De notre envoyé spécial à Saint-Sébastien,

C’est la question qui revient inlassablement lorsque l’on parle de lui. Pourquoi Antoine Griezmann, 22 ans, qui fait les beaux jours de la Real Sociedad depuis quatre ans, a échappé aux recruteurs français? Et particulièrement à ceux de Lyon, puisqu’il est originaire de Mâcon, à quelques kilomètres du Rhône? Une question qui prend tout son sens depuis une semaine, puisque le jeune gaucher a marqué un but magnifique au match aller des barrages de Ligue des Champions à Lyon (0-2) et qu’il promet de tourmenter au moins autant Miguel Lopes mercredi au retour.

«Dans le cas d’Antoine, on peut peut-être se mordre les doigts»

«Ceux qui l’ont vu lorsqu’il était au club à l’âge de 12-13 ans reconnaissent que c’était déjà un très bon joueur plein de qualités, raconte Rémi Garde, le coach de l’OL, présent au club à cette époque. Son parcours chez nous, on s’est déjà expliqué là-dessus. Tout le monde avait vu qu’il avait beaucoup de qualités mais la politique du club, c’était que les joueurs qui venaient en dehors du département du Rhône, il fallait qu’ils fassent l’unanimité pour qu’on les garde. Sinon, on privilégiait des jeunes du Rhône. Dans le cas d’Antoine, on peut peut-être se mordre les doigts, mais on peut se dire aussi qu’on n’en a pas loupé d’autres…»

Qu’il ne vienne pas du Rhône, à la Real Sociedad, où on privilégie pourtant les Basques, on s’en moque. Repéré lors d’un tournoi alors qu’il avait 15 ans, Griezmann a intégré le centre de formation pour sortir avec les pros trois ans plus tard. «Et c’est aujourd’hui l’un des cinq meilleurs joueurs du club, estime Joseba Iturria, qui suit la Real Sociedad au quotidien pour le journal basque, Gara. C’est sa quatrième saison ici et il est indispensable à l’équipe. Le club avait recruté l’Uruguayen Chori Castro l’année dernière mais il ne joue pas car Griezmann est meilleur.»

Il devrait jouer sa dernière saison à la Real

«Il est très dynamique et très fort dans les espaces, complète son coéquipier à la Real Sociedad, David Zurutuza. Et puis surtout, il joue très simple. Le plus difficile dans le football, c’est de jouer simple et bien lui, il sait le faire. En plus, il fait beaucoup de mal aux défenses, il est très technique et très redoutable… il sait marquer… En fait, il sait tout faire.» Apprécié de ses coéquipiers, Griezmann l’est aussi de son public qui a oublié ses envies de partir lors de l’été 2011. Son fameux, «je veux aller à l’Atletico» avait été très mal vécu et le joueur avait eu quelques mois difficiles. «Ici, on a compris qu’il voulait partir mais on n’aime pas l’Atletico, explique Joseba Iturria. Maintenant, tout le monde est bien avec lui, on a oublié.»

S’il est plus connu en France pour sa virée nocturne avec les espoirs à l’automne dernier, qui lui a d’ailleurs valu une suspension d’un an des sélections tricolores, son histoire n’a pas fait de vagues dans le Pays Basque. «Le club est même content qu’il ne joue plus en sélection, sourit Iturria. Comme ça, il est plus disponible et se montre moins. Plus il est discret, moins les clubs s’intéressent à lui.» Une douce illusion pour le club basque qui devra s’attendre à perdre son dynamiteur l’été prochain. Le joueur a déjà confié à son entourage qu’il comptait partir à la fin de la saison. Mais avant, il éliminerait bien son club de cœur, celui qui l’a recalé, l’OL, pour jouer une Ligue des Champions avec son club formateur.