Dopage dans l'athlé: L'AMA promet de nouvelles révélations et «un scandale plus gros que celui de la Fifa»
ATHLETISME•Le Kenya pourrait prendre aussi cher que la Russie. Et Sebastien Coe aussi...Bertrand Volpilhac
Deux mois après son rapport choc sur le «dopage organisé» dans l'athlétisme russe, la commission d'enquête indépendante de l'Agence mondiale antidopage (AMA) promet d'autres révélations «sidérantes» jeudi à Munich (Allemagne), avec en ligne de mire «certaines ordures» de la Fédération internationale et un pays comme le Kenya. Fin novembre Dick Pound, président de cette commission, avait annoncé la couleur: «Il y aura un effet de sidération, je pense que les gens se demanderont comment cela a pu être possible».
« Il faut voir comment certaines de ces ordures ont agi, (...) rarement j'ai vu des présidents de fédération sportives aussi impliqués dans la corruption », a ajouté le Canadien le 8 janvier, parlant d'un scandale « pire » que celui du football et la Fifa: « Il y a moins de zéros en jeu, mais cela affecte directement les résultats sportifs ».
Diack dans de sales draps
Président pendant 15 ans de l'IAAF, jusqu'en août dernier, Lamine Diack, 82 ans, sera très vraisemblablement mentionné jeudi à Munich. De source proche du dossier, le « Mr Propre » de l'AMA et ses deux assesseurs devraient demander la radiation à vie du Sénégalais, déjà doublement mis en examen par la justice française: pour corruption passive et blanchiment aggravé, et pour corruption.
Le patriarche est soupçonné d'avoir reçu un million d'euros dans le cadre d'un système de chantage organisé où des athlètes, russes et autres, étaient rançonnés en échange de la non révélation de leurs contrôles antidopage positifs. Un système dans lequel aurait trempé son propre fils, Papa Massata Diack, radié à vie par l'IAAF le 7 janvier en compagnie de Valentin Balakhnichev, ancien trésorier de l'IAAF et ex-président de la Fédération russe d'athlétisme, et Alexei Melnikov, ex-entraîneur de l'équipe de marche de Russie.
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Sebastian Coe aussi visé?
Jeudi, les accusations contre Lamine Diack et son fils pourraient aussi venir de la justice française. Juste après la conférence de presse de l'AMA, c'est en effet Eliane Houlette, patronne du parquet national financier français, qui s'est invitée à Munich pour faire le point sur l'enquête française. Parmi ces « ordures » de l'IAAF, Dick Pound visait-il aussi Sebastian Coe, le successeur de Diack, élu en août face à Serguei Bubka ?
Dans un réquisitoire au Times, le 8 janvier, le Canadien n'épargnait pas le double champion olympique du 1500 m (1980 et 1984) et la légende de la perche ukrainienne, ex-vice présidents de l'IAAF: « Coe et Bubka étaient là. (...) Et ils ont eu l'occasion il y a bien longtemps de s'emparer des problèmes », avait alors accusé l'ancien président de l'AMA, ironisant sur "une organisation du XXIe siècle gouvernée comme au XIXe siècle.
Le Kenya après la Russie
Dévoilés mercredi par l'agence Associated Press, des courriels et des lettres de 2009 à la Fédération de Russie prouvent que l'IAAF connaissaient l'ampleur du dopage chez les athlètes russes, au point pour certains de « mettre leur vie en danger ». « Le problème est simple », a rétorqué Sébastian Coe mercredi, auprès de CNN et Sky, à Londres: « Tous les résultats (sanguins) anormaux ont-ils été étudiés ? Oui ! Des sanctions ont-elles été prises et rendues publiques ? Oui ! Y-a-t-il eu dissimulation ? Non », a-t-il martelé.
Si le premier rapport de la commission d'enquête de l'AMA, le 9 novembre, avait exclusivement visé l'athlétisme russe, parlant alors d'«une culture profondément enracinée de la tricherie» et d'«une mentalité fondamentalement dévoyée profondément inscrite chez tous les athlètes russes», c'est le Kenya qui pourrait aussi être dans le collimateur jeudi.
« Il est clair qu'il y un problème au Kenya », a ainsi lâché Dick Pound le 7 janvier au quotidien japonais Yomiuri Shimbun.
Concrètement, la commission de l'AMA va présenter jeudi ses conclusions sur une base de données de 12.000 échantillons sanguins prélevés par l'IAAF entre 2001 et 2012 sur 5000 athlètes. Ces mêmes tests sanguins à partir desquels la chaîne allemande ARD et le Sunday Times britannique avaient affirmé en août, juste avant les Mondiaux de Pékin, qu'un tiers des 146 médaillés aux jeux Olympiques et aux championnats du monde sur cette période 2001-2012 présentaient des «résultats suspicieux». Et parmi eux 18 Kényans.