Comment Tony Gallopin va devenir champion du monde à Ponferrada
CYCLISME•«20 Minutes» a écrit le scenario parfait pour une victoire du Français dimanche à Ponferrada…B.V.
Dans la vie, il faut rêver. La France est un pays de cyclisme mais n’a pas porté le maillot arc-en-ciel depuis trop longtemps. Pour remédier à ça, 20 Minutes a imaginé avec l’aide de l’ancien meilleur grimpeur de la Vuelta David Moncoutié, la course parfaite qui ferait d’une des meilleures chances françaises de la course en ligne dimanche à Ponferrada (Espagne), Tony Gallopin, un champion du monde. Le premier depuis Laurent Brochard, en 1997. Et c’était déjà en Espagne.
Km 0: Le briefing du sélectionneur
Vainqueur de la Clasica San Sebastian en 2012, d’une étape du Tour cet été et troisième du Grand Prix de Québec il y a quelques jours, Tony Gallopin est en forme et se présente comme la principale chance française sur le parcours réservé aux puncheurs de Ponferrada. Et Bernard Bourreau, le sélectionneur français, le sait.
L’avis de David Moncoutié: «Si j’étais sélectionneur, je lui dirais que le titre est jouable. Il est loin d’être le favori mais avec un concours de circonstance et s’il est dans un grand jour, ça peut le faire. Il a les caractéristiques pour ce genre de parcours. Lorsqu’il a gagné la Clasica l’an passé, il y avait le même genre de coureurs censés être plus rapides que lui. Il n’a pas de complexe à avoir.»
Km 30: L’échappée se dessine, Tony reste bien au chaud
Sa course commencera plus tard. Jusqu’au début de l’emballe, l’objectif de Tony est de rester bien au chaud dans le peloton, à l’abri des chutes et des ennuis mécaniques. Devant, l’échappée se dessine et un autre Français, Cyril Gautier, en fait partie.
L’avis de David Moncoutié: «Tony fait partie des coureurs ‘protégés’ de l’équipe de France, il doit donc attendre son heure tranquillement dans le peloton. Il peut être important d’envoyer un coureur à l’avant si des équipes fortes comme l’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne le font. Il faut se caler sur les autres équipes.»
Km 100: L’échappée prend six minutes d’avance…
R.A.S pour Gallopin, alors que l’échappée plafonne six minutes d’avance et continue d’avaler une partie des 14 tours de circuit prévus (18,2km le tour). Les Australiens, pour l’un des favoris Simon Gerrans, s’occupent de faire la chasse.
L’avis de David Moncoutié: «On a pas mal d’atouts et de très bons coureurs mais on n’est pas les favoris de cette course. Ce n’est pas à nous de faire le train.»
Km 200: La course s’emballe, les Français animent
A 55 kilomètres de l’arrivée, la vraie course s’accélère. Les échappés sont en passe d’être repris et Romain Bardet profite de l’antépénultième passage dans la deuxième ascension du parcours et du relais de Cyril Gautier pour en «placer une petite».
L’avis de David Moncoutié: «Ça va aussi être le scenario voulu par d’autres équipes de durcir la course pour éliminer les vrais sprinteurs comme Bouhanni ainsi que les équipiers des grands favoris. L’objectif est d’avoir une course assez dure dans les deux derniers tours.»
Km 230: Marquage à la culotte
On arrive bientôt dans le dernier tour, et il ne reste plus qu’une trentaine de coureurs pour la gagne. En supériorité numérique, les Espagnols attaquent dans tous les sens et font sauter les principaux sprinteurs: Degenkolb, Kristoff, Bouhanni, Matthews. Tony s’accroche.
L’avis de David Moncoutié: «C’est le moment où il doit essayer de suivre, comme il sait très bien le faire, de calquer sa course sur celle des favoris. Et dès qu’il sent une opportunité dans le dernier tour, il faut la saisir.»
Km 250: Les favoris se regardent, Tony attaque
Il ne reste plus que les 15 meilleurs aux abords de la dernière ascension. Après une nouvelle attaque de Valverde défendue par Sagan puis Gilbert, Tony part en contre en compagnie de trois outsiders moins surveillés: l’Américain Van Garderen, le Belge Van Avermaet et le Polonais Michal Kwiatkowski. Derrière, les favoris se regardent: l’Australie n’a plus personne pour chasser, Sagan est seul, «Purito» Rodriguez dans le rouge. Dan Martin chute.
L’avis de David Moncoutié: «Il doit faire comme il l’avait fait lors de sa victoire au Tour de France [ndr: il avait alors battu Sagan ou Gerrans]: anticiper une grosse bataille derrière et profiter du marquage. C’est une de ses qualités, de bien sentir la course. Pourquoi ne pas se retrouver dans un petit groupe lors du dernier tour? Il peut aussi tenter de partir seul mais il sera difficile de résister au retour des favoris sur plusieurs kilomètres dans la descente vers l’arrivée. Sauf si les autres nations n'ont plus d’équipiers pour lui rouler dessus…»
Km 254: Gallopin règle le sprint et lève les bras
Pas favori de ce petit groupe, Gallopin ne passe qu’un petit relais dans les derniers kilomètres. Dépassé par Van Avermaet au sprint lors du Tour de Wallonie il y a quinze jours, le Français prend sa revanche et devance le Belge d’une demi-roue sur la ligne. Le groupe des favoris est battu, neuf secondes derrière.
L’avis de David Moncoutié: «On sait que Tony a une bonne petite pointe de vitesse. Ça risque d’être compliqué pour battre au sprint des mecs comme Gerrans ou Sagan, mais en petit comité pourquoi pas?…»