OMNISPORTY a-t-il encore une place pour les « vrais gros » dans le sport professionnel ?

Y a-t-il encore une place pour les « vrais gros » dans le sport professionnel ?

OMNISPORTOn vous parle ici des gros bides, des masses, de ceux dont on ne voit pas les abdos…
B.V., N.C., R.B, M.N

B.V., N.C., R.B, M.N

L’image nous a frappés lorsque nous regardions le lancer de poids aux Mondiaux de Pékin : mais bon sang, où sont passés « les gros » ? Epreuve historiquement réservée à ceux qui misaient tout sur leur charge pondérale, elle s’offre maintenant à des géants musculeux. Comme beaucoup d’autres sports où les gros gabarits avaient autrefois la main mise. Attention, on vous parle ici de « vrai » gras, des larges du bide, de ceux dont on ne voit pas les abdos. 20 Minutes a interrogé des spécialistes du rugby, du judo, des lancers et du foot américain pour savoir ce qu’il advenait des « bien portants » dans le sport professionnel.

Aux lancers : « Aujourd’hui, on a compris que le lancer n’est pas qu’une question de force »

Par Gaëtan Bucki, champion de France de lancer de poids

Les Allemands Ralf Bartels (à gauche) en 2006 et David Storl en 2015/AFP

« Il y a un vrai changement. Avant, notamment dans le poids et le marteau, on avait beaucoup de gars qui faisaient 2m et 150 kg, des gabarits hors-norme, presque disproportionnés. Ils avaient un ventre énorme. On n’aurait jamais cru que ces gars-là faisaient des médailles olympiques, on avait plus l’impression que c’étaient des piliers de bar élevés à la bière. Aujourd’hui, on n’est plus dans cette course à l’armement, comme dans les années 80-90. Les techniques d’entraînement ont évolué, on a compris que le lancer n’est pas qu’une question de force. La notion d’accélération de l’engin est très importante. On n’est plus dans des disciplines de force mais de force explosive. Et ça change tout.

L’entraînement est plus complet. Avant c’était muscu et technique, des trucs de base. Maintenant on regarde toutes les filières de contraction musculaire, on fait du stato-dynamique et de l’isométrie. Quand j’étais junior, je suis monté à 142 kg. Là mon poids de forme est à 132 kg (pour 1,95m). Je suis peut-être un peu moins fort en muscu, mais sur mes tests de détente sèche j’ai gagné 7-8 centimètres. L’intérêt pour nous lanceurs n’est plus d’être très forts sous les barres mais de transmettre le maximum d’énergie à l’engin. On fait des choses plus fines, et en plus ça permet de durer. »

Gaëtan Bucki

Par Gaëtan Bucki, champion de France de lancer de poids

Les Allemands Ralf Bartels (à gauche) en 2006 et David Storl en 2015/AFP

« Il y a un vrai changement. Avant, notamment dans le poids et le marteau, on avait beaucoup de gars qui faisaient 2m et 150 kg, des gabarits hors-norme, presque disproportionnés. Ils avaient un ventre énorme. On n’aurait jamais cru que ces gars-là faisaient des médailles olympiques, on avait plus l’impression que c’étaient des piliers de bar élevés à la bière. Aujourd’hui, on n’est plus dans cette course à l’armement, comme dans les années 80-90. Les techniques d’entraînement ont évolué, on a compris que le lancer n’est pas qu’une question de force. La notion d’accélération de l’engin est très importante. On n’est plus dans des disciplines de force mais de force explosive. Et ça change tout.

L’entraînement est plus complet. Avant c’était muscu et technique, des trucs de base. Maintenant on regarde toutes les filières de contraction musculaire, on fait du stato-dynamique et de l’isométrie. Quand j’étais junior, je suis monté à 142 kg. Là mon poids de forme est à 132 kg (pour 1,95m). Je suis peut-être un peu moins fort en muscu, mais sur mes tests de détente sèche j’ai gagné 7-8 centimètres. L’intérêt pour nous lanceurs n’est plus d’être très forts sous les barres mais de transmettre le maximum d’énergie à l’engin. On fait des choses plus fines, et en plus ça permet de durer. »


aLes Allemands Ralf Bartels (à gauche) en 2006 et David Storl en 2015/AFP

Par Gaëtan Bucki, champion de France de lancer de poids

Les Allemands Ralf Bartels (à gauche) en 2006 et David Storl en 2015/AFP

« Il y a un vrai changement. Avant, notamment dans le poids et le marteau, on avait beaucoup de gars qui faisaient 2m et 150 kg, des gabarits hors-norme, presque disproportionnés. Ils avaient un ventre énorme. On n’aurait jamais cru que ces gars-là faisaient des médailles olympiques, on avait plus l’impression que c’étaient des piliers de bar élevés à la bière. Aujourd’hui, on n’est plus dans cette course à l’armement, comme dans les années 80-90. Les techniques d’entraînement ont évolué, on a compris que le lancer n’est pas qu’une question de force. La notion d’accélération de l’engin est très importante. On n’est plus dans des disciplines de force mais de force explosive. Et ça change tout.

L’entraînement est plus complet. Avant c’était muscu et technique, des trucs de base. Maintenant on regarde toutes les filières de contraction musculaire, on fait du stato-dynamique et de l’isométrie. Quand j’étais junior, je suis monté à 142 kg. Là mon poids de forme est à 132 kg (pour 1,95m). Je suis peut-être un peu moins fort en muscu, mais sur mes tests de détente sèche j’ai gagné 7-8 centimètres. L’intérêt pour nous lanceurs n’est plus d’être très forts sous les barres mais de transmettre le maximum d’énergie à l’engin. On fait des choses plus fines, et en plus ça permet de durer. »



Par Gaëtan Bucki, champion de France de lancer de poids

Les Allemands Ralf Bartels (à gauche) en 2006 et David Storl en 2015/AFP

« Il y a un vrai changement. Avant, notamment dans le poids et le marteau, on avait beaucoup de gars qui faisaient 2m et 150 kg, des gabarits hors-norme, presque disproportionnés. Ils avaient un ventre énorme. On n’aurait jamais cru que ces gars-là faisaient des médailles olympiques, on avait plus l’impression que c’étaient des piliers de bar élevés à la bière. Aujourd’hui, on n’est plus dans cette course à l’armement, comme dans les années 80-90. Les techniques d’entraînement ont évolué, on a compris que le lancer n’est pas qu’une question de force. La notion d’accélération de l’engin est très importante. On n’est plus dans des disciplines de force mais de force explosive. Et ça change tout.

L’entraînement est plus complet. Avant c’était muscu et technique, des trucs de base. Maintenant on regarde toutes les filières de contraction musculaire, on fait du stato-dynamique et de l’isométrie. Quand j’étais junior, je suis monté à 142 kg. Là mon poids de forme est à 132 kg (pour 1,95m). Je suis peut-être un peu moins fort en muscu, mais sur mes tests de détente sèche j’ai gagné 7-8 centimètres. L’intérêt pour nous lanceurs n’est plus d’être très forts sous les barres mais de transmettre le maximum d’énergie à l’engin. On fait des choses plus fines, et en plus ça permet de durer. »

Au judo : « Des judokas de 130 kilos sont aussi habiles que des petits de 60 »

Par Fabien Canu, champion du monde de judo, ancien directeur technique national

Teddy Riner d’un côté, Ricardo Blas junior. - CHAMUSSY/NIVIERE/SIPA/NOGI/AFP


« Les poids lourds gras du ventre, il n’en reste plus beaucoup dans notre discipline. Maintenant, des judokas de 130 kilos sont aussi habiles que des petits de 60. Avant, la différence se faisait surtout sur la préparation physique. On se disait qu’il fallait laisser les plus larges avec leur gabarit, on les mettait juste à la musculation et puis voilà. L’intensité des combats a évolué : il n’y a plus de temps morts. On a vu le virage s’opérer lors des Jeux de Sidney en 2000. On a laissé de côté la force brute pour privilégier la vitesse et la technique.

Les lourds qui ne sont pas capables de tenir ce rythme élevé parce qu’ils ne sont pas assez affûtés, ils ont beaucoup de mal. En France, on a commencé rapidement à entraîner nos athlètes de la même manière quel que soit leur poids car on n’avait pas de gabarits aussi impressionnants que les Russes ou les Japonais. Teddy Riner, c’est le symbole de cette évolution. Ce n’est pas le plus lourd mais il a une puissance phénoménale, est rapide et il est très endurant. »

Au rugby : « Le gras est important, il faut trouver un juste milieu »

Par Régis Sonnes, entraîneur des avants de l’Union Bordeaux-Bègles

« Au rugby, les piliers sont de plus en plus formés par rapport à une certaine époque mais il y a toujours des spécificités. Dans ce sport, toutes les catégories peuvent apporter quelque chose. C’est la richesse du rugby, je dirais même plus, c’est l’essence du rugby. C’est une philosophie de vie où il y a l’acceptation de l’autre car que tu sois petit, maigre, gros, grand ou moyen, tu peux trouver ta place dans une équipe de rugby. Le cas de Patrick Toetu (138 kg et des cuisses disproportionnées par rapport au reste du corps) le prouve, même s’il travaille à côté pour éliminer son surpoids.

Patrick Toetu, le pilier de l’UBB, lors du match contre Castres, le 22 août 2015. - NICOLAS TUCAT/AFP

Tant que les règles seront ainsi en mêlée, on aura besoin de profils comme le sien. L’an passé, il a perdu 14 kilos en deux mois donc ça l’a affaibli et on essaie de le protéger par rapport à tout ça. Il a fait un régime important donc il a eu une baisse de son potentiel physique et de force. Ça pouvait être dangereux pour lui de le faire jouer donc il fallait qu’il assume ça. On sait qu’il y a un équilibre rapport poids/taille/puissance car pour avoir de la force, le poids est important. Le ‘’gras’’ est important. Il faut trouver un juste milieu. »

Au foot américain : « Les gros, venez chez nous, on vous adore ! »

Par Marc-Angelo Soumah, ancien président de la Fédération et consultant BeIN Sports

Le Centre de NFL Vince Wilfork, en 2012 - AL BELLO/GETTY IMAGES/AFP

« L’aspect de poids moyennement affûté a encore beaucoup d’intérêt au football américain dans les premiers hommes des lignes de défense. Surtout avec le développement des nouvelles défenses en 3-4 où tout est axé autour du "Nose tackle", au centre de la ligne, et qui doit être très lourd, très gros, ‘inbougeable’pour pouvoir couvrir deux trous, ce qui veut dire que le volume du corps est important. On peut citer Vince Wilfork comme exemple. Il y a cet aspect lourd, massif, presque gras, mais attention, il y a aussi beaucoup de muscles, de la force, de l’explosivité et une sacrée vivacité de pied sur les trois ou quatre premiers pas. Ce sont des athlètes de très haut niveau avec un rapport puissance/poids/vitesse souvent impressionnant.

Le plus gros, c’est lui en rouge, le Nose Tackle - Capture d’écran

Dans le foot US, les gros costauds sont valorisés, très recherchés et négocient bien leurs contrats. Ils sont souvent l’âme des défenses, comme Joe Greene chez les Steelers dans les années 70. Pour faire une défense, c’est la première personne que je recherche puis je construis autour. D’ailleurs, nous, on invite les gros au foot US avec plaisir ! Les gros, venez chez nous, on vous adore et vous serez à la lumière (rires) ».