Roland-Garros 2014: Vis ma vie de juge de ligne
TENNIS•Ils sont 260 à participer au tournoi parisien…Romain Baheux
De notre envoyé spécial à Roland-Garros
Leur cri déchire le silence quand la balle meurt hors des limites du court. Presque à la meilleure place pour profiter du spectacle, les juges de ligne sont les relais de l’arbitre de chaise. Cette année, ils sont 260 à opérer sur les courts de Roland-Garros. François-Xavier, présent pour la première fois en 1985 dans ce rôle Porte d’Auteuil, décrit leur quotidien.
Le public. «On entend parfois des "Elle est dehors" dans les tribunes derrière nous. Souvent, c’est une erreur de perspective. Ils la voient dehors depuis leur position alors qu’elle est bonne. Sur des courts annexes, certains essaient de nous parler. Nous, on doit rester indifférent. Ça n’est pas notre job de discuter dans ces moments-là.»
Les joueurs. «Il faut faire attention à la trajectoire de la balle. Mardi, j’étais sur le Central pendant le match entre Raonic et Djokovic et le ramasseur n’a pas attrapé la balle qui filait. Elle a fini entre mes jambes mais j’aurais pu me la prendre dans le ventre à peu de chose près. Certains joueurs reculent aussi beaucoup quand ils jouent et c’est à nous de les esquiver. Une fois, Thierry Champion m’avait tapé la tête avec la raquette en voulant renvoyer une balle. Il s’était excusé mais il m’avait demandé "Pourquoi tu étais là?"»
La météo. «On peut enlever la parka, le pull et se mettre en polo en cas de trop forte chaleur. Par contre, il faut bien se coordonner parce que sur une même ligne, les juges doivent être habillés de la même manière. S’il y en a un qui a trop chaud, il doit convaincre les autres de se déshabiller (rires). Cette année, ça va mais en 1991, j’ai eu la chance de faire le match énorme entre Connors et Chang, quand Connors abandonne. Il faisait très chaud, on sortait du court la chemise trempée.»
Le positionnement. «On peut avoir un peu mal aux reins mais ça se passe souvent bien car on ne reste qu’une heure avant de tourner avec une autre équipe. Quand on est debout derrière les joueurs, il ne faut pas être "cassé" et toujours adopter la bonne position. C’est quelque chose que l’on nous apprend dans notre formation. Selon nos habitudes, on se penche plus ou moins vers l’avant. Sur le service, il y a aussi ceux qui décalent le haut du corps sur le côté pour mieux voir tomber la balle sur le court.»