Affaire Labrune-Diouf: L'origine d'un conflit à l'OM
FOOTBALL•Collaborateurs au club avant 2009, les deux hommes avaient du mal à travailler ensemble...Romain Scotto
Labrune est «un peureux et une girouette», Pape Diouf est un «mythomane et un mégalomane». Depuis deux jours, les mots doux fusent dans tous les sens entre un ancien président de l’OM rancunier, très incisif dans son autobiographie, et l’actuel patron du club, furieux que sa gestion puisse être remise en cause par un ancien de la maison. Jusque-là, un pacte de non-agression était respecté entre les deux hommes. L’OM avait d’ailleurs acheté le silence de Pape Diouf en lui versant une indemnité conséquente à son départ. Mais la parution du livre de Diouf, suivie d’un publi-communiqué de Labrune dans L’Equipe, ont transformé cette guerre froide en prise de bec publique.
L’origine du conflit remonte pourtant à l’époque où Labrune et Diouf travaillaient ensemble à l’OM entre 2006 et 2009. En tant que conseiller en communication de l’actionnaire, Robert Louis Dreyfus, Labrune côtoyait d’abord Diouf à distance, dans un climat relativement pacifié, indique un ancien collaborateur au club préférant rester discret. «Quand Labrune lui a été présenté et qu’il était dans ce rôle de conseiller, il n’y a pas eu de conflit. La relation était professionnelle, correcte et saine. Ils arrivaient à travailler ensemble.»
Diouf était devenu gênant
Les relations se sont sérieusement détériorées quand l’homme de confiance de Robert Louis-Dreyfus a pris la tête du conseil de surveillance de l’OM en 2008. Souvent irritable et agressif, Labrune avait la tendance à remettre en cause les compétences professionnelles des cadres du club, indique ce même ex-salarié. «Avec lui, c’était toujours: Vous faites n’importe quoi. Au bout d’un moment, le ton monte. Avec Pape Diouf comme avec d’autres collaborateurs. Quand en plus on n’est pas d’accord avec lui, on en vient à des propos plus excessifs.»
Autre point d’accroche, le mode de communication de Labrune, un homme qui parlait beaucoup plus en «off» qu’en son nom. Ces derniers jours encore, c’est ce que Diouf reprochait à son successeur. «Dans ses propos en «off», il était toujours très critique et très dur. Evidemment ça revenait aux oreilles de Pape Diouf. Il en a eu assez de tous ces retours.» Au fil des ans, Diouf serait aussi devenu un président gênant aux yeux de l’ami de Margarita Louis-Dreyfus. Trop indépendant dans sa communication, il n’était pas un homme de mondanités et n’a jamais eu besoin de copiner avec la Ligue ou la fédé pour avancer.
En interne, il aurait suscité une forme de mépris, qui a entraîné sa chute. A son départ, jamais son bilan (trois qualifications en Ligue des champions sur trois exercices excédentaires) n’a été valorisé. La sortie de son successeur Jean-Claude Dassier, sur «la présidence à l’africaine» avait scellé le sort d’un président toujours apprécié des supporters marseillais. Les seuls à l’OM qui gardent foi en leur Pape.