Sotchi 2014: Brian Joubert «ne veut plus porter les Jeux comme un fardeau»
JEUX OLYMPIQUES•Le Français dispute son dernier programme à des JO qui ne lui ont jamais porté chance...Julien Laloye
De notre envoyé spécial à Sotchi,
Monsieur poisse est de retour pour une dernière tournée aux JO. Mais cette fois quelque chose a changé chez Brian Joubert. Il ne s’énerve plus quand on lui fait remarquer que toutes ses campagnes olympiques ont frisé la catastrophe, avant ses débuts, jeudi, en programme court sur la patinoire d’Adler. «Ca ne me dérange pas du tout d’être considéré comme un maudit des Jeux parce que j’ai pris du recul par rapport à ça. Je le vis beaucoup mieux qu’il y a quelques années. Il y a un patineur, le Canadien Browning, il a été je ne sais combien de fois champion du monde, il s’est toujours planté aux Jeux et je crois savoir qu’il le vit très bien. Moi c’est pareil.»
«Ca ne me dérange pas qu’on dise que je suis maudit»
On est loin des «Jeux olympiques de merde» lancés il y a quatre ans après l’échec de trop à Vancouver. Pourtant, il y a de quoi s’énerver en faisant les comptes. Salt Lake en 2002? «Ma coach s’est retrouvée enceinte et mon entraîneur adjoint a dû rentrer pour des problèmes personnels, je me suis retrouvé tout seul.» Turin en 2006, où il ne fait pas mieux que sixième? «C’est là où j’avais la plus grande chance de médaille. C’est un énorme regret.» Vancouver 2010, où il arrive en pleine bourre? «Je m’étais planté d’approche, l’échec était prévisible». Fin décembre, après les championnats d’Europe, c’était encore parti pour mal se goupiller. Brian Joubert, lassé de se sentir exclu par la nouvelle garde du patinage français, avait fini par laisser éclater sa colère.
A peine deux mois après, c’est tout sourire que l’on retrouve les deux hommes à la patinoire d’Adler. Ca parlotte, ça plaisante, ça chambre les journalistes. Qu’est-ce qui s’est passé entre-temps ? «On a aplani les choses parce que moi je ne comptais pas disputer les JO dans les mêmes conditions que les Europe.» Surtout, Joubert est moins attendu. Personne ne le voit faire mieux qu’un top 10 méritoire malgré le retour aux affaires de Morozov, et il le sait. «Le fait de ne pas avoir la pression du résultat change la donne. Je n’aborde plus ces Jeux comme un fardeau. Je suis plus relax, plus détendu, vraiment dans l’optique de profiter de cette quinzaine, m’ouvrir aux autres, et rester jusqu’au bout.»
«Envie de profiter de cette quinzaine»
De là à dire que Joubert patine à Sotchi en touriste, il y a quand même une petite marge. «Je peux faire un bon programme. Maintenant, ça fait douze ans que j’évolue au haut niveau, mon sport a énormément évolué. A Salt Lake, quand on passait le quadruple saut, on était sûrs de faire podium. Aujourd’hui, les jeunes patineurs ont un niveau technique exceptionnel. J’ai plus de recul par rapport au résultat.» Un peu comme Plushenko, sauf que ce dernier a eu droit à sa sortie de tsar russe lors de l’épreuve par équipe. Malheureusement pour lui, le Poitevin devrait terminer une carrière à peine mois glorieuse dans l’indifférence. A moins que…