Roi incontesté du 200m de fin 2011 à sa défaite mercredi en finale des championnats d'Europe de la distance où il n'a récolté que le bronze, à l'issue d'une course admirable de courage pourtant, Yannick Agnel est tombé de son trône à Berlin. Dans le bassin allemand, le nageur niçois exilé à Baltimore aux USA, n’a été que l’ombre de lui-même, peinant à se qualifier en finale et très loin, avec son chrono de 1’46’’65 en finale, des meilleurs mondiaux.

Pour conserver ses titres de champion olympique et champion du monde de la distance et retrouver sa glisse - qu’il lui a tant manqué à Berlin - dans les deux années à venir, Yannick Agnel doit maintenant mettre le doigt sur ce qui n’a pas fonctionné avec son entraîneur américain Bob Bowman. Autopsie d’un échec.

Changer son programme d’entraînement à Baltimore

Dès sa déception ravalée mercredi soir, après la céromonie protocolaire du podium, Yannick Agnel pointait son entraînement mal adapté pour aborder au mieux les championnats d’Europe. «Je crois que j’ai déjà analysé ce qu’il s’est passé. Et je pense que Bob Bowman aussi, notait-il, et ça va être important qu’on travaille dessus pour la suite. C’est un entraînement auquel je ne m’habituerai probablement plus à mon âge, un entraînement qu’on fait quand on a 15-16 ans… Je crois que j’ai besoin d’autre chose.»

Bow Bowman, l’entraîneur star qui a façonné l’immense Michel Phelps, est en effet réputé pour mettre en compétition son groupe de nageur à Baltimore et pour imposer à ses nageurs des charges d’entraînement considérables. Alors qu’à Nice, où il s’entraînait avec le groupe de Fabrice Pellerin, Yannick Agnel travaillait plus sa technique, tout en bossant le foncier bien sûr. S’il veut réussir en restant aux Etas-Unis, ce qu’il est parti pour faire, Agnel doit donc revoir son programme d’entraînement pour revenir plus fort.

Retrouver la confiance

Avec sa désillusion aux championnats d’Europe de Berlin, Yannick Agnel peut-il garder confiance en son entraîneur? C’est la question qu’il va devoir régler dans les prochains mois. «Ce que propose l’entraîneur est important mais le plus important c’est que l’athlète y croit, témoigne Denis Auguin, l’un des entraîneurs des Bleus. Il faut tout poser sur la table et ne pas avoir d’états d’âme, sans avoir peur de dire les choses, même si c’est Bowman, même si c’est les Etats-Unis.» C’est seulement avec une confiance entière dans sa nage et sa condition physique que Yannick Agnel pourra retrouver son meilleur niveau.

Mieux gérer la période de pré-compétition

Comme si son entraînement hyper-intense avec Bob Bowman ne suffisait pas, Yannick Agnel n’a allégé ses séances que quelques jours avant le début des championnats d’Europe. Cette négligence dans ce que les nageurs appellent «l’affutage» lui a sans doute coûté pas mal de forces à l'heure d'enchaîner les séries du relais, le 400m et le 200m à Berlin. Trop pour un corps fatigué.

Est-ce une négligence de Bob Bowman, qui des Etats-Unis n’a sûrement pas l’œil le plus attentif du monde sur les championnats d’Europe? Ou simplement une mauvaise lecture de la forme physique de Yannick Agnel? Difficile de répondre, mais la Fédération française de natation a déjà demandé à Bowman de mieux gérer «l’affutage» de son poulain pour les mondiaux de Shanghai à l’horizon 2015.