Charles Trenet: Un héritage contesté
JUSTICE•Dix ans que le chanteur est mort. Et son héritage est réclamé par quatre personnes: le neveu, la demi-sœur, l'ex-secrétaire particulier, et un prétendu fils caché…C.P.
Mais où est Hercule Poirot? Il faudrait bien un enquêteur au moins aussi talentueux pour fouiller dans les méandres de l’héritage de Charles Trenet. Le chanteur est mort en février 2001, mais sa succession n’est toujours pas close. Pas tant que le tribunal de Créteil (Val-de-Marne) n’aura pas décidé qui de l’ex-secrétaire particulier, du neveu, de la demi-sœur, ou même du prétendu fils caché venu du Canada, recevra le pactole. Et cette décision doit tomber mardi 20 septembre. Il aura fallu une décennie.
Testament contesté
L’unique héritier dans le testament de Charles Trenet est son ancien secrétaire particulier, Georges El Assidi. Il est son légataire universel. Mais aux yeux de Wulfran (le neveu) et de Lucienne Trenet (la belle-fille) c’est un escroc. Ils ont dénoncé une tentative de «captation d’héritage», accusé l’ancien secrétaire d’avoir profité de la faiblesse de Trenet vieillissant. Et ont été rejoints par un Québécois de 61 ans, Michel Paradis, qui affirme être né d'une liaison que Charles Trenet a eue au Québec.
Après plusieurs plaintes infructueuses au pénal, c’est dans l’action civile que le tribunal de Créteil doit se prononcer le 20 septembre. Les plaignants demandent l’annulation du testament rédigé par Charles Trenet en 1999, estimant qu’il n’était plus alors en possession de ses moyens, et qu’il a été abusé par Georges El Assid.
L’avocate d’El Assidi rappelle que «M. El Assidi a partagé pendant 20 ans le quotidien du poète» et avance: «C’était le choix de M. Trenet d’en faire son héritier», soulignant que les précédentes procédures engagées contre son client n’ont jamais abouti.
Procédure à tiroirs
Selon le testament, Georges El Assidi a les droits sur l’intégralité des œuvres du «fou chantant» et différents biens immobiliers… Mais ces biens sont justement l’objet d’un autre contentieux juridique. En 2006, Georges El Assidi a cédé à la société danoise Nest la gestion de l’héritage. Le contrat promettait 1,5 million d’euros à l’héritier – mais Nest ne verse rien. (Même si les chansons de Trenet rapportent à la société 700.000 euros par an). «Nous devons d’abord savoir qui est l’héritier», jugent les avocats de Nest.
Pour ce qui est de l’héritage physique, pas mieux. L’une des deux maisons du chanteur sur les hauteurs du Cap d’Antibes (Alpes-Maritimes), «le Paquebot», a été cédée à une banque et doit être vendue aux enchères le 26 mai sur la base de 1,5 million d’euros. Mais elle ne trouvera peut-être pas preneur et le locataire actuel, un ancien conseiller fiscal du chanteur, dispose d’un bail de cinq ans…
Georges El Assidi, qui vit actuellement du RSA, en HLM, sera fixé mardi sur son sort.