FOOTBALLBlatter, Ginola, Figo... Comment marchent les élections à la présidence de la Fifa?

Blatter, Ginola, Figo... Comment marchent les élections à la présidence de la Fifa?

FOOTBALLLe 29 mai prochain, la Fifa va voter…
R.B. et B.V.

R.B. et B.V.

L’issue ne fait pas beaucoup de doute, mais il y a au moins un peu de contestation. Avec l’annonce de la candidature de l’ancien joueur du Barça et du Real Madrid Luis Figo mercredi, ils sont désormais cinq, dont David Ginola, à se présenter officiellement contre le titulaire du poste Sepp Blatter dans la course à la présidence de la Fifa. A quatre mois du vote, que le Suisse aborde en position d’ultra-favori, 20 Minutes fait le point sur la campagne.

Comment marche le vote?

Le 29 mai prochain, lors du 65e congrès de la Fifa à Zürich, Sepp Blatter va jouer à domicile. Le président de la Fifa va briguer son cinquième mandat à la tête de l’organisation mondiale du football. Il faudra attendre le 29 avril prochain pour connaître ses adversaires, le temps qu’une commission spéciale examine les candidatures (voir plus bas).

Le nombre de candidats modifie le déroulement du scrutin: «Pour autant qu’il y ait plus de deux candidats, sera éliminé après chaque vote celui ayant obtenu le plus petit nombre de voix, et ce jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que deux candidats en lice», précise la Fifa. S’ils sont cinq en tout, il faudra donc voter quatre fois (à bulletin secret) pour en éliminer trois et enfin choisir le vainqueur parmi les deux derniers en lice. A moins qu’un candidat (et Blatter peut y arriver) n’obtienne 66,6% des voix dès le premier tour, auquel cas il sera immédiatement élu.

Qui vote? Toutes les fédérations de pays membres de la Fifa – elles sont 209 – ont un vote, exprimé par le président de chacune. Il faut donc obtenir 105 votes pour être élu président de la Fifa.

Va-t-on voir d’autres candidats?

Ils sont peut-être bientôt sept. Le Chilien Harold Mayne-Nicholls organise mercredi en fin d’après-midi une conférence de presse pour annoncer sa décision finale. C’est sans doute la dernière incertitude avant la date limite du dépôt de candidature jeudi. Ça ne signifie pas pour autant qu’ils seront six lors du scrutin du 29 mai. David Ginola pourrait être écarté car il aura du mal à justifier de deux années sur les cinq dernières passées dans l’administration du football, l’un des points du cahier des charges de la Fifa. Candidat de longue date, Champagne s’est plaint il y a dix jours de ne pas avoir encore les cinq soutiens de fédérations nécessaires pour valider sa candidature. Enfin l’hypothèse d’un ou de plusieurs retraits(s) tactique(s) durant la campagne n’est pas écartée.

« Wednesday 28/1, 11.30h at Estadio @laligalif (Av Quilín 5942, Santiago, Chile) I will give my final decision about FIFA President election — HaroldMayne-Nicholls (@MayneNicholls) January 27, 2015 »



La candidature de Luis Figo est-elle crédible?

Elle l’est déjà bien plus que celle de David Ginola. Contrairement au Français, l’ancien joueur du Real Madrid n’est pas soutenu financièrement par un géant des paris en ligne. Deuxième point, et sans doute le plus important, Figo semble répondre aux conditions du règlement. Dans une interview accordée à CNN, le Ballon d’Or 2000 assure, sans préciser lesquelles, avoir le soutien obligatoire de cinq fédérations. Il devrait aussi s’appuyer sur son poste d’ambassadeur de l’Inter Milan, qu’il occupe depuis 2009, pour justifier d’une implication active dans l’administration du football. Enfin, il bénéficie de l’estime et du soutien de plusieurs gloires de ce sport. Comme pour Ginola, son manque d’expérience et de réseau au sein des grandes instances dirigeantes du football demeure son gros point faible.

Blatter peut-il perdre?

C’est très improbable. Il y a quelque temps, l’un des adversaires de Blatter, Jérôme Champagne, semblait presque résigné: «Le sentiment existe que le résultat final de l'élection serait déjà joué». Et si ça peut paraître surprenant pour un Européen choqué par les multiples affaires de corruptions, il faut savoir que Blatter a totalement noyauté l’organisation à son service et qu’il jouit d’une popularité exceptionnelle en Asie ou en Afrique. «L’Afrique est derrière lui, déclare ainsi Kwesi Nyantakyi, le président de la Fédération ghanéenne. Il a beaucoup fait pour le continent. Il a mis en place des programmes d’assistance financière, et son Goal Project a permis de développer nos infrastructures. Ça, les Européens ne peuvent pas le comprendre.» Ce qui devrait assurer une réélection aisée à Blatter. Schématiquement, même si les 54 voix de l’Europe - globalement opposée à Blatter - vont contre le Suisse, ça ne pèsera pas très lourd face aux 101 combinées de l’Afrique et de l’Asie.

Cependant, les récentes candidatures du président de la Fédération néerlandaise Michael van Praag, de David Ginola et surtout de Luis Figo représentent un vrai vent de révolte, l’idée d’une alternative crédible à l’omnipotent Blatter, l’espoir d’un nouveau système. Le problème, c’est que les votants appartiennent pour la plupart à l’ancien système.

Ne vaudrait-il pas mieux faire un front commun anti-Blatter?

Il est évident que le seul moyen de battre Sepp Blatter est d’allier les forces. Disperser les voix, les idées et les efforts risquent d’affaiblir ceux qui veulent le voir tomber. Il est très probable d’ailleurs que plusieurs des candidats déclarés se retirent (volontairement ou non, d’ailleurs) et soutiennent un autre candidat, créant de fait un «front anti-Blatter». Reste à savoir derrière qui. Le Prince Ali Bin Al-Hussein et Michael Van Praag sont les plus «présidentiables», et il est déjà quasiment acquis que l’un d’eux se retirera avant le vote pour consolider la candidature de l’autre. A moins qu’avec une bonne campagne et des soutiens de premier choix, Luis Figo mette tout le monde d’accord.