HANDBALLEuro féminin 2014: «Quoi qu’il se passe dans ma vie de sportive, le côté maman est le plus fort», raconte Camille Ayglon

Euro féminin 2014: «Quoi qu’il se passe dans ma vie de sportive, le côté maman est le plus fort», raconte Camille Ayglon

HANDBALLCamille Ayglon, 161 sélections, fait son retour en équipe de France à l'occasion de l'Euro après avoir fait un break d'un an pour donner naissance à son fils, Milo...
Nicolas Camus

Propos recueillis par Nicolas Camus

Elle ne pensait pas revenir aussi vite. Peut-être ne se rend-elle pas compte à quel point elle est indispensable en équipe de France. Camille Ayglon, 29 ans et 161 sélections avec les Bleues, retrouve le goût du très haut niveau à l'occasion de l'Euro (7-21 décembre), un peu moins d'un an après avoir repris la compétition. Son année 2013, elle l'avait consacrée à sa grossesse puis à la naissance de son fils, Milo, fruit de son union avec le handballeur nîmois Guillaume Saurina. Après avoir explosé la Serbie mercredi et avant d'affronter le Montenegro, vendredi, pour la première place du groupe, elle raconte son retour et sa nouvelle vie de maman sportive.

Comment vivez-vous votre retour dans cette équipe de France?

Le groupe a pas mal évolué pendant mon absence. Les jeunes qui sont arrivées ont de super qualités sur le terrain et ont la tête sur les épaules. Je me sens bien avec elles, j’ai trouvé ma place sur le terrain, notamment en défense. C’est un peu plus délicat en attaque car je suis utilisée à l’aile, où j’ai assez peu de repère, mais je fais au mieux.

Vous avez retrouvé tous vos moyens selon vous?

Je me sens bien. Je pense que j’ai récupéré et que je suis au niveau où j’étais avant d’arrêter. Après, c’est aux connaisseurs du hand de donner leur avis mais je n’ai en tout cas pas l’impression d'être à la rue!

Quel aspect a été le plus dur quand vous êtes revenue?

Pour l’équipe de France, ce sont les changements. J’avais bien discuté de mon projet maternité avec Olivier Krumbholz [limogé en juin 2013], je savais que si je retrouvais mon niveau j’aurai une place dans l’équipe. Avec le nouveau sélectionneur [Alain Portes], je n’avais aucune garantie. Je pensais qu’il attendrait un peu plus longtemps avant de me reprendre. Finalement ça a été assez vite, par contre il fallut apprendre à le connaître, s’adapter à ses schémas tactiques. Du coup je me suis retrouvée, à plus de 150 sélections, à me sentir comme une petite jeune qui débarque.

Et le retour au sport en général?

Je me souviens de mon tout premier footing, j’ai cru que je n’allais jamais y arriver! Physiquement, ça a été très dur, il a fallu tout remettre en place, petit à petit. J’ai quand même eu la chance de perdre mes kilos assez rapidement, ça a facilité les choses car ça représente une grosse partie du retour. Si on est bien physiquement, tout s’enchaîne. Le hand, en revanche, ne revient pas du jour au lendemain.

Cela a-t-il été plus ou moins dur par rapport à ce à quoi vous vous attendiez?

Je ne m’étais pas vraiment projetée, j’attendais de voir. L'important, c'est la motivation. Et voir les filles à la télé en décembre dernier m’en a donné beaucoup. Ça m’a permis d'avoir un objectif, je me suis dit «l’année prochaine, il faut que j’y sois». Et j'ai bossé.

Y a-t-il d'autres joueuses qui ont des enfants dans le groupe?

On n’est que deux, avec Nina Kanto. La Fédération a été compréhensive, elle a nous permis pendant le stage de faire venir nos enfants. Sinon, un mois loin d’eux, c’est compliqué à gérer. C’était sympa, il y avait 18 tatas [les autres joueuses] pour s’occuper d’eux! C’était un super moment pour la vie du groupe.

Ça apporte quoi la maternité pour une sportive de haut niveau?

Dans le quotidien, forcément, ça replace les priorités. Quoi qu’il se passe dans ma vie de sportive, le côté maman est le plus fort, avec un petit bonhomme dont il faut s’occuper quand on rentre et qui passe avant tout le reste. Par rapport au hand, moi ça m’aide à relativiser. L’essentiel, c’est mon fils.

Il a tous les atouts pour devenir un grand handballeur en tout cas...

C’est sûr qu’en voyant papa et maman faire du hand, il va y passer à un moment donné. Après, je ne sais pas s’il en fera longtemps mais il n’y coupera sans doute pas (rires).