Ligue Europa/Lyon: Comment Rémy Vercoutre a réussi à faire oublier Lloris
FOOTBALL•L'éternel remplaçant a fait taire les sceptiques...Julien Laloye (avec S.M. à Lyon)
Les mauvaises langues se régalaient d’avance du best-of des boulettes de Rémy Vercoutre dans le costume trop grand pour lui de gardien n°1 de l’équipe lyonnaise. Raté. Depuis qu’il a succédé à Hugo Lloris, Vercoutre n’a pas coûté un seul point à l’OL. Mieux que ça, il en a même rapporté quelques-uns, à la surprise générale. Sauf pour le principal intéressé, qui avait bien préparé son coup. Récit de la métamorphose de l’éternel n°2 en premier choix de qualité.
Une préparation digne d’un titulaire
Rémi Vercoutre n’a pas passé dix ans sur le banc des remplaçants lyonnais à se tourner les pouces, explique Gilles Rousset, entraîneur des gardiens dans le groupe Pro 2: «Durant toutes ces années où il était la doublure de Greg et de Hugo, il a continué à travailler dur et à être exigeant avec lui-même. Je voyais quelle énergie il mettait dans ses entraînements.» Une implication sans faille confirmée par Hugo Lloris dans les colonnes de L’Equipe: «C'est un gros bosseur, il a toujours cherché à me tirer vers le haut, je ne suis pas surpris de son épanouissement.» Les observateurs un peu plus, sur la foi d’un intérim mitigé en 2007, lorsque Coupet s’était blessé au genou. Faux, rétorque Rousset. «A chaque fois qu’il a été amené à jouer, il a été bon, parce qu’il était prêt. Ce n’était pas un numéro 2, mais un numéro 1 bis.»
Un joueur plus égoïste
La stat est difficilement vérifiable, mais Rémy Vercoutre doit posséder le record d’expulsions depuis un banc de touche pour un joueur de L1. Le reliquat d’années passées à faire le troisième arbitre à tort et à travers sur le bord de terrain, en plus de cimenter la vie de groupe dans le vestiaire. Un rôle que le quintuple champion de France a délaissé pour se focaliser sur sa tâche de gardien de référence: «Mon caractère est d’aller vers les autres. Mais je me dois d’être plus concentré sur moi. Je dois d’abord regarder ma partition.» Même quand le club traverse une mini-crise, comme lors des quinze derniers jours, Vercoutre ne monte plus au créneau: «Je n’ai pas de rôle particulier à tenir lorsque ça va bien ou l’inverse. Je n’ai pas envie d’être le Zorro du vestiaire.» Une sagesse toute nouvelle qui l’aide à être plus performant sur le plan individuel.
Une défense plus sûre
Hugo Lloris, qui a passé son temps à jouer les pompiers de service à Lyon, a pris avec lui son titre officieux de plus grand gardien jamais abandonné par sa défense en quittant Gerland. 14e arrière-garde de L1 l’an passé avec 51 buts encaissés, l’OL a rectifié le tir cette saison, hormis sur les deux derniers matchs. «Cette nouvelle rigueur défensive» louée par Rémi Garde, permet à Vercoutre de ne pas subir des tirs de barrage en permanence. Son talent naturel fait le reste: «Rémy est un des très bons spécialistes du poste en France, rappelle Gilles Rousset. Il est juste sous-coté parce qu’il a peu joué.» Les supporters lyonnais qui ont découvert le phénomène un soir d’avril 2002, quand Vercoutre avait presque coûté son premier titre à l’OL en sortant un match d’extraterrestre avec Montpellier, ne diront pas le contraire.