France-Australie: Camille Lopez, plus qu’un ouvreur de passage?
RUGBY•Le Clermontois, convaincant contre les Fidji, doit prouver qu’il a les épaules face à une grande équipe de l’hémisphère sud…J.L.
Si la fédération française ne l’a pas jugé assez bon politicien pour le dispenser d’un chaperon en la personne de Serge Blanco, Philippe Saint-André a pourtant tout appris de Clémenceau. Quand il veut noyer le débat autour du projet de jeu du XV de France, le sélectionneur des Bleus sort un nouvel ouvreur de son chapeau comment on pondrait une commission pour débattre de la hauteur des trottoirs dans les communes de moins de 1.500 habitants. Après Michalak, Talès, Trinh-Duc, Plisson et Beauxis, voilà donc Camille Lopez, reconduit face à l’Australie après une prestation honnête contre les Fidji.
«Etre plus précis dans les lancements de jeu»
Etant entendu qu’un ouvreur estropié, manchot, et aveugle d’un œil aurait sans doute suffi pour écrabouiller les Iliens au Vélodrome, il va sans le dire que le Clermontois joue sa place en Coupe du monde contre les Wallabies samedi. Au moins le droit de revenir la fois d’après et ainsi de suite, jusqu’au court-circuit qui remettra un de ses prédécesseurs dans le coup. «Il y a eu des choses intéressantes [face aux Fidji] et on veut aller encore plus loin avec ce XV de départ, a expliqué Saint-André à Marcoussis. Il y a eu une bonne alternance de la charnière la semaine passée, Il faudra être plus précis dans les lancements de jeu et être plus patient près de la ligne».
L’avantage de Lopez? Il peut compter sur son pote de chambrée -et de charnière- Sébastien Tillous-Borde pour réviser les fondamentaux à la lampe de chevet. «On parle tactique avant de se coucher, plaisante le Toulonnais. Ça nous permet d’écrire ce qu’on veut mettre en place sur le terrain. On doit diriger la manœuvre, donc c’est à nous d’être précis sur les détails qu’on veut transmettre aux autres». Ça, c’est leur job à tous les deux. Mais comment Tillous-Borde juge son compère, lui qui a droit au caviar tous les jours en club, avec Wilkinson, Michalak ou Giteau? «Camille est un joueur pragmatique, il trie bien les ballons, il a un bon jeu au pied, une grosse passe des deux côtés… il me fait penser un peu à Jonny, il est gaucher comme lui. Bon, c’est pas Jonny hein, mais il est très complet».
«Il me fait penser à Jonny Wilkinson»
La comparaison avec le Père, le Fils, et le Saint-Esprit de la confrérie des ouvreurs avait déjà été lancée par Fofana, soufflé par la capacité de travail de Lopez. «Seul le travail paie, répond humblement l’intéressé. J'ai découvert le rugby pro il y a seulement six ans. J’ai dû bosser énormément pour me mettre à niveau physiquement». Cela signifie qu’il lui reste de la marge, notamment au pied. Lopez a raté deux transformations, une pénalité et un drop samedi dernier. Une statistique à retourner un Wilkinson dans sa tombe. Heureusement, il lui reste un peu de temps pour l’améliorer avant que le futur consultant de France TV ne vienne juger son clone lors du tournoi des VI Nations.