La rougeole s'est refait une santé
EPIDEMIE•L'an dernier, la maladie a touché 15.000 personnes en France. Six en sont décédées...Delphine Bancaud
On ne parlait plus d'elle, mais en 2011, elle a fait un retour en force. L'an dernier, la rougeole a atteint 15.000 personnes en France, dont 16 ont présenté une complication neurologique, 650 une pneumopathie et 6 sont décédées. «En décembre 2011, 125 cas de rougeole ont été déclarés et on s'attend à peu près au même nombre en janvier 2012, ce qui signifie que l'épidémie continue», prévient Denise Antona, médecin épidémiologiste à l'Institut de veille sanitaire (INVS).
Une maladie qui préoccupe d'autant plus les médecins qu'elle se transmet très facilement. «Le patient est contagieux cinq jours avant l'éruption cutanée et cinq jours après. Et il peut contaminer de 15 à 20 personnes», explique Christine Jestin, responsable du pôle maladies infectieuses à l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES).
Les 15-30 ans à risque
Les raisons de cette recrudescence? «C'est la conséquence d'un niveau insuffisant de couverture vaccinale», soutient Christine Jestin. Car même si la vaccination contre la rougeole est recommandée depuis 1983, une partie des enfants nés depuis cette date n'ont pas été vaccinés. «On peut estimer que 10 à 15% des membres de chaque classe d'âge ne sont pas protégés. De plus, la couverture vaccinale dans certaines régions comme le Sud-Est est encore très insuffisante», estime Denise Antona, de l'INVS.
Certains enfants n'ont pas été protégés car leurs parents se méfiaient du vaccin. «Par ailleurs, certains n'ont reçu qu'une dose de vaccin, alors que deux sont nécessaires pour être protégés», explique Christine Jestin. Conséquence: la population des 15-30 ans est aujourd'hui la plus à risque. «Des campagnes d'information à partir de 2010 ont tenté de capter cette classe d'âge. Mais il faut continuer», indique Denise Antona.
Reste que beaucoup d'adultes ont perdu leur carnet de vaccination et ignorent s'ils sont protégés ou pas. D'où leur réticence à se faire piquer. «Pourtant, il n'y a pas de risque à recevoir une dose de vaccin complémentaire, même en cas de vaccination antérieure», rassure Denise Antona.