Ligue 1: «Je lis des conneries dans les journaux», déplore Francis Gillot
•FOOTBALL – Le coach de Bordeaux, qui va quitter le club à l’issue de la saison, a donné son dernier point de presse jeudi matin au Haillan…Propos recueillis par Marc Nouaux
Ca y est, c’est la fin. Ce jeudi, Francis Gillot a donné sa dernière conférence de presse à Bordeaux. Après trois ans au club, il va quitter la Gironde. Sur fond d’amertume, de reproches et d’agacement, le Nordiste en a profité pour glisser quelques tacles et a laissé entendre les raisons de son départ.
Vous savez ce que vous allez faire l’année prochaine?
Non. Je lis les journaux pour savoir... Je ne sais pas, au début, c’était une année sabbatique, après à Sochaux, après au Qatar, la prochaine je ne sais pas, j’attends de voir.
Faire plus de trois ans, c’est trop difficile quand on est coach?
Si on n’est pas manageur, c’est compliqué. On est trop dépendant du recrutement, du président, de choses que l’on ne maîtrise pas et qui, parfois, peuvent déraper. Je suis quand même assez étonné des garçons qui démarrent leur carrière et qui au bout de trois ans en ont ras-le-bol. A l’époque, quand j’avais démarré, au bout de trois ans, j’avais toutes mes forces tandis qu’aujourd’hui, on est épuisé. C’est là que l’on voit toute la difficulté de ce métier. Trois ans, c’est déjà pas mal. Sans lassitude, c’est compliqué. Trois ans, c’est long quand même. Je connais les règles du jeu. C’est une issue naturelle. On se dit qu’il vaut mieux arrêter. C’est une réflexion qui arrive petit à petit.
C’est de voir votre effectif s’affaiblir tous les six mois qui vous a poussé à arrêter?
Je connaissais les règles du jeu, je ne me suis jamais plaint de ne pas avoir de joueurs. A partir du moment où on est n’est pas manageur, on accepte l’effectif que l’on a à disposition. Sinon, on s’en va. Je ne me suis jamais plaint que l’on avait vendu tel ou tel ou pas pris tel ou tel. Un entraîneur fait avec son effectif et si ça ne marche pas, il s’en va.
L’ère de l’hyper-communication est-elle préjudiciable pour les entraîneurs?
Moi, je n’ai pas une bonne presse parce que je l’ai voulu. Je savais comment cela se terminerait. Il y en a que j’apprécie et d’autres que je n’apprécie pas. C’est sûr qu’on peut faire semblant comme font certains entraîneurs. Moi, je n’y arrive plus.
Vous avez le sentiment d’avoir été pris en grippe par les médias?
Evidemment. Vous avez de la merde dans les yeux? Vous êtes sourd? [Sourires]. Je n’en veux pas à tous. Je lis des conneries dans les journaux, je vois par exemple que je n’aime pas la région de Bordeaux. C’est faux et archi-faux. Je vois que je n’ai pas de discussion avec Yannick Stopyra [responsable du recrutement des jeunes] avec Patrick Battiston [Directeur du centre de formation]. C’est faux et archi-faux. Pourquoi on écrit ça alors que c’est faux? Voilà deux exemples et il y en a pleins. Il n’y a pas que la presse écrite. Il y a la radio et la télé. Il y en a avec qui je suis bien et d’autres pas bien. Je n’ai pas voulu répondre entre les points presse, car il y a des journalistes qui m’appelaient jusqu’à minuit le dimanche soir. J’ai supprimé tout ça. Pas pour emmerder le monde, mais parce que je voulais avoir un peu de temps pour moi. Ce n’était pas pour boycotter la presse mais des gens n’ont pas compris ça. Si je ne réponds pas à la presse pour un article, l’article est différent. Mais je l’ai accepté. Je vais jusqu’au bout de mes idées.