Il fut un temps où l’équipe de France se faisait pour moitié à Arsenal. Aujourd’hui, elle se fait à Newcastle. Ils sont quatre Magpies à avoir été sélectionnés par Didier Deschamps pour la double confrontation face à l’Australie et la Finlande. C’était plus que l’OM avant que Rod Fanni ne vienne suppléer Bacari Sagna, et cela interpelle forcément quand on regarde le classement de Newcastle en Premier League (11e). «Pourquoi on est aussi loin de la tête? Je ne sais pas, on travaille pour s’améliorer», répond sans se mouiller Loïc Rémy, interrogé sur le sujet à Clairefontaine. «C’est toute la beauté du foot anglais», vole à son secours Jean-Luc Arribart, qui commente les matchs de Newcastle sur Canal+. «C’est un championnat où le dernier est assuré de ramasser 70 millions d’euros grâce aux droits TV. Ça permet de monter des équipes beaucoup plus compétitives qu’en Ligue 1. Derrière Monaco et Paris, Newcastle aurait son mot à dire en France.»

«Individuellement, ils ont le niveau des Bleus»

Laurent Robert, cinq ans à Newcastle au début des années 2000, sera le dernier à dire du mal des Magpies, «un grand club avec un super stade et des fans exceptionnels». Mais l’ancien Parisien a du mal à partager l’enthousiasme de Deschamps pour un club qui a frôlé la descente l’an passé avec le même effectif. «Moi j’y ai joué cinq ans, j’ai fini meilleur passeur du championnat, j’ai marqué je ne sais pas combien de buts et je n’ai jamais été appelé. J’avais du mal à comprendre mais c’était une époque où il ne suffisait pas d’être en forme pour jouer en sélection.» Une époque, aussi, où l’équipe de France faisait partie des meilleurs du monde, ce qui doit bien avoir un rapport avec les clubs où elle se fournit. «Le niveau des Bleus, ce n’est pas celui de Newcastle, défend Arribart. Et puis si ça peut paraître étonnant de se servir dans une équipe moyenne, individuellement, c’est pertinent.»

«Ça veut dire qu’il manque des piliers en sélection»

Cabaye? «A son meilleur niveau, il est indiscutable.» Sissoko? «C’est l’un des meilleurs box-to-box d’Angleterre.» Rémy? «Il a retrouvé l’efficacité [cinq buts].» Pour Debuchy, on cherche encore mais l’ancien Lillois, parfois en grande difficulté en Premier League, évolue à un poste où le réservoir est faible. Quand à Yanga-Mbiwa et Ben Arfa, ils sont un peu en retrait, mais une bonne période peut vite les faire revenir dans les petits papiers de Didier Deschamps. Si bien que l’idée de voir les Bleus jouer les barrages –et la Coupe du monde, sait-on jamais- avec cinq joueurs d’une équipe de milieu de tableau de Premier League ne doit pas être totalement écartée.

Pour le bien de l’équipe de France, c’est une autre affaire. «On peut très bien être demi-finalistes d’un Mondial avec eux, c’est la magie du foot anglais», positive Arribart. «C’est vrai qu’ils se connaissent bien et que ça peut rendre service, nuance Robert. Mais ça veut dire qu’il manque des piliers. Avant, il y avait des joueurs d’une autre carrure.» Qui n’auraient jamais joué chez les Magpies, cela va sans dire.