Philippe Bergeroo: «Garçons, filles, pour moi, c’est le même football»
FOOTBALL – Le nouveau sélectionneur de l’équipe de France féminine effectue ses débuts vendredi soir contre le Kazakhstan…Propos recueillis par Romain Scotto
Il y a deux mois, la défaite des Bleues à l’Euro en quart de finale mettait fin à l’ère Bruno Bini, à la tête de la sélection depuis 2007. Pour décrocher enfin une médaille en compétition officielle, le président de la fédération a fait appel à Philippe Bergeroo, cadre de la FFF où il a occupé plusieurs postes de sélectionneur de jeunes. Mais toujours chez les hommes. Avant d’effectuer ses débuts contre le Kazakhstan, vendredi en qualifications du Mondial 2015, l’ancien coach du PSG dévoile son projet.
Avez-vous été surpris qu’on fasse appel à vous pour ce poste?
Il y a encore un mois, je n’étais pas au courant de cet appel du pied du président. J’étais avec ma sélection des moins de 19 ans. J’avais un championnat d’Europe à préparer. J’ai réfléchi deux jours et j’ai accepté cette mission. C’est un défi intéressant en sachant qu’il y a un très bel héritage.
Auriez-vous accepté ce poste il y a quelques années?
J’ai toujours suivi les sélections féminines depuis quatre, cinq ans. Depuis 2007, je déjeune assez souvent avec Bruno Bini. C’est vrai que je n’avais pas tellement pensé prendre une sélection féminine. Mais le projet est tellement intéressant, après mon parcours, que j’ai accepté. Sur l’ensemble, c’est quelque chose qui me relance et me permet de viser des objectifs importants.
Pensez-vous que votre expérience du haut niveau était nécessaire à cette équipe?
Je n’ai pas de projet de jeu, mais une orientation de travail. Je cherche la complémentarité des joueuses pour arriver à un jeu cohérent. J’ai de l’expérience c’est vrai, mais la première chose que je vais demander à cette équipe, c’est que les égos soient tournés vers le collectif.
Allez-vous appliquer le même management avec les filles que les garçons?
J’ai été CTR (conseiller technique régional) pendant cinq ans sur la Ligue d’Aquitaine. Donc je m’occupais de féminines. Je ne me pose pas la question de savoir si c’est du foot féminin ou masculin. C’est le même football. Garçons, filles, ce sont les mêmes entraînements. On s’entraîne deux fois par jour. On travaille sur les principes de jeu, les animations offensives et défensives. La préparation athlétique. Il n’y a pas deux footballs, mais un seul. J’ai un staff compétitif avec des gens qui ont déjà entraîné des filles, au basket ou au hand. J’ai souhaité amener de la compétence de l’extérieur. Ça ne veut pas dire qu’il n’y en avait pas dans le staff de Bruno Bini.
Alors pourquoi autant de changements dans le staff?
J’ai toujours fait cela. Ce n’est pas toujours facile. J’ai fait passer le DEPF (diplôme d’entraîneur) à Corinne Diacre, je suis son formateur, et ne l’ai pas gardée dans le staff. J’ai été joueur, c’est comme ça, quand on repart sur une nouvelle aventure, on ne garde pas les gens qui étaient en place.
Y a-t-il eu une passe d’arme avec Bruno Bini?
Je lui ai envoyé un message, il m’a répondu en me disant qu’il me remerciait pour ce que j’avais fait depuis 2007. Il m’a souhaité bonne chance. Avant de voir les joueuses, je ne leur ai pas parlé. Moi je ne suis pas un entraîneur qui a la «réunionite». Je préfère les voir de manière informelle à l’entraînement plutôt que dans des bureaux.
Vous avez reconduit la même sélection que votre prédécesseur pour vos débuts…
Il n’y a pratiquement pas de changements. J’ai été très touché par la fin du match contre le Danemark (à l’Euro). J’ai vu ces joueuses tellement frustrées, échouer tout près d’une médaille. On a une page à écrire ensemble. C’est le moment. Il faut préparer l’avenir et je ne suis pas inquiet pour le football féminin français. Ce qui arrive est assez extraordinaire. Les objectifs sont clairs. Il faut se qualifier pour la Coupe du monde et décrocher une médaille. Ne pas y parvenir serait un échec et il faudrait en tirer des conclusions.