Moutinho, James Rodriguez et bientôt Falcao, en attendant Valdès ou Coentrao. Le marché des transferts n’est pas encore officiellement ouvert que le Monaco de Dmitry Rybolovlev a déjà ringardisé le PSG des Qataris. A peine revenu de l’enfer de la L2 et privé de Coupe d’Europe pour au moins une année supplémentaire, l’ASM réalise un mercato bluffant. Pourquoi, quand, comment: on décrypte.

L’argent de l’actionnaire

Si le transfert de Falcao se conclut aux alentours de 45 millions d’euros, comme le laisse entendre la presse espagnole mercredi, Monaco aura déjà posé 115 millions d’euros sur la table. Le record parisien de 145 millions dépensés l’été dernier a du souci à se faire. Tout comme les mastodontes habituels des grands championnats. «Aujourd’hui le football européen est en crise, explique Christophe Hutteau, agent bien introduit en L1. Quel club a la surface financière pour se payer Falcao et investir autant?» Au hasard, le PSG, City, ou Chelsea, un temps très intéressé par le Colombien? «S’ils l’avaient vraiment voulu, peut-être, rétorque Hutteau. Mais alors ils auront été devancés par la rapidité des dirigeants monégasques et leur capacité à sortir autant d’argent en si peu de temps…»

L’image de marque de la Principauté

«Surpris? Pourquoi je serais surpris par le mercato de l’ASM?» Fabrice Poullain a été directeur sportif du club monégasque entre 2005 et 2006. Et n’est pas étonné un instant par les arrivées de Moutinho ou Carvalho. «Quand je devais vendre le club à un étranger, ce n’était pas bien difficile. On s’appuie sur l’image positive de la région. Le soleil, la mer, mais aussi le cadre luxueux et la sécurité, très importante pour la vie de famille.» Bref, une qualité de vie inégalable, y compris en comparant avec Paris, qui doit en plus payer des salaires trois fois plus élevés en raison des fameux avantages fiscaux dont bénéficie Monaco.

Autant d’avantages qui ont séduit en leur temps des Klinsmann, Weah ou Morientes. Reste le problème du stade à moitié vide à domicile, encore que. «Quand on jouait la C1, ça venait de toute la Côté d’Azur, du Var et même d’Italie, juge Poullain. Le stade sera plein, je ne me fais aucun souci là-dessus.»

Le rôle de Jorge Mendes

Ricardo Carvalho, Falcao, James Rodriguez et Moutinho ont tous un point commun. Ils sont cornaqués par Jorge Mendes, le plus célèbre des agents du milieu. Lequel a visiblement décidé de faire de Monaco un grand club européen à lui tout seul. «C’est un peu exagéré de le présenter comme ça, rigole Hutteau. Ce que fait Mendes est impressionnant, mais je ne crois pas que ce soit une stratégie délibérée de la part de Rybolovlev de travailler exclusivement avec lui.»

«Ce n’est pas comme ça que ça marche confirme Poullain. Monaco a ciblé des joueurs, pas l’agent qui va avec». Pourtant, on attend toujours la première arrivée d’un joueur non estampillé Mendes, et français si possible. Ce qui n’est pas prêt d’arriver selon Hutteau, l’agent de Mathieu Valbeuna. «Un joueur français coûte aussi cher à l’ASM qu’au PSG. Et puis le conflit ouvert avec la Ligue fait que les Russes n’ont certainement pas envie de faire une fleur à la L1.» Laquelle en aurait pourtant bien besoin.