Roland-Garros: Laurent Lokoli, derrière le showman, le tennisman?
TENNIS•Le jeune Corse de 19 ans découvrira le tableau final de Roland-Garros mardi face à Johnson…J.L.
C’est la dernière hype de la danse française en date. Enfin, pardon, du tennis français. Depuis sa battle de breakdance avec Gaël Monfils sur le central samedi, Laurent Lokoli s’est gagné une notoriété médiatique inattendue en même temps que le statut annuel du «jeune espoir français qui va tout casser dans les dix ans qui viennent», dont ne s’est toujours pas remis Gianni Mina. Voilà pour le portrait en surface. Car ce jeune corse de 19 ans, moins flambeur qu’il en a l’air, est allé chercher sa place dans le grand tableau avec les dents, sortant des qualifications en sauvant des balles de match. Cela méritait de s’y intéresser de plus près.
Il est aussi showman que Gaël Monfils
Revenons sur la fameuse «battle » en question. «C’est Gaël qui m’a cherché en disant «Ah t’es un bon danseur,on va voir ça». Mais on l’a fait parce que c’était une bonne cause et parce qu’il y avait les enfants. Malgré tout, il n’y a pas de demi-mesure chez moi, j’ai de la fougue et je vous assure que je ne joue aucun rôle.» Du Monfils dans le texte.
Rafraichissant au premier abord, plus problématique sur la longueur? Le garçon, à peine 406e mondial pour l’instant, assure qu’il ne rentrera pas sur le court avec un peignoir de boxeur comme le Parisien en son temps. «J’ai vu sur les réseaux sociaux qu’on m’appelle El Loco, j’aime bien ce surnom. Mais Il ne faut pas s’enflammer. Mon rêve et mon but, c’est de devenir le meilleur mais j’en suis loin. Je reste humble. Demain, je vais peut être perdre, peut-être gagner, mais je donnerai tout.» Ce sera face à l’Américain Jonhson, pour le premier match au meilleur des cinq sets de sa carrière.
Il est aussi offensif que Jo-Wilfried Tsonga
Le joueur de tennis Laurent Lokoli, en revanche, serait plus Tsonga que Monfils. Des grandes claques de coup droit, des services de dinosaure et des montées au filet sabre au clair. «Mon tennis a mis du temps à se mettre en place, mais je suis un joueur offensif qui aime provoquer les choses. J’aime frapper fort, faire mal à la balle, en coup droit surtout, glisser quelques services volées… Attendre que ça se passe, ce n’est pas mon truc.»
Jo-Wilfried Tsonga, n'y voit pas tout à fait un «mini-moi», mais pas loin. «C’est incroyable ce qu’ils sont capables de faire à cet âge, ils sont puissants, jouent vite. Je le connais, il vit son truc à fond. C’est beau à voir, j’ai l’impression de me revoir en 2003, 2004, il doit canaliser ça et continuer de bien jouer.» Pour gagner en constance et en régularité au cours d’un même match.
Il est aussi sérieux que Novak Djokovic
Même pas dans les radars du circuit professionnel l’an passé à la même époque, Lokoli a connu le déclic cet été, chez lui à Calvi. Quatre jours passés en compagnie de Novak Djokovic qui ont changé sa perception du métier. «C’est quelqu’un d’incroyable. J’ai eu une chance énorme de partager des moments avec lui. J’aime son jeu et aussi l’homme qu’il est. Il m’a donné des conseils que je garderai pour moi.» Impossible d’en savoir plus, si ce n’est que le garçon s’est remis au turbin avec un sérieux renouvelé. «Je suis travailleur, c’est quelque chose qui m’a été inculqué par mes parents très tôt (son père était un footballeur professionnel, ndlr). Il y a un an j’étais 1100e mondial, aujourd’hui je suis encore le moins bien classé du tableau. J’ai des rêves et des objectifs, mais je sais rester à ma place.» Sauf quand il y a de la musique dans le coin.