FOOTBALLPSG-Chelsea: «José Mourinho impose son état d’âme à tout un groupe», selon Thibaud Leplat

PSG-Chelsea: «José Mourinho impose son état d’âme à tout un groupe», selon Thibaud Leplat

FOOTBALLIl est l’auteur d’une enquête fouillée sur l’entraîneur portugais, dont le Chelsea affronte le PSG ce mardi soir…
Antoine Maes

Antoine Maes

Que doit redouter le plus le PSG lors de son affrontement avec Chelsea? A cette question, la plupart des gens ne répondront pas Eden Hazard, mais José Mourinho. Malgré une image écornée par son passage au Real Madrid, l’entraîneur portugais fait tout de même figure d’épouvantail. Voyage dans la méthode du «Special One» avec Thibaud Leplat, auteur du Cas Mourinho, enquête fouillée (Editions Hugo Sport).

Qu’est-ce qui fait que José Mourinho fascine autant?

Il dit quelque chose sur la médiatisation du sport et la starification des individualités. C’est peut-être le premier entraîneur spectacle. Ce qui est marrant chez lui, c’est que plus il en dit, plus il fait marrer. Il est mal vu des susceptibles et des grincheux. Mais Mourinho, ce n’est pas un clown. L’affaire Canal avec Eto’o, on n’en a pas reparlé, mais derrière il met cinq buts. Il applique des méthodes qui sont utilisées dans d’autres secteurs que le foot, mais ça fait partie de sa méthodologie. Elle vient des sciences cognitives pour l’entraînement et de la politique pour la communication.

D’où vient son lien si fort avec ses joueurs?

Il est l’homme qui impose son état d’âme à tout un groupe. Lui et le groupe sont quasiment la même personne. C’est aussi pour ça qu’il travaille sur des périodes très courtes, parce que c’est très intense. Il demande une dévotion totale à son égard. Pas seulement pour une question d’ego: toute sa méthode est basée sur l’intensité. Il ne programme pas sa saison sur une année, il raisonne sur des périodes de trois matchs.

Pourquoi ça s’est mal passé pour José Mourinho au Real Madrid?

Le Real était plus grand que lui. La mythologie du Real existait déjà, et lui a imposé la sienne, ce n’était pas raccord avec le club. Et je pense que Mourinho est plus grand que Chelsea. Après, il a perdu de son aura. Pour la première fois, on a entendu des joueurs le critiquer publiquement. Il n’y a pas eu d’unité du vestiaire derrière lui. Un joueur, quand tu lui demandes de choisir entre Mourinho et Chelsea, il aura tendance à choisir Mourinho. En revanche, entre le Real et Mourinho, les joueurs choisiront le Real.

Comment a-t-il vécu cette période?

Il a perdu de son aura. Le premier choix d’Abramovitch, c’était Guardiola. Il a souffert de son passage à Madrid, parce qu’on s’est rendu compte qu’il était capable de mettre un grand club à feu et à sang. Est-ce qu’il n’est pas victime de sa méthodologie façon terre brûlée? Il a fait des petits, comme Villas-Boas ou Steve Clarke. Mais quelqu’un comme Brendan Rodgers, à Liverpool, a la même méthodologie, mais n’a pas repris ce côté inflammable. A long terme, est-ce que ce n’est pas plus rentable d’être Brendan Rodgers que José Mourinho?

Quel est son rapport avec le Portugal et la sélection? Et quand sera-t-il sélectionneur?

Quand Ronaldo sera vieux ou parti. Il décidera quand il voudra, mais il a dit qu’il voulait le faire avant sa retraite. Au Portugal, j’ai vu beaucoup d’entraîneurs, Mourinho c’est le Magellan du foot portugais. Il a ouvert la mode des entraîneurs portugais. Ils sont parmi ceux qui s’exportent le plus aujourd’hui. Il a ouvert les vannes, et tout le monde lui est reconnaissant. Il a vendu l’image du technicien portugais à la pointe.