Roland-Garros 2014: Quels sont les secrets d’un bon «Popopopopopo… polololo…Olé» lancé du public?
TENNIS•Analyse du chant préféré des spectateurs de Roland-Garros…Julien Laloye, avec Romain Baheux
De nos envoyés spéciaux à Roland-Garros,
Dans les allées de Roland-Garros, il se reconnaît de très loin. Souvent en meute, l’âge bête juste derrière lui, le look décontracté, la joie bruyante, et le sourire du ravi de la crèche toujours partant pour une bière un soir de feria. Lui, c’est le capo du Chatrier et du Lenglen. Celui qui n’a qu’une obsession: lancer un «Popopopopopo… polololo» avec assez de coffre pour que l’ensemble du public lui réponde par un «Olé…» sonore au moment propice. Grégory, 28 ans, colle parfaitement au profil: «J’essaie de venir ici chaque année avec mes potes et on le tente sur un court. Cette année, c’était sur le Lenglen. Il faut oser y aller car il y a toujours la peur de se prendre un vent. Il y a quelques années, je m’étais lancé sur le court n°2 et personne ne m’avait suivi. La honte.»
«C’est une sonnerie ouverte, l’appel est trop tentant»
Car un bon «Popopopopopo… polololo» ne se commande pas. Il se renifle, se devine, selon l’atmosphère, la température, le score, ou l’attitude des joueurs. Au changement de côté? D’accord, mais pas trop tôt dans le match, le public n’est pas encore chaud. Entre deux points? Risqué, le serveur peut s’agacer. Surtout, un bon «Popopopopopo… polololo» doit être assez rare pour ne pas lasser, juge Fabrice. «C’est drôle quand c’est fait de temps en temps, mais il faut que ça reste raisonnable. Parfois, certains le font vingt fois dans un match et ça devient lourd. On a l’impression que c’est presque un pari.» Le premier mercredi de la quinzaine, jour des enfants – ceux en plein âge bête, pour le coup- le phénomène prend en effet des proportions gênantes. «Quand on était mômes c’était le grand jeu quand on venait ici, se souvient Jo-Wilfried Tsonga. Celui qui osait se lancer avait droit au respect de tous les autres. Enfin, si le public répondait.»
«Le public répond toujours, c’est une sonnerie ouverte, l’appel est trop tentant», explique Maxime Arcos, fondateur de la banda parisienne «Kalimucho», pour qui le «Popopopopopo… polololo» est une affaire de gens sérieux. «Ce sont les premières notes d’En er mundo, un vieux paso-doble de corrida très connu, qui ne se joue presque plus maintenant. Mais dans le monde du sport, cela fonctionne très bien, il n’y a pas de note plus festive pour mettre l’ambiance». Et Maxime sait de quoi il parle, lui qui doit jouer l’air une bonne centaine de fois par an avec sa banda, entre les matchs du XV de France à Saint-Denis, ceux du Stade Français à Jean-Bouin, ou du Paris-Levallois à Coubertin. Mais, à Roland-Garros, jamais.
«Ça fait un peu cliché quand même»
«Ce serait pas une mauvaise idée, pourtant. On pourrait s’installer en tribunes et jouer entre les jeux. Ça se fait bien pendant les corridas, pour accompagner la passe d’un torero, alors pourquoi pas en tennis?» La perspective fait frémir Julie, spectatrice assidue – et silencieuse- du tournoi. «Ca fait partie de Roland-Garros mais je trouve que ça fait un peu cliché quand même, encore plus quand ce sont des Espagnols qui jouent. C’est parfois même un peu ridicule.» Quand même pas autant que ceux qui crient «Vamos Rafa» entourés d’un drapeau espagnol avec un taureau au milieu? A moins que ce ne soient les mêmes.