Barcelone-PSG: Le Camp Nou en mal d'ambiance

Barcelone-PSG: Le Camp Nou en mal d'ambiance

FOOTBALL – Le stade le plus grand d'Europe est aussi celui où il y a le moins de pression sur l’équipe adverse...
Julien Laloye

Julien Laloye

De notre envoyé spécial à Barcelone (Espagne)

Mercredi soir, le Grand théâtre du Liceu, l’institution barcelonaise qui trône fièrement au milieu des Ramblas, n’a pas prévu de représentation. Les amateurs de théâtre pourront donc se rendre au Camp Nou sans état d’âme. Avec un peu de chance, ils se lèveront une fois pour entonner l’hymne du club, applaudiront poliment deux ou trois séances de conservation de balle bien léchées, et réserveront une standing ovation aux joueurs blaugranas pour fêter leur sixième qualification de rang en demi-finale de C1 avant de rentrer sagement à la maison

«40% de touristes chaque week-end»

Le Camp Nou a beau être le stade le plus impressionnant d’Europe (90.000 places), les socios catalans sont loin d’être les supporters les plus acharnés. «C’est sûr qu’au niveau du public ce ne sont pas des ultras, raconte le Français de Majorque Michaël Pereira, (re)venu visiter les lieux le week-end dernier. C’est une accumulation de gens, c’est pas forcément dangereux. Ils viennent regarder le match, ce sont des privilégiés. Il y a 40% de touristes, c’est ça chaque week-end». Quand le milieu formé en région parisienne parle de touristes, il faut le prendre au sens littéral du terme. Lors de chaque match de Liga à Barcelone, des cohortes d’Anglais alcoolisés et de fans japonais vêtus du maillot de Lionel Messi envahissent les gradins du Camp Nou comme le premier Sacré-Cœur venu, grâce à la générosité de «socios» trop blasés pour se coltiner un Barça-Getafe. Ceux qui continuent à venir le font presque discrètement, en famille et les écouteurs dans les oreilles pour suivre aussi le match à la radio, une tradition locale.

Un mélange qui fait du public du Barça «l’un des pires au monde», se désole Marc, membre de la penya almogavers, l’une des plus actives, depuis 1990. «Les gens qui viennent au stade ne s’impliquent pas dans l’animation. Ils attendent que l’équipe gagne, et en plus qu’elle joue bien. C’est les premiers à critiquer quand ça ne va pas mais c’est tout. Il faudrait renouveler une partie du public». Le problème, c’est qu’un carnet de «socio» et une place au Camp Nou se paient de plus en plus cher. Devant la popularité croissante du «mes que un club» -plus de 160.000 socios revendiqués à ce jour- le président Sandro Rosell a fermé les vannes. Il faut désormais attendre sept ans minimum pour prétendre à une place à l’année au stade, en plus d’être prêt à débourser une fortune. «Je vais payer 90 euros pour assister au match contre le PSG en plus de mon abonnement annuel, raconte Marc, qui a hérité du statut de socio grâce à son père. C’est une somme considérable avec la crise qu’il y a ici. C’est très compliqué de devenir socio du Barça, donc la moyenne d’âge du public est de plus en plus haute.»

«Le public de Ligue des champions est différent»

Le club a bien essayé récemment d’encourager le soutien populaire en bradant quelques dizaines de places derrière les buts, mais le projet est tombé à l’eau après que la presse a éventé l’existence d’un pacte incluant les Boixios Nois, le seul groupe d’ultras du club depuis longtemps interdit de présence au Camp Nou. Marc et une dizaine d’autres penyas ont riposté par une grève des animations…en championnat seulement. Car quand arrivent les «grandes soirées européennes», le public catalan est encore capable de faire (un peu) peur à l’équipe adverse. «Le public de Ligue des champions est différent. Là les gens sont capables de transmettre quelque chose à l’équipe, surtout quand il faut remonter un score défavorable comme face à Milan», certifie Marc. Cela en deviendrait presque dommage que le Barça soit qualifié au coup d’envoi…