Il se moque de Gignac, vanne Zoumana Camara et affirme que la Coupe du monde aura assez peu d’intérêt en son absence. Star du football mondial, Zlatan Ibrahimovic a construit sa légende tout au long de sa carrière. Pour 20 Minutes, un philosophe, un auteur de BD et un psychologue du sport livrent leur interprétation de la personnalité de la star du PSG.

Sylvain Portier, professeur de philosophie et intervenant sur Ibrahimovic lors d’une conférence: «Zlatan se rapproche de Nietzsche»

«Il a gardé cette âme d’enfant, il veut être fier des buts qu’il met. Dans notre société, c’est mal vu de dire que l’on est très fort mais un enfant peut le faire sans cette volonté d’écraser l’autre. C’est un contentement sans ressentiment, comme dirait Nietzsche, sans doute le philosophe qui se rapproche le plus de lui par cette définition de la puissance, la volonté de ressentir le plaisir d’aller au bout de ses compétences, sans chercher de prétexte lorsqu’on échoue. Il incarne la liberté de ton et de gérer sa carrière. Il a aussi eu la liberté de choisir son destin, alors que son enfance aurait pu le changer en voyou. Paradoxalement, il est enchaîné à cette image d’homme libre. On attend de lui qu’il assure le spectacle constamment et qu’il fasse des déclarations fracassantes.»

Jean-Cyrille Lecoq, psychologue du sport: «Presque un côté animal en lui»

«Zlatan c’est une caricature de sportif de haut niveau. Il ne doit pas montrer de faiblesse, c’est presque un côté animal en lui. Chambrer, ça fait partie du foot et Ibrahimovic le fait pour déstabiliser l’adversaire. C’est habituel dans la culture anglo-saxonne et c’est pour cela que ça passe mal parfois en France. Regardez en rugby, les Anglais s’en prennent toujours à notre joueur le plus faible quelques jours avant le Crunch. C’est la même façon de faire. Après, Zlatan se permet de faire ça parce qu’au PSG tout tourne autour de lui: la phase de découverte est finie, le public et les joueurs sont en admiration devant lui. Il a besoin de le sentir et c’est pour ça qu’au Barça, cela n’a pas marché avec Messi. Mais Ibra a un grand respect pour ceux qui ne sont pas des concurrents directs et qui sont aussi bons que lui dans son équipe. Il ne dira jamais un mot plus haut que l’autre à Thiago Silva, mais il le ferait s’il ne jouait pas à Paris. Quand Ibra réprimande ses équipiers, c’est par souci d’exigence.»

Pat Perna, auteur des BD Ainsi parlait Zlatan et Dans la peau de Zlatan: «Un physique de tueur de l’Est»

«A lui tout seul, c’est déjà un personnage de BD, on n’a pas besoin d’en rajouter, il est lui-même une caricature. Pour faire son personnage, on a tiré sur les fils qui ressortaient le plus de sa personnalité: l’égocentrisme et son côté brute épaisse, le type qu’il ne faut pas embêter. Il a ce côté tueur froid, on dirait un tueur des pays de l’Est dans une série B américaine. Pour la caricature physique, il y a évidemment son nez mais il y aussi sa posture. Même dans le dessin, il domine. Si on devait le rapprocher d’un autre personnage de BD, ce serait Krän Le Barbare. Mon but, c’était de le rendre sympathique pour le lecteur. Je ne voulais pas faire une caricature de lui méchante.»