Biathlon: Comment Martin Fourcade fait-il pour marcher sur tout le monde ?
BIATHLON•Le Français a remporté le sprint et la poursuite de la première étape de Coupe du monde, ce week-end...Nicolas Camus
On les imagine, Tarje Boe, Simon Shempp, Anton Shipulin et Emil Svendsen, se donner rendez-vous un matin d’octobre au pied de Notre-Dame-de-la-Carabine (sûrement en Norvège…) pour prier. Oui, prier, afin que la saison à venir de biathlon ne voie pas, encore, Martin Fourcade remporter une 5e victoire de suite au général de la Coupe du monde. Il va falloir qu’ils y retournent. Après le premier week-end de compétition à Östersund, le Français porte déjà le maillot jaune de leader grâce à ses deux victoires en sprint et en poursuite. Mais comment fait-il pour rouler ainsi sur tout le monde ? 20 Minutes a analysé le phénomène de manière mathématique. Avec la dose de doigt mouillé réglementaire, bien sûr.
Le talent : 50 %
Le talent de Martin, son aisance sur les skis, sa capacité à surmonter la pression, c’est son grand frère Simon qui en parle le mieux. Lui qui a toujours bossé comme un acharné a souvent raconté à quel point il avait eu du mal à accepter que son cadet lui passe devant sans jamais donner l’impression de forcer. Une réussite « si facile que c’en est presque écœurant », même, avait-il dit dans La Croix. C’est exactement l’impression laissée par Fourcade dimanche. La poursuite n’en a eu que le nom. « Je n’ai pas pensé une seconde que ce serait possible de le rattraper, a témoigné son dauphin, Arnd Peiffer. Je me suis seulement concentré sur les autres. Il était tellement au-dessus… Ça devait même être un peu ennuyeux pour lui. » Un peu, selon l’intéressé, qui a tout de même dit que cette victoire faisait partie « des plus faciles » de sa carrière.
La motivation (mais genre la vraie) : 20 %
Il y croyait, Shipulin, en début de saison. C’est vrai, quoi, après quatre ans à marcher sur les autres, Martin Fourcade allait forcément lever le ski. « Je suis plus motivé que lui. C’est normal car celui qui a déjà tout gagné dans son sport ne peut pas avoir la même envie que celui qui n’a encore pas atteint le sommet », avait dit le Russe. Raté. Pour préparer cette saison - et s’entraîner pour son nouvel objectif, le fond -, le Français a avalé des milliers de kilomètres en voiture entre la France et la Norvège pour trouver de la neige et les conditions idéales pour être au top. Si ça c’est pas de la motivation.
« Norway is not Norway anymore ! Hope it’s the same regarding athletes level #notbighope @SuperSvendsen @tarjei_boe pic.twitter.com/8TfIJYM4qg — Martin Fourcade (@martinfkde) November 6, 2015 »
« C’est compliqué de toujours repousser ses limites, mais il y a de la motivation parce qu’il y a toujours des superbes choses à gagner, parce que je suis un compétiteur, parce que j’aime me dépasser et parce que je n’ai pas besoin d’un objectif pour continuer à progresser », justifie-t-il. Et tant pis pour les autres.
L’insatisfaction permanente : 20 %
On peut gagner une poursuite avec 35 secondes d’avance et ne pas être si content que ça. C’est le propre des sportifs, direz-vous, d’en vouloir toujours plus. Mais l’homme de Font-Romeu est un beau specimen en la matière. Et quand ce n’est pas lui qui se flagelle, Sigfried Mazet, son entraîneur au tir, n’est jamais très loin. « Aujourd’hui [dimanche] il y a de bonnes conditions de tirs et trois fautes, c’est trois fautes de trop. C’est une bonne course et un bon résultat mais la manière n’est pas tout à fait comme on le souhaite ». C’est vrai que c’est nul.
L’ascendant psychologique : 10 %
Le meilleur pour la fin. Aussi doué soit-il, Martin Fourcade a surtout un énorme avantage sur ses adversaires : il leur fait peur. Norvégiens, Allemands, Russes… S’ils gagnent de temps en temps, évidemment, tous lui vouent un culte. On en fait trop ? Regardez plutôt cette petite séquence, diffusée vendredi, dans laquelle on apprend qu’Emil Svendsen, pourtant pas le premier pimpin venu, a une photo de Fourcade encadrée sur sa table de chevet. Magnifique.
« Battre ce gars-là, c’est le but de tous les athlètes, explique le bon Emil. Je garde cette photo près de moi pour rester toujours motivé ». C’est madame qui doit être contente.