JEUX OLYMPIQUESSotchi 2014: Pourquoi les skieurs sont-ils militaires ou douaniers?

Sotchi 2014: Pourquoi les skieurs sont-ils militaires ou douaniers?

JEUX OLYMPIQUESC’est une tradition historique en équipe de France…
Romain Scotto

Romain Scotto

De notre envoyé spécial à Sotchi (Russie),

Pour Martin Fourcade, Anémone Marmottan ou Adrien Théaux, la saison ne débute pas à la tombée des premières neiges de l’hiver. Bien avant, en plein été, c’est lors d’un stage commando à l’école des fusiliers marins de Lorient, ou à la base navale de Brest que certains membres des équipes de France de ski transpirent leurs premières gouttes. Un passage obligé pour les 25 athlètes de la fédération française de ski, affiliés par convention à l’armée ou aux douanes.

«Au début du XXe siècle, les douaniers ou les militaires avaient besoin de personnes compétentes sur les skis pour arrêter les contrebandiers aux frontières. Ils ont employé des très bons skieurs», indique Sébastien Lacroix spécialiste du combiné nordique et douanier. Comme tous ses camarades, il bénéficie donc d’un salaire fixe à l’année et d’une perspective de reconversion en fin de carrière. Une aide précieuse pour des amateurs qui n’ont parfois aucune rémunération en dehors de leurs primes de victoire.

«Leur transmettre des valeurs de dépassement de soi»

Dans les faits, les skieurs concernés ne travaillent pas pour l’armée ou les douanes. Ils se contentent de les représenter à l’international. «A l’année, c’est un contrat d’image, on est payé à ne pas bosser», reconnait un athlète préférant garder l’anonymat. Pour autant, tous ont fait leurs classes, le recrutement, le travail de maniabilité des armes ou les stages. L’objectif est double selon Alexandre Rousselet, sergent chef de l’armée: «leur transmettre des valeurs de dépassement de soi, de cohésion de groupe et apprendre à connaître le milieu militaire afin qu’ils sachent de quoi ils parlent.»

En compétition, tous ont l’obligation de participer aux championnats du monde militaires et des douanes en fin de saison. «Le contrat est renouvelé tous les ans en fonction des résultats. Avec la possibilité de se reconvertir», indique la biathlète Marie Dorin qui n’exclut pas de poursuivre dans cette voie une fois sa carabine rangée. En attendant, elle bénéficie comme les autres d’une couverture sociale et cotise pour sa retraite. «Des petites choses qui rendent la vie moins aléatoire.»

«C’était difficile de travailler à côté des compétitions»

Ancien assistant commercial dans une entreprise d’emballage alimentaire, Sébastien Lacroix a lui-même émis le souhait d’être salarié des douanes. «C’était difficile de travailler à côté des compétitions», avoue-t-il. Parfois, les skieurs s’appuient aussi sur le savoir faire de l’armée pour progresser. Avant les Jeux, le snowboarder Pierre Vaultier a ainsi reçu un relevé météorologique détaillé de la part de sa hiérarchie, prête à tout pour l’aider à entonner la Marseillaise. Au garde-à-vous si possible.