L'ancien préparateur physique du PSG Raphaël Fèvre «n'a jamais eu la sensation d’être avec des stars»
FOOTBALL – Il est à la recherche d’un emploi…Romain Baheux
De 2009 à 2012, il a été le préparateur physique principal du PSG. D’Antoine Kombouaré à Carlo Ancelotti, Raphaël Fèvre a vécu de l’intérieur la mutation du club. Sans emploi après un passage à Brest et dans l’équipe nationale d’Oman la saison dernière, le préparateur physique participait cette semaine à un stage de l’Union nationale des entraîneurs et cadres techniques professionnels du football (Unecatef). L’occasion d’évoquer sa situation et de revenir sur son expérience au sein du club parisien, déjà fréquenté entre 1999 et 2005.
Comment vivez-vous votre période de chômage?
Ce n’est jamais simple. Je me suis positionné sur ce stage car je ne voulais pas rester à me morfondre chez moi. Se retrouver avec d’autres techniciens me permet de me dire que je dois rester concentré et continuer de progresser pour retrouver du boulot. Pour l’instant, je ne le vis pas mal mais plus le temps va avancer, plus ça va devenir délicat. J’aime la vie de groupe, m’occuper des joueurs et développer des relations avec eux. Je suis heureux avec ma famille mais j’en ai besoin. Tu te dis que cette période d’arrêt va permettre de te remettre en question mais finalement, le manque est trop important.
Revenons à votre passage au PSG. Quand les investisseurs qataris sont arrivés, aviez-vous conscience d’être menacé?
On a très vite senti que la pression n’était pas la même. L’attente, surtout vis-à-vis d’Antoine Kombouaré, était différente. On sentait que la saison allait être compliquée mais on essayait de l’occulter. Antoine protège énormément son staff des aspects extérieurs. Tous les petits couacs qu’il pouvait y avoir, il ne nous en parlait pas.
Comment avez-vous vécu son départ?
Il nous a annoncé qu’il partait le midi avant le match contre Saint-Etienne (en décembre 2011). Finalement, on gagne, on est leaders à la trêve et je me dis qu’il va peut-être pouvoir rester. Mais au moment de monter dans le bus après le match, je vois Leonardo prendre Antoine par le bras et je me dis qu’on n’aura pas cette chance-là.
Pensiez-vous être également débarqué lors de la trêve hivernale?
Oui, je commençais à chercher ailleurs. Finalement, Leonardo me convoque et me dit «tu dois voir Carlo Ancelotti et Giovanni Mauri (le préparateur physique et ami de Carlo Ancelotti). Je les vois, j’appelle Antoine et je lui dis que je pense partir. «Non, reste bosser avec Carlo Ancelotti, ça sera une très bonne expérience pour toi», me dit-il.
Comment s’est passée la cohabitation avec Giovanni Mauri, le nouveau préparateur physique principal?
Les rapports étaient compliqués. A la fin, je ne faisais que poser et enlever les coupelles à l’entraînement. C’est une histoire de personnes, son attitude ne me plaisait pas et je lui ai clairement fait comprendre. Il n’avait pas vraiment de méthode. Devant, les joueurs, je n’ai rien montré. Quand ils me disaient que Mauri faisait n’importe quoi, je le défendais. Il avait un problème avec les Français, il avait cette image de joueurs fainéants. A la fin de la saison, Carlo Ancelotti me propose de rester une année supplémentaire. Je lui ai dit que je souhaitais avoir un vrai rôle et il m’a fait comprendre que ça serait compliqué. On en est donc restés là.
Quel souvenir gardez-vous de cette période?
Rien de négatif. Le PSG reste mon club, je suis Parisien d’origine. J’ai vécu une expérience magnifique avec Carlo Ancelotti. En-dehors d’être un très bon entraîneur, c’est humainement l’une des personnes les plus fortes que j’ai rencontrées. Il est formidable avec les gens, du petit mec qui lui amène ses papiers au président du club. Même avec le recul, je souhaiterais revivre cette expérience.
Comment étaient les rapports entre les joueurs lors de cette saison?
Il y avait une petite coupure, qui n’existe plus maintenant, entre les Français et les étrangers. L’année suivante, Ancelotti a réussi à créer un vrai groupe et à mélanger tout le monde. La scission n’était pas exacerbée. Les Français faisaient des soirées, invitaient les étrangers mais ces derniers ne venaient pas. Les débuts ont été compliqués.
Certains joueurs étrangers arrivés en cours de saison comme Alex ou Thiago Motta avaient-ils des exigences particulières?
Je n’ai jamais eu la sensation d’être avec des stars. Ils n’ont jamais fait sentir qu’ils venaient de tels ou tels clubs, qu’ils avaient tel ou tel palmarès… L’image que le public peut avoir des joueurs n’est pas forcément celle que l’on a à l’intérieur. Ils sont venus avec beaucoup de simplicité.
Etes-vous resté en contacts avec certains joueurs?
J’ai des relations particulières avec certains joueurs comme Mamadou Sakho que j’ai connu très jeune. Cet été, avant son départ à Liverpool, on a échangé par texto. Avec les autres, on ne s’appelle pas régulièrement mais on a toujours plaisir à se recroiser sur les terrains. Quand le PSG est venu à Brest la saison dernière, tous les joueurs sont venus me voir et ont eu un petit mot gentil.
Où souhaiteriez-vous travailler maintenant?
Je n’accepterai pas n’importe quoi. Je veux un vrai projet, une structure qui a envie de progresser. Si c’est en France, ça serait parfait mais je n’aurai aucun souci à partir travailler à l’étranger. Je suis ouvert à tout.