RUGBYVIDEO. France - Nouvelle-Zélande: Pourquoi l'exploit de 2007 ne doit surtout pas servir d'exemple

VIDEO. France - Nouvelle-Zélande: Pourquoi l'exploit de 2007 ne doit surtout pas servir d'exemple

RUGBYLes Bleus avaient dompté les favoris de la compétition il y a huit ans à Cardiff...
Cédric Heymans et Vincent Clerc le 6 octobre 2007.
Cédric Heymans et Vincent Clerc le 6 octobre 2007. -  NIVIERE/SIPA
Romain Baheux

Romain Baheux

Les Bleus et la Nouvelle-Zélande. Le même stade. Un quart de finale de Coupe du monde. Coïncidence ? Ben oui, sans doute. Si la France du rugby espère que l’histoire va bégayer samedi (21h) contre les All Blacks, le succès de 2007 ne doit pas servir de référence. Pourquoi ? C’est simple : l’exploit des hommes de Bernard Laporte est une comète de Halley de l’ovalie tant tout a tourné en leur faveur ce soir d’octobre à Cardiff (20-18). Explications.

>> Pour lire notre 21e Minute consacrée à la mêlée à l’occasion de la Coupe du monde de rugby, cliquez ici.

Parce que l’arbitre avait été très (mais vraiment très) gentil

Les Bleus ont Craig Joubert et sa cécité sur les méfaits de Richie McCaw lors de la finale de 2011. Les Néo-Zélandais ont Waynes Barnes. Il y a huit ans, l’arbitre anglais les avait - soyons honnêtes - avait largement spoliés en ne leur accordant que deux pénalités et en ne sifflant pas l’en-avant flagrant sur le second essai français, celui de la victoire, signé Yannick Jauzion.


L’histoire a traumatisé Graham Henry. « J’ai brièvement envisagé un trucage du match comme la seule explication logique, raconte dans sa biographie, paru en 2012, le sélectionneur néo-zélandais de l’époque. Il y a eu une passe tellement en-avant que tout le stade l’a vue à part l’arbitre et Barnes a été très indulgent à l’égard des Français dans les rucks, coûtant probablement la victoire aux All Blacks. »


Combo talonnage à la main-coup de pied WTF

Huit ans plus tard, Damien Traille ne fait pas entièrement l’innocent. « Si le match avait lieu aujourd’hui, je ne peux pas vous certifier que l’on aurait gagné si l’arbitre avait demandé à regarder l’essai à la vidéo, glisse l’ex-arrière des Bleus, auteur du fameux en-avant. Maintenant, c’est facile d’évoquer l’arbitrage après une défaite et ils se sont bien rattrapés en 2011. » 1-1 donc.

Parce qu’une telle réussite, ça n’arrive presque jamais

C’est sur la pelouse du Millenium que Thierry Dusautoir a gagné son surnom de « Dark Destroyer ». Déchaîné, le troisième ligne français rend une feuille de stats record avec 38 plaquages, symbole d’une équipe française réduite à 28 % de possession et auteur d’un match monstrueux de réalisme avec deux essais inscrits sur leurs rares incursions.



En titularisant Traille à l’arrière et Lionel Beauxis à l’ouverture, Bernard Laporte avait envoyé un message clair : on prend deux énormes botteurs pour repousser le plus loin possible l’adversaire. Charge à la défense de ne pas laisser ensuite un centimètre de libre aux All Blacks. « On devait à tout prix éviter de s’exposer sinon on allait prendre la marée », euphémise Olivier Milloud. « J’avais devant moi une ligne de joueurs qui ne laissait rien passer ou presque, c’était impressionnant, se souvient Traille. Il fallait que l’on soit très solide sur leurs attaques et on l’a été. » Comme une seule fois dans l’histoire d’une nation.

Ça c’est de la stat/DR

Parce que les All Blacks avaient perdu leur rugby

Attention, on va vous surprendre mais le XV de la Fougère argentée avait une sacrée gueule avec du Rokococko, Kelleher ou Muliaina. Enorme favori de la Coupe du monde 2007, la Nouvelle-Zélande a claqué un 47-3 aux Bleus au Stade de France un an avant. « Ils mettent une intensité exceptionnelle en début de match et ça fait remonter nos vieux démons, raconte l’arrière du XV de France. Et puis, ça tourne progressivement… »

>> A lire aussi : Aidons les Bleus à gagner grâce à la méthode Coué (la vraie)

En seconde période, les All Blacks perdent sur blessure leur ouvreur Dan Carter puis son remplaçant Nick Evans quelques minutes plus tard. « Il y a ce concours de circonstances et ils perdent pied seuls », estime Milloud. « On a senti de la fébrilité dans leurs rangs, poursuit Damien Traille. Dans les derniers instants, ils n’ont pas la lucidité de passer ce drop qui nous aurait éliminés. » A quoi ça tient un exploit.