La superstition, la vraie star du Dakar 2013
RALLYE•Rares sont les concurrents qui n'emportent pas quelque chose avec eux pour se porter chance...Antoine Maes
De notre envoyé spécial à Pisco (Pérou),
Quand on y regarde de près, il y a toujours un petit détail. Entre le GPS, pas mal de fils et tout le barda, les concurrents du Dakar ont souvent une petite place dans leur voiture ou sur leur moto pour des objets qui n’ont absolument rien à voir avec le matériel dont ils ont besoin pour boucler les étapes. Ce sont des petites peluches, des mots des proches ou des photos, et sans eux, certains ne prendraient même pas le départ. Car c’est le devoir de superstition qui impose au gros de la troupe un comportement totalement irrationnel. «Tous les petits trucs sont bons à prendre», assure le pilote moto Gilles Gard.
Lui a emporté un petit cheval en peluche offert par sa compagne. «C’est sentimental, mais il a aussi résisté à tous: aux intempéries, à la poussière… Dans les moments compliqués, ça permet d’avoir la petite pensée réconfortante vers la personne qui te la donné», explique celui qui avant chaque édition part aussi faire le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle avec sa moto. Certains sont allés beaucoup plus loin. La légende raconte qu’un David Frétigné n’a plus lâché la paire de bottes qui l’avait emmené sur le podium du Dakar moto. Ou que Jean-Louis Schlesser interdisait l’accès de son buggy aux personnes habillées de vert. Cette année, Stéphane Peterhansel a préféré le numéro 300 du tenant du titre à Nasser Al-Attiyah.
«Certains vont même jusqu’à garder le même caleçon sur des spéciales»
«Certains vont même jusqu’à garder le même caleçon sur des spéciales», assure le pilote auto Laurent Fouquet. Lui n’emmène plus rien depuis qu’il a constaté qu’à chaque fois qu’il emmenait un grigri, «je partais en cavalcade». En soi, c’est déjà une superstition. Son copilote, Bruno Bouey, a tout de même eu l’autorisation d’emporter les siens: un scoubidou fabriqué par sa fille et une peluche offerte par ses collègues, «mais ça reste gentillet». Parfois, la superstition va même tout de même un peu plus loin.
Si le Mitsubishi arbore un petit singe du côté du co-pilote, Thierry Latorre, «c’est parce qu’avec lui, j’ai fini le Dakar 2007 et une transafricaine.» Mais sur le toit du véhicule, il y a aussi deux portraits. «Celui de mon fils, qu’on m’a enlevé il y a neuf ans. Et celui de mon meilleur ami, qui est parti il y a sept mois», raconte Bernard Chaubet. Des présences en plus qui lui assurent «une force supplémentaire» en cas de coups durs.