Ligue 1 : Pourquoi il n’y a rien de mieux qu’un match de foot sous la neige
FOOTBALL•Et si la météo nous offrait un peu de spectacle ce week-end…Julien Laloye
Un match de foot sous une tempête de neige, c’est à la fois la nostalgie de l’enfance et celle d’un monde où les choses étaient à leur place : il faisait froid l’hiver, le parti socialiste était de gauche, l’OM était un club de foot, et on pouvait polluer tranquille en écoutant Claude Allègre nous raconter que le réchauffement climatique, c’était de la foutaise. Depuis, on s’est fait à l’idée qu’un jour il ne neigerait plus que sur le Mont-Blanc. Bref, qu’il faut en profiter pendant qu’il en est encore temps. Cela tombe bien, on annonce de la neige sur la L1 ce week-end. On vous explique pourquoi on adore ça.
Parce que les joueurs de L1 ont (enfin) une excuse pour être nuls
Kodji Nakata n’est pas resté assez longtemps à Marseille pour mesurer sa popularité dans l’Hexagone. Depuis cette passe dans le vide de légende à Saint-Etienne, en 2005, le Japonais incarne à lui seul les joies d’une pelouse enneigée pour le spectateur. « On ne l’a pas vu sur le coup mais on a compris après avec les ralentis les proportions que ça prenait, se rappelle Steve Marlet, son ancien coéquipier. On l’a un peu chambré mais c’était un mec très respectueux et très gentil, je pense qu’il l’a bien pris. « Ça a dû être son seul match sous la neige à lui, rigole encore Nicolas Marin dans le camp d’en face. Mais bon ça aurait pu nous arriver à tous »
Car si l’affaire est une bonne marrade quand on regarde, il en va autrement quand on y joue. « On a froid, on a les pieds trempés, on a la neige qui tombe sur les yeux donc on ne voit rien, il n’y a aucun plaisir », tranche Romain Rocchi, habitué des conditions extrêmes à Metz. Marlet confirme « On n’a aucun appui, il faut se cramponner comme on peut, personne n’aime jouer sous la neige, encore moins le dimanche soir sur Canal ». Même si c’est l’occasion pour la L1 d’assumer son niveau technique faiblard.
Parce que ça joue avec le ballon orange
Sur Fifa 16 et tous ceux d’avant, c’est ce qu'on change en premier dans les paramètres de jeu. Le ballon orange, sacrebleu. Cela doit être une histoire de psychologie : « L’orange représente le besoin de stimulations sensorielles et d’éprouver des émotions », résume un site de chromathérapie consulté au hasard. Notons que les acteurs ne partagent pas forcément cet enthousiasme. « C’est vrai qu’il était beau à regarder ce ballon, mais quand on tape dedans c’est autre chose, détaille Nicolas Marin. Je ne sais pas si c’est parce qu’on a les pieds congelés à cause du froid, mais j’ai le souvenir d’un truc dur comme de la pierre ».
On a envie d’y être, franchement ?
Un truc dur comme de la pierre qui a le mérite d’être repérable entre les flocons. Ceux qui se souviennent d’un Metz-Nice dantesque l’an passé n’ont pas oublié ce ballon jaune littéralement invisible à plus de trois mètres. Le club lorrain avait bien proposé de le changer par un orangé comme au bon vieux temps, mais il n’était pas de la bonne marque. Foutus sponsors.
Parce que l’un veut arrêter et l’autre continuer
Quand la neige tombe sans prévenir sur une pelouse de L1, deux écoles s’affrontent : celles de l’équipe qui gagne et celle de l’équipe qui perd. Devinez laquelle tient à tout prix à ce que le match soit interrompu pour recommencer à 0-0 ? En 1995, Metz, mené 2-1 par l’OL chez lui, avait réussi un coup comme on n’en fait plus. Manuel Amoros au récit : « Les souffleuses marchaient très bien, c’est juste qu’à la mi-temps elles ont soit-disant disparu. On demandait à Molinari (le président de Metz, ndlr), et il répondait « Elles ne marchent plus, elles ne marchent plus » c’était incroyable. Pourtant on était deuxièmes cette année-là on n’avait pas envie que ça s’arrête ! »
Le fin mot de l’histoire ? Les Messins avaient planqué en douce le matériel dans un cabanon loin du stade avant de renvoyer chez lui le personnel compétent. Les Stéphanois ont été moins machiavéliques il y a deux ans contre Montpellier. Mais le banc de touche avait participé à l’effort de guerre armé d’un gant et d’une pelle pour dégager le terrain avant les 45 minutes réglementaires qui doivent s’écouler pour que le match soit finalement reporté.
Parce que jouer à Saint-Etienne ou à Sochaux, ça mérite une récompense
Sans faire le snobinard parigo de base, il faut du courage pour jouer dans une ville aux températures sibériennes où l’on croise des ours blancs l’hiver quand on va chercher des bûches pour la cheminée du salon. Il est donc normal que Saint-Etienne, Metz, ou Sochaux grattent quelques points à des adversaires frileux à l’heure des grands froids. D’ailleurs, de mémoire de trentenaire, les Verts ont toujours gagné sous la neige. Enfin presque.
« On avait perdu à Strasbourg en Coupe de la Ligue une fois je crois, nous apprend Nicolas Marin. Ils avaient insisté pour jouer malgré les conditions. Il ne faut pas croire qu’on est plus préparé que les autres. Quand le climat était trop rude, on s’entraînait à l’intérieur ». Le Messin Rocchi abonde : « Décembre-janvier, février, c’était là où on perdait le plus de points. On peut marquer sur un coup de chance, mais essayez de vous créer une occasion quand vous ne voyez même pas vos coéquipiers ». Au moins un problème qui ne se posera pas au Qatar en 2022.