Superbowl : Les phrases à lâcher pour passer pour un pro
FOOT US•Grâce à «20 minutes», vous pourrez jouer l'expert dimanche soir...B.V.
Finalement, vous êtes comme tout le monde. Dans la vie, vous adorez vous la raconter mais vous êtes un peu fainéant. Passer ses nuits devant le foot américain pour être au point le soir du Superbowl, ça va cinq minutes. Heureusement pour vous, 20minutes a tout prévu. Voici une petite sélection de phrases à ressortir dans le bon timing pendant la soirée pour faire croire à tout le monde que vous êtes un spécialiste.
AVANT LE MATCH
«Tu sais, cette rencontre se résume avant tout à un gros match-up entre la meilleure attaque et la meilleure défense de la saison»
Niveau de complexité: Facile
La traduction: On commence doucement. Les Patriots ont été très productifs en attaque toute la saison, pendant que les Seahawks défendent l’acier depuis deux saisons. Une belle opposition de style quoi.
Le ton à emprunter pour la prononcer: Sûr de soi, un peu blasé, limite arrogant. Montrez tout de suite que vous êtes au-dessus de la mêlée.
«De toute façon la clé du match, c’est le pass-rush sur Brady»
Niveau de complexité: Moyen
Traduction: Il va être très important que les défenseurs de Seattle mettent la pression sur Tom Brady, le quarterback de New England, et l’empêche de développer son jeu de passe. S’il joue dans un fauteuil et n’est jamais sous la menace d’être plaqué («sacké» pour le terme anglais) derrière les coéquipiers qui le protègent, il va pouvoir prendre du temps pour ajuster et trouver ses receveurs, permettant à son attaque d’avancer tranquillement.
Le ton à adopter: Soyez véhément, opinez du chef et tapotez la table basse avec votre poing. Tout va se jouer là, il faut le faire comprendre à vos amis.
«Entre Revis et Sherman, on va enfin savoir qui est le meilleur corner de la ligue»
Niveau de complexité: Dur
Traduction: Ce sera une sorte de match dans le match entre Darrell Revis et Richard Sherman, sans doute les des meilleurs cornerbacks de la Ligue. C’est quoi un corner? «C’est un membre de l'escouade défensive qui a pour rôle principal de marquer les receveurs adverses durant leur parcours en rivalisant avec ceux-ci sur le plan de la vitesse, nous explique wikipedia. Accessoirement, ils ont aussi pour but d'intercepter la passe du quarterback.»
Ton à adopter: Donnez l’air d’être passionné, exalté, transporté. Ce duel, c’est un peu le vôtre, et à dire vrai, ça vous intéresse plus que le résultat en lui-même. Ajoutez en murmurant: «tu sais moi quand je jouais, j’étais corner…»
«Si Beast Mode ne claque pas pour au moins 150 yards au sol, c’est cuit pour les Hawks»
Niveau de complexité: Dur
Traduction: C’est une autre clé du match. L’attaque des Seattle Seahawks est réputée comme assez unidimensionnelle, à cause d’un corps de receveur assez faible. Alors du coup ils utilisent l’autre option offensive, la course (le jeu au sol, donc) en lançant leur running-back (coureur) star, Marshawn Lynch. Il est surnommé «Beast Mode» à cause de son engagement physique bestial. Il est très dur à plaquer et termine souvent ses rencontres avec plus de 100 yards (l’unité de mesure utilisée en foot us, 1 yard = 0,91 mètres) gagnés à lui tout seul. Si l’attaque par la passe de Seattle est en échec, Lynch va devoir sortir un très gros match à la course.
Ton à adopter: Gardez l’air prudent. Vous connaissez votre affaire mais n’en faites pas trop non plus. Après tout, l’an passé, les Hawks ont explosé les Broncos au Superbowl sans que Lynch n’ait vraiment besoin de forcer.
PENDANT LE MATCH
«Ouais, ouais, on parle beaucoup de Sherman. Mais la Legion of Boom, c’est surtout Earl Thomas et Kam Chancellor. C’est peut-être la meilleure paire de safety de l’histoire»
Niveau de complexité: Très dur
Traduction: La Legion of Boom, c’est le surnom du quintette de défense lointaine des Seahawks, surpuissant depuis deux ans. Le truculent Richard Sherman est très connu pour ses talents et aussi sa grande bouche, mais les spécialistes estiment que les vrais joueurs clés sont Kam Chancellor et surtout Earl Thomas, les deux safeties (sorte de libéro de la défense, chargés de couvrir le fond du terrain).
Ton à adopter: Attendez que les commentateurs télés s’attardent sur Richard Sherman pour leur couper la parole, la voix haute et sûre mais l’air un peu lassé de répéter la même chose.
« The #Seahawks Legion of Boom nabs the cover of Sports Illustrated leading into the Super Bowl @SInow pic.twitter.com/LxTmU2MuQ6 — Rachel Nichols (@Rachel__Nichols) January 27, 2015 »
«Ahah Brady à 100%? Quelqu’un a dû lui dégonfler ses ballons…»
Niveau de complexité: Très dur
Traduction: Vous êtes ici sur trois niveaux: La culture NFL, l’actualité et l’humour. Ouais, vous êtes un marrant. L’idée, c’est qu’une grosse polémique a explosé à la suite de la finale de conférence entre les Patriots et les Colts: le quarterback de New England Tom Brady aurait utilisé des ballons volontairement sous-gonflés, plus faciles à prendre en main et à capter. Et c’est interdit, évidemment. Si toutes ses passes trouvent un receveur face aux Seahawks (100% de passes complétées), les soupçons vont grimper et les vannes vont fuser outre-Atlantique. Et dans votre salon.
Ton à adopter pour la prononcer: C’est le moment de sortir votre sourire narquois et votre air cynique.
«BBBBBEEEEASSSST MOOOOOOOOOODEEEE»
Niveau de complexité: Facile
Traduction: Le fameux Marshawn Lynch vient de faire un truc bien. Genre un touchdown.
Ton à adopter: Commencez par reconnaitre Marshawn Lynch. C’est le N°24 de Seattle et il a des dreads. Une fois qu’il a fait une belle course en mettant trois adversaires sur le cul, levez-vous et criez fort, très fort, avec la voix roque. Attention à l’accent, on prononce ‘Biste Maude’.
«A mon avis, il faudrait que les Seahawks utilisent plus la read-option. Wilson doit aller gratter quelques first down avec ses jambes ce soir.»
Niveau de complexité: très dur
Traduction: Là on rentre dans du technico-technique. La read-option, c’est la possibilité pour le quarterback (qui est le meneur de jeu en attaque, on le rappelle) d’avoir plusieurs options de jeu en fonction de sa lecture («read») la défense adverse. Lorsqu’il récupère le ballon, il recule un peu pour voir l’état de la défense et peut choisir dans cette configuration de:
- de donner le ballon à son running-back (Marshawn Lynch en général, si vous avez suivi)
- de prendre le temps d’adresser une longue passe
- de profiter lui-même des espaces créés par les deux fausses pistes pour courir avec le ballon.
Comparé à beaucoup d’autres quarterbacks, dont Tom Brady, Wilson est très mobile. Il court vite, est capable de superbe crochets et lit très bien les espaces. Il lui arrive souvent de réussir les contrats (quatre tentatives pour faire 10 yards et obtenir un nouveau contrat, un «first down») avec le ballon en main.
Ton à adopter: C’est le moment ou jamais pour vous la péter à mort. Soyez le plus pédant possible, la vie ne sera jamais aussi jouissive qu’à ce moment-là. Alors profitez-en.
APRES LE MATCH
> Si les Patriots ont gagné
«C’était évident que les Seahawks ne pouvaient pas gagner avec un taux de complétion en third down aussi faible. Wilson est passé à côté.»
Niveau de complexité: dur
Traduction: Les thirds-down sont souvent des moments critiques. Après deux essais infructueux pour remplir son contrat initial de 10 yards, l’équipe en attaque se retrouve en «third-down», le troisième essai décisif (en général, le quatrième sert à se dégager au pied). S’il est concluant, l’attaque continue sa progression vers l’en but adverse. S’il est raté, la défense a gagné et le ballon et la possession du ballon change d’équipe. Il est donc absolument essentiel pour un quarterback d’être lucide et efficace sur les troisièmes tentatives, qui décident souvent du sort des matchs.
Face à Green Bay en finale de conférence, le QB des Seahawks Russell Wilson avait été horrible en troisième tentative. Mais une série de miracles en fin de match l’a sauvé. Il n’y en aura pas tous les dimanches…
Ton à adopter: Soyez donneur de leçons. Quand vous étiez quarterback (oui, vous avez aussi joué qb), vous tourniez à 85% en troisièmes tentatives.
«Voilà, Tom Brady est le plus grand QB de l’histoire»
Niveau de complexité: Moyen
Traduction: Tom Brady est déjà une légende de ce sport. Mais avec une quatrième victoire au Superbowl (après 2001, 2003 et 2004) en plus de ses deux récompenses de meilleur joueur de la saison (2007, 2010), une régularité au plus haut niveau impressionnante, le mari de Gisèle Bundchen deviendrait dans l’avis de beaucoup le plus grand quarterback de tous les temps.
Ton à adopter: Vous êtes dépité et fataliste. OK, Brady est le plus grand, mais il est trop mainstream, trop beau gosse, trop tout. En vrai spécialiste, en esthète du poste, vous lui préférez de loin un Dan Marino ou en ce moment un Aaron Rodgers.
> Si les Seahawks ont gagné
«Eh bah putain, ils vont être obligé de lui faire un sacré contrat à Russell Wilson»
Niveau de complexité: Dur
Traduction: Recruté assez tard dans la draft par Seattle avant la saison 2012, le quarterback Russel Wilson a surpris toute la NFL en devenant l’un des meilleurs joueurs. Le problème, c’est qu’il possède actuellement un contrat à la hauteur de son tour de draft, c'est-à-dire très faible (~950.000 dollars à l’année) qui arrive à son terme. Et que pour le prolonger, il va falloir cette fois le rémunérer à sa juste valeur. Selon certains médias américains, les Seahawks préparent une offre mirobolante faisant de RW3 le joueur le plus payé de la Ligue (à plus de 20 millions la saison). Surtout s’il remporte un deuxième superbowl en trois saisons pro.
Ton à adopter: Admiratif mais pas impressionné. Il y a beaucoup de zéros, certes, mais c’est monnaie courante en NFL.
«C’est bien la preuve que cette ligue est devenue défensive. Aujourd’hui, tu peux faire le back to back avec un corps de receveur de seconde zone.»
Niveau de complexité: Très dur
Traduction: La meilleure défense qui remporte le titre deux saisons de suite (un back to back, ça s’appelle), ça veut quand même dire quelque chose. L’an dernier, les Seahawks ont détruit l’attaque de feu de Peyton Manning, cette fois c’est celle de Brady. Et tout ça avec une escouade offensive très limite: les majorités de spécialistes NFL s’accordent à dire que les receveurs de Seattle ne sont pas au niveau du reste de l’équipe. Mais apparemment, ce n’est pas un problème.
Ton à adopter: Vous êtes au fond du gouffre: vous aimez la NFL champagne, les touchdowns de 90 yards et les records de quarterbacks. Avant de partir, ajoutez un petit «c’est pas mon sport ça putain».