Catastrophe de Furiani: «Un 5 mai, je n’envisage pas qu’on fasse la fête autour du foot», regrette Didier Grassi
FOOTBALL – Le porte-parole du collectif «Pas de match le 5 mai»…Propos recueillis par Antoine Maes
Comme tous les ans depuis 1992, ils défileront devant la stèle commémorative posée près du Armand-Cesari. Puis ils assisteront à une messe en mémoire. Depuis 22 ans, la Corse est marquée par la catastrophe de Furiani, et l'effondrement d'une tribune lors d'un match de Coupe de France contre l'OM qui a causé 18 victimes. Aujourd’hui, le collectif «Pas de match le 5 mai» se bat pour que cette date devienne un rendez-vous commémoratif autour de «la plus grande tragédie du sport français», comme l’explique Didier Grassi, le porte-parole.
Vous réclamez qu’on ne joue plus le 5 mai en mémoire de la catastrophe de Furiani. Pourtant, en Angleterre, on joue le jour de la date de la catastrophe du Hillsborough…
On nous l’oppose souvent. Mais il faut voir la commémoration là-bas, c’est quelque chose de très, très fort, et on ne retrouve pas ça sur Furiani. Hillsborough, même si la responsabilité des forces de l’ordre a été engagée, c’était un mouvement de foule. Furiani ce n’était pas ça, il y a des responsabilités qui sont multiples: au niveau de l’Etat, au niveau local, sportif et politique, au niveau de la FFF... On ne peut pas comparer ces catastrophes. Au niveau national il n’y a rien. Vous allez sur le site de la FFF ou de la LFP aujourd’hui, il n’y a même pas un mot. C’est concentré sur la Corse et sur Marseille.
Selon vous, il y a une forme de déni?
Les autorités nationales du foot français n’ont jamais voulu reconnaître leur responsabilité dans la catastrophe. Et pourtant la justice avait pointée du doigt la délivrance de 10.000 billets sans vérification de la capacité d’accueil. Il y a aussi le fait que les deux principaux responsables du foot français aujourd’hui étaient d’une manière ou d’une autre associés à la catastrophe. Noël Le Graët était président de la Ligue à l’époque, et Frédéric Thiriez défendait la FFF avec son cabinet d’avocat.
Quel serait l’objectif d’une date commémorative?
Qu’on utilise cette date pour sensibiliser les jeunes sur les déboires du foot pro. Pour nous, cette catastrophe est dû au «foot-fric» est uniquement à ça. Nous on dit qu’il faut profiter de cette commémoration annuelle pour sensibiliser les plus jeunes sur ce que peut être le foot dans ce qu’il a de plus moche. Un 5 mai, je n’envisage pas qu’on puisse faire la fête autour du foot, pendant que nous à Bastia voire à Marseille, on commémore ce qui a été la plus grande catastrophe du sport français
Vous avez rencontré Najat Vallaud-Belkacem vendredi dernier. S’est-elle engagée à sanctuariser le 5 mai?
Il y a une petite porte qui s’est entrouverte. Elle a reconnu qu’on ne pouvait s’exonérer d’une commémoration. Elle est prête à rouvrir le dossier, à reprendre contact avec les autorités du foot. Elle n’a pas dit clairement dit qu’elle était favorable à un gel de cette date dans le calendrier. Mais ce n’est pas non plus un «non». Le procès n’a pas permis aux gens de faire leur deuil. L’ingénieur a été emprisonné, derrière il y a eu quelques peines de sursis, et puis c’est tout. Alors qu’on sait clairement qu’il y a des responsabilités très graves.