SANTEJO 2016: Extrêmement polluées, les eaux de Rio menacent la santé des athlètes

JO 2016: Extrêmement polluées, les eaux de Rio menacent la santé des athlètes

SANTEAssociated Press teste les eaux des sites de la compétition…
Antoine Maes

A.M.

On s’en doutait, mais maintenant, on en a la certitude : les eaux de Rio sont affreusement polluées et ce n’est pas franchement une bonne nouvelle à l’approche des prochains JO. Pour tenter d’y voir plus clair, Associated Press a décidé d’enquêter en menant une analyse indépendante sur des échantillons recueillis dans les trois sites où auront lieu les épreuves, ainsi que sur la plage d’Ipanema, où iront se baigner les touristes.

« Des teneurs 1.7 million de fois supérieures à ce qui serait considéré comme dangereux »

Résultat ? « Les athlètes olympiques sont quasiment certains d’entrer en contact avec des virus pouvant causer des maladies - avec dans certains cas des teneurs 1.7 million de fois supérieures à ce qui serait considéré comme dangereux sur une plage du sud de la Californie ». Et AP de préciser que « l’extrême pollution des eaux est habituelle au Brésil, où la majorité des rejets ne sont pas traités. Les eaux usées vont directement dans les rivières qui alimentent les sites olympiques ».

Le canal de Cunha, qui se jette dans la baie de Guanabara. On pique une tête ? (AFP PHOTO/CHRISTOPHE SIMON)

Selon les résultats récoltés par AP, absolument aucun site n’est épargné. Et ils sont tous, sans exception, touchés par la présence de virus pouvant provoquer des vomissements, des diarrhées sévères, des bronchites, des syndromes pied-main-bouche, des gastro-entérites, des conjonctivites et diverses inflammations de la peau. Mais ils peuvent aussi provoquer des dommages importants au cœur et au cerveau.

« BREAKING : AP investigation finds virus levels of Rio Olympic waters equivalent to raw sewage http://t.co/tAB9KE6ook pic.twitter.com/kWqWCt8Gv1 — AP Sports (@AP_Sports) 30 Juillet 2015 »

Selon une experte américaine interrogée par AP, les athlètes ont « 99 % de chance d’attraper une infection s’ils ingèrent juste trois cuillers à café d’eau ». L’échantillon récolté au lac Rodrigo de Freitas, où auront lieu les épreuves d’aviron et de canoë est particulièrement inquiétant : ils vont de 14 millions d’adénovirus par litre à 1,7 milliard par litre ! « En comparaison, les experts de la qualité de l’eau en Californie s’alarment s’ils voient des résultats viraux atteignant 1.000 adénovirus par litre », poursuit AP.

Les athlètes eux-mêmes ont déjà expérimenté les joies des eaux de Rio. Un entraîneur de voile raconte que ses marins ont perdu « de précieux jours d’entraînement après être tombés malade en ayant des vomissements et des diarrhées ». L’Autrichien David Hussl raconte qu'après avoir rincé son visage à l’eau minérale «[il a] eu de la température et des problèmes intestinaux. [Il est] resté une journée entière au lit et deux ou trois jours sans [s]’entraîner ». Au moment de sa désignation comme ville-hôte, Rio avait promis de traiter ses eaux usées. Mais AP rappelle que le gouverneur de la province a déjà avoué « qu’il n’y aurait pas assez de temps » pour tout terminer.