Dopage de l’athlétisme: Ce que l’on a appris de la publication du deuxième rapport de l’AMA (et c’est décevant)
ATHLETISME•Il n’y a pas de nouvelles révélations à tomber de l’armoire dans le deuxième rapport de l’Agence Mondiale antidopage (AMA) publié ce jeudi…B.V.
On ne va pas se mentir, quand Dick Pound avait teasé le truc à base de « révélations sidérantes » et de « scandale plus gros que la Fifa », on s’attendait à un peu mieux. Ce jeudi, l’Agence Mondiale antidopage (AMA) et son président ont rendu public le deuxième volet de leur rapport sur le dopage, trois mois après le premier qui avait chamboulé la Russie et le monde de l’athlétisme en général. Sans qu’il n’en ressorte quelque chose de fracassant. 20 Minutes fait le point.
La corruption « partie intégrante » de l’IAAF
Ce rapport cherche avant tout à accabler la Fédération internationale d’athlétisme. « La corruption était partie intégrante de l’IAAF et ne peut être attribuée seulement à quelques brebis galeuses agissant de façon isolée » explique l’AMA, précisant que les « dirigeants de la Fédération ne pouvaient ignorer l’ampleur du dopage » touchant son sport. Il est ainsi reproché aux dirigeants d’avoir « couvert » les affaires de dopage impliquant des athlètes russes. Une responsabilité qu’avait déjà établie la commission d’enquête dans son premier rapport. Bref, rien de bien nouveau.
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Le clan Diack largement visé
Au sommet de l’IAAF pendant des années, le Sénégalais Lamine Diack est l’une des principales cibles de ce rapport. Déjà mis en examen pour « corruption et blanchiment » par la justice française, il est soupçonné (entre autres) d’avoir reçu un million d’euros dans le cadre d’un système de chantage organisé où des athlètes, russes et autres, étaient rançonnés en échange de la non-révélation de leurs contrôles antidopage positifs. Il est la pierre angulaire du système frauduleux et « népotique » de l’IAAF.
« RED NOTICE : Papa Massata Diack, wanted by France on bribery, money-laundering & corruption charges #WADAReport #NEWS pic.twitter.com/QQVl2jGL93 — INTERPOL (@INTERPOL_HQ) January 14, 2016 »
Car deux de ses fils, Papa Massaka et Khalil, longtemps employés, sont eux aussi très largement cités par le rapport. Le premier, déjà suspendu à vie par l’IAAF, fait aussi l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par Interpol, depuis le 17 décembre. Son frère Khalil est lui impliqué dans le chantage à l’encontre de l’athlète turque Asli Alptekin.
L’ambigüité Sebastian Coe
Vient ensuite la question Sebastian Coe. Longtemps vice-président de l’IAAF sous l’ère Diack, dont il a pris la succession en août dernier, l’Anglais n’a pas été directement visé par le rapport. La corruption était donc « partie intégrante de l’IAAF », sauf pour l’ancien vice-président et actuel président ? « Si Coe avait été au courant de la corruption, il serait intervenu », répond Dick Pound, le président de la commission, assurant « qu’il n’imaginait personne qui pourrait mieux » reformé l’IAAF que l’Anglais. « L’IAAF dispose d’une occasion formidable, poursuit-il. Il faut qu’elle s’en saisisse sous la houlette de quelqu’un de ferme car l’IAAF doit retrouver sa réputation. »
Le 8 janvier, dans un entretien au Times, Pound avait pourtant été moins clément avec Coe, « Coe et Bubka [adversaire malheureux de Coe pour la présidence] ont eu l’occasion il y a bien longtemps de s’emparer des problèmes. »
Et le Kenya ?
La Fédération kenyane a dû respirer un grand coup ce jeudi après-midi. Alors qu’on annonçait de nombreuses révélations sur les athlètes du meilleur pays des derniers mondiaux d’athlétisme, le rapport a finalement évité le problème. « Nous savons qu’il y a un problème, a lancé Pound, mais nous n’avons pas enquêté sur le Kenya, cela ne faisait pas partie de notre mandat. Il pourrait y avoir une autre commission d’enquête indépendante pour jeter un œil au Kenya, une fois que la fumée se sera dissipée mais nous n’avons pas été autorisés à aller plus loin sur ce dossier », a expliqué le Canadien, reconnaissant n’avoir trouvé « rien de très suspect » pour l’instant.