Sotchi 2014 : Le fond, parent pauvre du nordique enfin récompensé
SKI DE FOND•Médaillés de bronze lors du relais, les fondeurs de l’équipe de France décrochent la première médaille depuis 2006 aux Jeux. La deuxième de l’histoire…Romain Scotto
De notre envoyé spécial à Sotchi (Russie),
En débarquant en tenue de compétition pour leur conférence de presse, les fondeurs français ont réalisé qu’ils n’étaient pas tout à fait rompus au protocole des médailles. Forcément, l’équipe de France n’en avant pas gagné depuis l’unique deuxième place de Rody Darragon, en sprint à Turin (2006). Obligés d’enfiler un survêtement en vitesse, les tous nouveaux médaillés de bronze découvrent donc un plaisir réservé historiquement aux biathlètes ou aux combinés, les disciplines fortes du sport nordique français.
En un relais, Gaillard, Manificat, Duvillard et Périllat-Boiteux ont donc effacé des années de frustration. De malaise même. Cette fois, ils ne repartiront pas des Jeux en regardant les autres trinquer au champagne au club France. «Oui, c’était frustrant», avoue Maurice Manificat, à peine remis de sa célébration de joie dans l’aire d’arrivée. «A force de voir les autres sur les podiums, les gens croyait que c’était facile. Mais ça ne l'est pas pour nous. On n’en a pas souffert parce qu’on savait qu’à un moment, ça allait payer», poursuit le fondeur, qui insiste aussi sur les années de travail accumulées.
Des chambres hypoxiques à l’entraînement
«On ne s’est jamais senti inférieurs à d’autres disciplines même si on était le parent pauvre, poursuit Jean-Marc Gaillard. On n’a jamais été jaloux, parce que c’est hyper important pour le ski français qu’il y ait des médailles. Dans n’importe quelle discipline. Mais pour nous aussi.» Lors des derniers Jeux, les Bleus avaient souvent flirté avec les podiums en finissant 4es des deux derniers relais. Pour gravir cette petite marche, tout a été mis en œuvre cette année avec notamment l’utilisation de chambres hypoxiques à l’entraînement.
Régulièrement placés en Coupe du monde, voire sur les podiums, les Français ont toujours cru que leur travail serait enfin récompensé. «Nous, on avait cette motivation de la nouveauté. De la première fois», insiste Gaillard, 33 ans, qui ne sera pas à Pyeongchang dans quatre ans. Derrière lui, les Bleus pourront s’appuyer sur une équipe un groupe de moins de 23 ans prometteurs, multi-médaillé lors des derniers championnats du monde. Pour que la France n’attende plus huit ans avant de gagner une autre breloque aux JO.