Dopage: «Il n'y a pas d'automatisation des sanctions» assure le président de l'AFLD
TOUS SPORTS•Bruno Genevois évoque le fonctionnement du système de localisation des sportifs...Propos recueillis par Romain Baheux
Il est la dernière victime du système. Pour deux contrôles antidopage manqués entre février et juillet 2014 et une négligeance ddans le remplissage de son emploi du temps, le lutteur Steeve Guénot a été suspendu jeudi jusqu’en juillet 2015. Le champion olympique 2008 a été moins verni que la footballeuse du PSG Laure Boulleau, non sanctionnée par la Fédération française de football malgré trois ratés. Président de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), Bruno Genevois évoque les soucis des sportifs confrontés à l’obligation de se localiser, via le fameux logiciel Adams, tout au long de l’année.
Comprenez-vous les difficultés rencontrées par les sportifs qui manquent les contrôles et risquent une sanction?
Tout d’abord, il faut souligner que ces mesures ne concernent que certaines catégories de sportifs en France. Chaque année, on a en France entre 400 et 800 personnes contraintes de donner un créneau horaire d’une heure et un lieu où elles sont disponibles pour être contrôlées. Le sportif dispose de moyens de communication pour prévenir en cas de changement d’emploi du temps. On constate que les tennismen sont souvent très bien organisés mais que d’autres ont plus de difficultés.
Comment cela s’explique-t-il?
Dans certains cas, cela peut venir de l’augmentation du nombre de sportifs concernés lors des années olympiques. Certains rencontrent des problèmes liés au manque d’habitude de pratique du système. Il y a aussi des cas particuliers, comme le ski où les conditions d’enneigement conditionnent beaucoup de choses, où les emplois du temps peuvent changer au dernier moment. On peut entendre les explications des sportifs en cas de contrôle manqué.
De l’extérieur, on ne comprend pas toujours les différences de sanction, comme entre Laure Boulleau et Steeve Guénot par exemple…
Il n’y a pas d’automatisation, on essaie de tenir compte des spécificités de chacun et tout le monde peut s'expliquer. Par exemple, on a eu quelqu’un qui a pu nous prouver que les trois manquements n'étaient pas dans une période de dix-huit mois consécutifs. Une autre fois, un joueur d'un sport collectif a reçu une suspension qui n'était pas dans les standards mais elle le privait d'une participation à une Coupe du monde qui ne survient que tous les quatre ans (le rugbyman Yoann Huget, suspendu trois mois en 2011, selon 20 Minutes) et constituait donc une sanction suffisante.
Comptez-vous faire usage de votre droit d'évocation (un appel) dans le cas de Laure Boulleau?
L'information est encore trop récente pour le dire, je n'ai pas encore pu consulter la décision. Le collège de l'AFLD décidera quand le moment sera venu (l'Agence a deux mois pour l'exercer).
Au 1er janvier 2015, les sportifs risqueront une sanction s'ils manquent trois contrôles en douze mois et non dix-huit comme actuellement. Pourquoi ce changement?
L'Agence mondiale antidopage est à l'initiative de cette réforme. Il y a un souci de rendre le système moins contraignant pour les sportifs, on veut l'assouplir.