alors c’est un peu plus facile de s’y tenir, mais jamais Guy Novès ne s’est laissé aller à flinguer un joueur en public. Quand il a un reproche à faire à quelqu’un, ça se passe dans l’intimité du vestiaire. Avec lui, peu de risques d’une sortie à la Saint-André « sur les starlettes » du XV de France. Le manager des Bleus est du genre papa Ours avec les siens.
Guy Novès à Murrayfield en 2005
« Il est très protecteur avec ses proches, la famille est quelque chose d’important à ses yeux, confirme Rougé-Thomas. Pour ses proches, il peut traverser la planète si jamais il y a un problème. Il est très protecteur avec ce qui compte pour lui. Il faisait ça avec le stade toulousain, il le fera avec le XV de France ». Jusqu’à se faire arrêter par des « bobbies » pour voir voulu faire rentrer un dirigeant sur la pelouse lors de la finale de la H Cup en 2005. Novès en sera quitte pour un bon quart d’heure de « détention » dans les couloirs du stade avant de pouvoir ressortir fêter le titre avec ses joueurs.
Novès le (petit) dictateur
Le caractère du Toulousain est raccord avec la situation d’un rugby français au 36e dessous. Avec lui pas de blagounettes en conf’de presse ou des compliments à la pelle pour ses joueurs. L’intéressé reconnaît lui-même que « son caractère, sa façon de faire, ses attitudes donnent l’impression qu’il y a une très grande autorité ». De l’autorité, certes, mais pas du despotisme, précise Rougé-Thomas. « Il est dur, si être dur c’est dire la vérité. Il ne va pas raconter des histoires aux jeunes, il va leur dire la vérité pour les faire progresser et les amener au plus haut niveau ».
Pour l’instant, il les fait surtout flipper, à vrai dire. Il suffit d’écouter Jonthan Danty, passé par le parloir cette semaine. « Il y a du respect. S’il est intimidant ? Exactement. Moi qui suis de nature à beaucoup rire, sourire, je dois faire en sorte de me contenir pour ne pas qu’il m’ait à l’œil. Pour instant je ne me permets pas de blagues ». Avant le premier match, c’est risqué.