FOOTBALLDémission de Bielsa: Faut-il le haïr ou l'aduler?

Démission de Bielsa: Faut-il le haïr ou l'aduler?

FOOTBALLL'Argentin a claqué la porte samedi soir...
Romain Baheux

Romain Baheux

Sa démission a encore creusé le fossé entre les pro et les anti Marcelo Bielsa. Après l'annonce de son départ de l’OM dans la foulée de la défaite contre Caen (0-1), il est désormais l’heure de dresser le bilan du passage de l’Argentin, resté une saison plus une journée de championnat à Marseille. Analyse en trois points.

Le jeu

Les arguments des partisans

Qu’il perde ou qu’il gagne, on ne s’est jamais ennuyé avec l’OM version Marcelo Bielsa. Les défenseurs de l’Argentin retiennent le statut de deuxième meilleure attaque de l’OM avec 76 buts la saison passée, ses choix tactiques osés, comme la sortie simultanée de trois joueurs un soir de février à Geoffroy-Guichard, et sa volonté d’imposer son jeu quel que soit l’adversaire, PSG y compris. « Il a fait progresser la quasi-totalité de son groupe. Il a développé un bon fonds de jeu par rapport à d’autres saisons », soulignait Steve Mandanda au micro de Canal + samedi soir. Bref, Marcelo Bielsa dépareillait dans une Ligue 1 souvent dépeinte comme frileuse.

« Qu’on l’aime ou pas, Bielsa aura ramené la passion en Ligue 1. C’est la seule chose qui compte vraiment — Laurent Aquilo (@LaurentAquilo) August 8, 2015 »

« Mais c’est ça, allez y, tapez sur un mec qui proposait autre chose que des 5-4-1 pétés. C’est mieux de protéger les copains. — François Miguel (@fmboudet) August 8, 2015 »

Les arguments des opposants

Le bilan sportif de Bielsa ? Une élimination d’entrée dans les deux Coupes, dont un 32e de finale catastrophique contre les amateurs de Grenoble en janvier, une Ligue 1 finie à la quatrième place après un titre honorifique de champion d’automne et une tendance à subir contre les gros (l’OM n’a pas battu Lyon et s’est incliné à deux reprises contre le PSG) et sans l’excuse de la Coupe d’Europe. Pour eux, l’ancien coach de Bilbao est un romantique qui coule avec ses idées. « Il n’a pas ébloui par son palmarès et il n’a pas su mener son équipe de bout en bout la saison dernière », note l’ancien président marseillais Christophe Bouchet.

Le personnage

Les arguments des partisans

Quelle image gardera-t-on de Marcelo Bielsa ? Celle d’un passionné, assis sur sa célèbre glacière au bord du terrain, et bien plus proche de ses joueurs que son image sévère laissait à penser. Capable de recevoir l’une de ses compatriotes venue le voir jusqu’à Marseille ou de rappeler un supporter marseillais auteur d’un courrier pour lui demander de rester, l’Argentin se distinguait aussi par ses conférences de presse. Ses adorateurs se plaisent à souligner la qualité de ses explications tactiques, son aptitude à avouer ses erreurs et son principe de ne jamais critiquer l’arbitre. Le tout a contribué à créer une icône, emblème de T-shirt et dont l’aura crée un mouvement consacré à le garder à l’OM, « Bielsa no se va ».

« #OM Un grand merci à @flogermain sans qui on n'aurait jamais pu vous retranscrire la rencontre Marcia-Marcelo Bielsa pic.twitter.com/NrgpMBfSAG — Mediafoot Marseille (@Mediafoot_OM) 20 Avril 2015 »

Les arguments des détracteurs

« On ne peut pas vivre avec un personnage erratique, capricieux et qui n’a aucun sens du collectif, estime Christophe Bouchet. C’est un personnage arrogant qui a eu des caprices de gosses. C’est un type odieux avec le club et les journalistes. » Sa volonté de tout contrôler déplaît. Sa sortie médiatique pour critiquer le recrutement de Vincent Labrune lors du mercato estival 2014 lui avait valu une bonne charge de Bernard Tapie. En conférence de presse, Bielsa ne regarde pas ses interlocuteurs dans les yeux et sa non-maîtrise du français a irrité un autre ancien président, Pape Diouf. Enfin, les médias ont assez peu goûté les huis clos à répétition imposés par « El Loco ».

Le départ

Les arguments des partisans

Ses fans y voient la preuve ultime de sa probité et pointent du doigt les dirigeants de l’OM. En refusant mercredi des modifications dans son contrat, imposées par le board marseillais mais différentes de l’accord conclu en amont selon lui, Marcelo Bielsa reste fidèle à son intransigeance. « Je ne peux pas accepter la situation d’instabilité qu’ils ont générée en voulant changer le contrat, a écrit l’Argentin dans sa lettre de démission à Vincent Labrune. Le travail en commun exige un minimum de confiance que nous n’avons plus. » En claquant la porte de la sorte, il construit un peu plus sa légende.

« Incapables de garder les cadres, incapables d'intéresser les investisseurs, incapables de garder #Bielsa. Direction d'incapables. — OM Ultras (@olymp_marseille) 9 Août 2015 »

Les arguments des détracteurs

Ses contempteurs y voient un manque de respect et de classe. Absent durant une partie de la préparation, l’entraîneur marseillais lâche son équipe au soir de la première journée de championnat alors que le club lui a laissé une marge importante. Certains soulignent le grand écart entre sa conférence de presse apaisée de jeudi, au lendemain de la fameuse réunion, et ses adieux fracassants. Samedi soir, beaucoup évoquaient un intérêt du Mexique, désireux de le nommer à la tête de la sélection nationale. Dans les entrailles du Vélodrome, l'intéressé a démenti. Le passé, plus ou moins récent, a prouvé qu'il était imprévisible.

« Arrêtez avec les dirigeants. Il a fait son recrutement. C'est une histoire de contrat donc d'oseille — Pierre Ménès (@PierreMenes) 8 Août 2015 »