Barcelone - PSG: Arrogant, inaccessible... Les clichés sur Nasser al-Khelaïfi vus par ses pairs
FOOTBALL•Le président parisien véhicule de nombreux fantasmes...Romain Baheux avec François Launay
Il n’a pas le sens de la formule d’un Jean-Michel Aulas, pas l'amour de la grivoiserie d’un Loulou Nicollin ni la passion d’un Gervais Martel. Non, Nasser al-Khelaïfi ne possède rien de tout cela, mais il dirige l’un des clubs les plus riches du monde, opposé au Barça mercredi en Ligue des champions. Président du PSG depuis 2011 et l’arrivée des investisseurs du Golfe, le Qatari suscite de nombreux fantasmes. Décryptage avec des dirigeants qui ont croisé sa route.
Est-il inaccessible?
Costume impeccable, garde du corps à proximité, Nasser al-Khelaïfi prend place à côté de Nicolas Sarkozy dans la corbeille du Parc. A des années-lumière du quotidien de la majorité des présidents de Ligue 1, son standing laisse à penser que les échanges avec ses pairs sont limités. «Il n’est pas inaccessible et n'a pas la grosse tête, infirme Jean-Raymond Legrand, ex-président de Valenciennes. Il me répond encore au téléphone et aux textos.» Le Qatari sait donner de son temps, là où un Roman Abramovitch à Chelsea est souvent entouré d'une multitude de conseillers. «On peut manger juste à trois, avec lui, mon père (Loulou) et moi, raconte Laurent Nicollin, président délégué de Montpellier. On n’a pas l’impression d’être avec une rock star.» Pour la majorité des sujets, les dirigeants tricolores passent pourtant par le directeur général délégué Jean-Claude Blanc, ou par le directeur sportif adjoint, Olivier Létang. «Cet été, je suis passé par ce dernier pour leur proposer Benjamin Stambouli, explique le dirigeant héraultais. Nasser est au-dessus de ça.»
Est-il arrogant?
490 millions d’euros de budget annuel, ça pose un président quand il prend la parole sur les sujets du foot français. «D’autres aussi ont de l’argent. On ne fait pas le concours de qui a la plus grosse, explique Nicollin, présent à ses côtés au conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP). C’est un dirigeant d’un grand club avec ses problèmes» «Il défend ses positions en tenant compte des avis des autres», ajoute Jean-Pierre Louvel, président du syndicat des clubs professionnels (UCPF). Preuve de sa volonté de s’intégrer, Nasser al-Khelaïfi a fait l’effort d’apprendre le français, utilisé lors de ses passages devant les médias. Il tient aussi à s’exprimer dans cette langue avec les autres présidents.
S'y connaît-il en football?
«Avec Jean-Claude Blanc, il est très bien entouré.» La phrase revient en boucle pour évoquer le président du PSG. Une simple lecture de son CV suffit pour constater qu'il est davantage un pro des médias ou de tennis que de ballon rond. Homme de confiance du propriétaire du club, le prince Al-Thani, il est là pour construire la marque PSG, pas pour décider du programme de récupération de l’effectif. «A l’UCPF, il a apporté sa vision du football, différente de nos points de vue hexagonaux, explique Louvel. Il a ses idées sur ce que doivent être le spectacle et la télévision. Pour le football, il laisse ses techniciens travailler.» Avec le départ de Leonardo l’été 2013, le Qatari a dû s’investir davantage dans plusieurs dossiers. «Le directeur sportif, c’est moi», glissait-il en plaisantant au Parisien en septembre.
Mélange-t-il beIN Sports et le PSG?
Sa double casquette de dirigeant de club et patron de beIN Sports, abandonnée en mai avec son départ la chaîne, n'a pas toujours été simple à gérer. «A son arrivée, il a fallu lui expliquer pourquoi on ne le mettait pas sur les dossiers des droits télévisés mais il a assez vite compris les risques», décrit Louvel. «Lors des dernières négociations sur les droits TV, il a gardé son devoir de réserve», indique Laurent Nicollin. «Une fois, je lui ai demandé un service pour une diffusion, raconte Legrand. Il n’a pas voulu car il préfère rester à l’écart de tout ça.» Al-Khelaïfi suscite déjà assez de fantasmes comme ça.