SANTELes sportifs sont-ils plus touchés par la maladie de Charcot?

Les sportifs sont-ils plus touchés par la maladie de Charcot?

SANTEAlors que l’ancien joueur de tennis Jérôme Golmard a été diagnostiqué en janvier dernier…
Antoine Maes

Antoine Maes

La loi des séries n’est pas une preuve scientifique, mais elle fait parfois froid dans le dos. Avant Jérôme Golmard, qui a déclaré avoir été diagnostiqué en janvier dernier de la maladie de Charcot, de nombreux sportifs de haut-niveau ont eux aussi souffert de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), à l’image de l’ancien springbok Joost Van der Westhuizen. Le nom anglais du SLA? «Lou Gehrig Syndrom», du nom d’un joueur de baseball américain mort de cette pathologie en 1939.

En France, entre 6.000 et 8.000 personnes souffrent de cette maladie neurodégénrative qui entraîne une paralysie des muscles, jusqu'à empêcher le patient de respirer. «Il est tentant de penser que c’est une maladie qui touche les personnes faisant du sport de façon intensive, explique Yves Tronchon, directeur délégué de l’ARSLA. Mais on ne peut pas dire que ça a un effet déclencheur, sinon il y aurait beaucoup plus de malades qui font du sport de haut niveau. Et puis, pourquoi les personnes qui ne font pas beaucoup marcher leurs muscles sont aussi la malades?».

«Je crois qu’il y a un effet grossissant, plus médiatique qu‘autre chose»

En 2008, une enquête dans le Calcio, où une cinquantaine de cas de maladie de Charcot a été détecté depuis les années 1980, démontre un chiffre ahurissant: la proportion de malades serait six fois plus forte que dans la population normale. «Tout le problème pour dire que c’est plus fréquent, c’est d’avoir un chiffre de référence correct dans la population normal, ce dont nous manquons un peu, voire beaucoup», nuance le professeur Vincent Meininger, spécialiste de la LSA. «Je crois qu’il y a un effet grossissant, plus médiatique qu‘autre chose, et qui n’a pas été vérifié par des études scientifiques», ajoute Yves Tronchon.

Mais les chercheurs ont tout de même quelques indices sur l’impact de la pratique sportive dans le développement du SLA, sans même se pencher spécifiquement sur un éventuel dopage. Récemment, le docteur Benoît Marin, neuro-épidémiologiste à l’INSERM, a étudié de près 37 études sur le sujet. Conclusion? «L’activité physique et/ou sportive n’est pas en soi un facteur de risque de la SLA, mais un facteur qui pourrait interagir avec un déterminisme génétique».