Ski de fond: Les Français veulent rester dans les traces de Sotchi
SKI•Médaillés de bronze lors des Jeux de Sotchi en février dernier, les fondeurs de l'équipe de France attaquent la nouvelle saison de Coupe du monde avec ambition...Nicolas Camus
Un déclic. Du moins, ils l’espèrent. Neuf mois avoir décroché la première médaille olympique de l’histoire du ski de fond français en relais (et la deuxième seulement toutes disciplines confondues, après Rody Darragon en 2006), les fondeurs tricolores repartent pour une saison de Coupe du monde, ce week-end, à Kuusamo (Finlande). Avec dans un coin de leur tête le souvenir de la 3e place de Sotchi et les bienfaits dont ils pourraient en tirer pour leurs performances en individuel, où la marche vers les podiums mondiaux reste souvent trop haute.
Pour Jean-Marc Gaillard, Maurice Manificat, Ivan Perrillat Boiteux et Robin Duvillard, plus qu’un déclic ou une prise de conscience, c’est une question de confiance. «Le relais peut décomplexer individuellement. Ça montre qu’on n’a rien à envier aux autres, ou alors très peu de chose, avance Jean-Marc Gaillard, l’aîné de la troupe. Ça reste plus compliqué en individuel bien sûr, rien n’est automatique, mais ça permet de se dire qu’on est au niveau. C’est important de le réaliser, de ne pas faire de complexe d’infériorité.»
«On a deux bras et deux jambes, comme les Norvégiens, donc...»
Difficile, pourtant, d’avoir l’ambition de se frotter aux mastodontes de la discipline que sont les Norvégiens, les Suédois et les Russes. «On ne joue pas dans la même catégorie, notamment au niveau des moyens. Il ne faut pas rêver», prévient Gaillard, qui écume le circuit depuis 1999. Concrètement, le budget du nordique français (biathlon, ski de fond, combiné) pèse environ 2,5 millions d’euros, soit le budget du seul fond suédois. Le fonctionnement se fait à l’euro près. Mi-novembre, le directeur des équipes de France nordiques, Nicolas Michaud, a d’ailleurs démissionné car la Fédération lui a refusé une rallonge de… 70.000 euros.
Les Français ont toutefois la conviction qu'ils peuvent se battre avec leurs armes. «On a tout de même de bonnes conditions d’entraînement, reprend le fondeur d’Annemasse. Et puis on a deux bras et deux jambes, comme les Norvégiens. Donc…» Donc il serait possible de voir un Français sur le podium général de la Coupe du monde ? «Oui, c’est possible. Vincent Vittoz l’a fait une année [2e en 2005], veut croire Jean-Marc Gaillard. Surtout, au-delà de nous servir à nous, cette médaille en relais peut donner l’exemple aux plus jeunes, qui ont d’ailleurs de bons résultats en juniors et en moins de 23 ans.»
Du haut de ses 34 ans, ce dernier pense d'abord à la relève. «C'est vrai qu'on repart plus motivé après cette médaille, raconte Ivan Perrillat Boiteux. C’était génial de vivre ces émotions, et on a envie d’y goûter à nouveau.» Avant de songer au podium, le fondeur de 28 ans vise surtout pour cette saison une présence la plus régulière possible dans le top 10. «Il faut être réaliste», dit-il. Mais avec, désormais, une pointe de rêve teintée de bronze.