HANDBALLMondiaux de hand: Quand Claude n’était pas encore Onesta

Mondiaux de hand: Quand Claude n’était pas encore Onesta

HANDBALLLe sélectionneur de la France, avant de tout gagner, a connu des débuts difficiles avec les Bleus…
Bertrand Volpilhac

B.V.

Pour s’en moquer gentiment, un jour, son prédécesseur à la tête des Bleus Daniel Costantini l’avait surnommé «Imperator Claudius 1er». C’est un peu exagéré, mais on comprend l’idée. Du haut de ses deux titres de champion olympique, deux du monde et trois d’Europe, le sélectionneur de l’équipe de France de handball Claude Onesta est une légende vivante. Ses décisions sont indiscutables, ses propos inattaquables, son autorité intouchable. Et c'est normal. Mais ça n’a pas toujours été le cas.

Nommé en 2002, Onesta a connu des premières années assez galères, avec notamment un Euro 2002 raté et une élimination cruelle aux JO 2004. «C’était difficile pour lui de prendre la succession de Daniel Costantini juste après un titre de champion du monde en 2001, se souvient Jackson Richardson. C’était la construction d’une nouvelle équipe, cumulée à l’intégration d’un nouveau sélectionneur et il a été assez souvent montré du doigt.» Sa page Wikipedia assure même que malgré une médaille de bronze aux Mondiaux en 2003, Onesta était «à deux doigts d’être limogé» deux ans plus tard après un début de championnats du monde difficile.

«Des tensions, de la difficulté»

«C’était le moment le plus compliqué pour lui, se souvient Jackson Richardson, dont c’était la dernière compétition internationale. Je ne sais pas quel aurait été son avenir si on n’arrivait pas à terminer sur le podium (3e).» En un sens, c’est même peut-être l’ancien demi-centre qui a sauvé la tête de son coach. Lui qui ne voulait pas «quitter les Bleus sur une élimination» a sécoué une équipe chancelante. Car Onesta n’y arrivait pas vraiment. «On n’allait pas le virer, réfute Philippe Bana, le DTN. Mais le vrai danger n’était pas avec l’institution, il était avec son groupe. C’est lui qui décide si la fusion passe ou pas. Et à l’époque ça crispait, ça manquait de fluidité. Il y avait de la tension, de la difficulté.»

Certains lui reprochaient d’être parfois trop directif, d’autres doutaient de sa capacité à être à la hauteur de la fonction. «Lorsqu’il est nommé, en 2001, il était un peu celui que l’on n'attendait pas, poursuit Bana. J’avais choisi l’outsider. Est-il légitime? C’est une question qui faisait partie du background. C’était un excellent lecteur tactique mais ça ne suffit pas. Il fallait être quelqu’un d’autre.» Son capitaine actuel, Jérôme Fernandez, est plus modéré. «Claude, comme nous, a beaucoup appris des premières compétitions. A l’époque, il cherchait encore la bonne formule. Heureusement, il, ou plutôt on, l’a trouvée ensemble. »

«Une phase de croissance obligatoire»

Bana parle d’une «libération». «En 2005, le groupe l’a accompagné dans la difficulté et seulement après il a décidé de s’arracher de ses préjugés, de fendre l’armure, explique le DTN. Il a cessé d’être entraîneur pour prendre la dimension de coach gourou au-dessus de la mêlée. Il a démarré une gestion humaine, en faisant de certains joueurs des cadres et plus juste des exécutants.» Fernandez confirme: «Il a su évoluer et s’adapter par rapport à la typologie de l’effectif. Aujourd’hui, il a suffisamment d’expérience pour savoir sur quels joueurs s’appuyer et avoir une vision plus globale.»

Avec le recul de celui qui a fait le bon choix, Philippe Bana estime comme presque normales les difficultés rencontrées par Onesta. «Comme tout entraîneur quand tu arrives dans le métier, tu dois habiter le poste, prendre le costume, conclut-il. Il y a toujours une phase de danger, avec les résultats ou l’équipe. C’est une phase de croissance obligatoire et ça demande du temps. Lui-même avoue avoir mis du temps à comprendre qu’il fallait "y aller".»